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Chronique ordinaire des jours extraordinaires - 4 mai

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 04 mai 2020.

J-B, directeur national d’un réseau associatif (jour 45)

Cet après-midi ma femme a assisté, en tant que parents d’élèves, à une réunion organisée par la mairie concernant la reprise de l’école, bien évidement à distance. Réunion complexe : entre des parents très inquiets qui souhaitent que les écoles restent fermées, entre ceux qui sont obligés de reprendre le travail et qui souhaiteraient que leurs enfants soient pris en charge de 7h30 à 18h, entre ceux qui sont inquiets pour la réussite scolaire de leurs enfants, entre ceux qui souhaitent que leurs enfants renouent de vrais liens sociaux avec leurs camarades… Il est difficile de satisfaire tout le monde. En même temps faut-il satisfaire tout le monde ?

Je suis complètement d’accord avec le fait qu’il est important de permettre à des enfants en situation de décrochage de renouer avec les apprentissages. C’est essentiel. La question de la garde d’enfants, pour moi est complètement secondaire.

À la fin de la réunion, la maire de notre ville m’appelle. Elle me fait part de ses inquiétudes, et, d’après elle, de l’illusion de permettre à des enfants, dans un temps périscolaire, de respecter les distances physiques nécessaires pour respecter les gestes barrière. Elle me dit également que ce n’est pas à elle de se mobiliser pour mettre en œuvre les décisions du gouvernement. Il y a ce qui relève de la compétence nationale, ce qui relève de la compétence métropolitaine, ce qui relève de la compétence municipale. De fil en aiguille, je lui fais part de l’importance de permettre à des enfants, qui en ont réellement besoin, de revenir à l’école. Nous sommes d’accord tous les deux sur le fait qu’il est "inhumain" de laisser un enfant toute une journée sur une chaise scolaire, y compris pendant le temps de repas. Je lui conseille de négocier avec l’Education nationale pour accueillir une dizaine d’enfants maximum par classe le matin, pendant trois heures. Puis d’en accueillir 10 autres l’après-midi. La mairie garantissant, un nettoyage complet et satisfaisant entre les deux groupes. Trois heures, avec un enseignant.e, au sein d’un petit groupe, peut permettre réellement de favoriser les apprentissages scolaires. Je lui glisse aussi à l’oreille qu’elle peut préparer des paniers repas, afin de permettre aux enfants, dont les parents en auraient fait la demande, d’avoir un repas équilibré à amener à la maison ; pour ceux du groupe du matin. Il est sûr que cette proposition ne satisfera pas le besoin de "garderie nationale". Mais à ce stade, ce n’est pas ce dont la France a besoin. Par contre il y a un réel besoin de (re)faire du lien, de mettre en place des accompagnements permettant la réussite scolaire du plus grand nombre.

Elle m’indique également son inquiétude pour les ACM de cet été, je lui dis qu’il faut attendre les annonces gouvernementales, et que notre réseau est en train de créer un fichier permettant à des enfants d’apprendre les gestes barrière, et de préparer des listes d’activités respectant les gestes barrière. Je lui précise également que notre réseau sera en capacité de former à distance des animateur.e.s sur ces points essentiels, qui pourront permettre une réouverture de centres de loisirs et de colos dans des conditions sanitaires, mais aussi de sécurité affective, satisfaisantes ; permettant un réel vivre ensemble, certes adapté, mais de qualité.

J-B, directeur national d’un réseau associatif (jour 46 – 47 - 48)

En premier mais un point un peu particulier, comment manifester le droit des travailleurs, comment manifester le maintien des acquis sociaux, comment sentir une appartenance à un groupe de personnes partageant les mêmes valeurs : L’humain avant le capital.

Nous décidons d’en parler en famille, d’expliquer les grandes grèves de Chicago, de Fourmies en France… Nous décidons également de mettre sur notre terrasse un grand drapeau rouge.

Lundi à 14h démarre donc la formation à distance dont je parle depuis quelques temps dans cette chronique. Je passe donc une longue partie de ce week-end à fignoler sa préparation.

Une formation à distance demande beaucoup de préparation, l’ensemble des documents doit être prêt, les consignes doivent être écrites et claires. Il ne me sera pas possible de vérifier, avec des feed-back du groupe, si elles sont compréhensibles.

Un des principes forts de l’Education nouvelle est la dialectique individu/groupe. Il s’agit qu’aucune de ces deux entités ne prennent le pas l’une sur l’autre. Le concept de dialectique ne veut pas dire qu’elles soient situées sur un continuum, à une égale distance l’une de l’autre. Mais plutôt qu’elles se nourrissent, et qu’en fonction de la situation, il y ait un travail plus important sur l’individu, ou sur le groupe. Le temps accordé à l’autre peut même évoluer en cours de formation. Il y aura donc, dans cette formation des temps en visioconférence en collectif, des travaux en sous-groupes (en visio ou au téléphone) et des travaux individuels qui donneront lieu à des synthèses qui seront accessibles à l’ensemble des membres en formation.

J’ai écrit à l’ensemble des stagiaires, pour leur expliquer les grands enjeux de cette formation, mais aussi donner le rendez-vous de lundi (ouverture de la formation).

Mes principales inquiétudes sont techniques : chacun pourra t il, se connecter, est ce que le réseau ne sera pas trop saturé ?

Un avantage de cette formation : l’ensemble des membres du réseau peut y assister, les membres des associations de l’hexagone mais aussi des associations ultra-marines. Les rendez-vous collectifs auront donc lieu l’après-midi.

 

 

 

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