Chronique ordinaire des jours extraordinaires - 4 mai (2)
Paru dans Scolaire le lundi 04 mai 2020.
F., proviseure d'une cité scolaire
Lundi 4 mai
Le protocole sanitaire de réouverture des établissements secondaires est sorti, dans sa forme définitive ce jour.
Circulaire relative à la réouverture des écoles et établissements et au conditions de poursuite des apprentissages de ce jour aussi.
Des dizaines de pages de consignes, précises, claires mais qui s’empilent, s’empilent. Et nous…nous nous retrouvons confrontés à des inconnues encore et encore : puisque nous sommes en zone rouge, cela veut-il dire que la question de l’ouverture du collège ne se posera pas avant le 25 mai sauf si notre département change de couleur avant le 7 mai ? Et avec qui ? Quels élèves ? Combien ? Quels enseignants ? Quels personnels ? …
De toutes façons, partout, s’élèvent les voix des responsables locaux et territoriaux qui ne veulent pas endosser la responsabilité de la réouverture de l‘école communale ni du collège dans le temps même où bon nombre de pays européens reprennent justement le chemin de l’école. Auxquelles s‘ajoutent celles des personnels de direction (voix syndicale) et des enseignants dans le même refus : tous réclament des certitudes, impossibles à donner !
Si les directeurs de CHU, les chefs de services médicaux, avaient refusé d’ouvrir leurs services parce qu’ils n’avaient pas le matériel adéquat en nombre suffisant, où en serions-nous actuellement ?
La solidarité se décline chaque soir à 20 h en applaudissements (qui semblent eux aussi se tarir) et puis … rien. Tout le monde s’arcboute sur le besoin de certitudes sanitaires et se retrouve comme samedi après-midi sur les trottoirs pour papoter, laisser les enfants jouer ensemble, vivre quoi ! Je n’y comprends plus rien : d’un côté un discours médiatique et gouvernemental alarmant ( voire parfois alarmiste), d’un autre, des syndicats, des instances alarmées (ou faisant comme si), d’un autre encore (mais peut-être regroupant les mêmes ) des individus individualistes dont les enfants ont besoin de courir, jouer à l’extérieur, se faire du bien au mépris des règles élémentaires de distanciation.
Et si ? Et si on se mettait à devenir adulte responsable de soi et des autres, sans agressivité ni amertume, juste responsable ? Ensemble ?