Scolaire » Actualité

Réouverture : "L’enjeu, c’est la confiance" (B. Studer, interview exclusive)

Paru dans Scolaire le mercredi 22 avril 2020.

Jean-Michel Blanquer a présenté hier, devant les députés de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, le cadre pour la réouverture des établissements scolaires. Bruno Studer, président de la commission, répond aux questions de ToutEduc.

ToutEduc : A votre avis, pourquoi le ministre a-t-il réservé ses premières déclarations sur le plan de réouverture des établissements scolaires à la commission des affaires culturelles et de l’éducation ?

Bruno Studer : Ça prouve qu’il n’y a pas qu’en conférence de presse qu’un ministre peut faire des annonces et privilégier l’Assemblée nationale me paraît une bonne démarche.

ToutEduc : A l’issue de l’intervention du ministre, les députés présents, à travers leurs questions, témoignaient encore d’une grande inquiétude. Qu’en pensez-vous ?

Bruno Studer : L’enjeu, c’est la confiance. Il faut jouer la carte de la transparence, dire ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas encore tout à fait. Des engagements très forts ont été pris par le ministre, à savoir qu’il y aura une doctrine sanitaire dont on peut comprendre qu’elle soit en cours d’élaboration pour l’ensemble de la société et que si ces conditions sanitaires ne sont pas réunies, l’école ne rouvrira pas. Nous constatons sur le terrain une diversité de situations selon les écoles, selon les territoires. Un rôle primordial sera donc joué localement par tous les acteurs de la communauté éducative.

ToutEduc : Il y a justement des personnels dont on parle peu, ce sont les psychologues de l’éducation nationale. N’ont-ils pas un rôle particulier à jouer ?

Bruno Studer : Si, tout à fait, je les ai d’ailleurs mentionnés et leur rôle pourra différer selon les établissements. Les élèves, on le sait bien, ont vécu très différemment le confinement selon leur situation familiale et leur propre tempérament. Certains vont en sortir angoissés et auront besoin d’être rassurés. L’éducation nationale participera activement à la normalisation, notamment psychologique, de leur quotidien.

ToutEduc : Le ministre a donc annoncé un cadrage national qui sera adapté localement, ne craignez-vous pas qu’il y ait des difficultés d’adaptation, des parents ou des enseignants qui considèrent par exemple que les conditions de sécurité ne sont pas réunies… Comment résoudre localement ces problèmes ?

Bruno Studer : C’est pour cela que je vais demander à établir une chaîne de responsabilité très claire. Cela fait néanmoins partie des choses qui n’ont pas été abordées pendant l’audition, le temps était compté et un certain nombre d’interrogations n’ont pas été soulevées. Il faut poursuivre le travail. Le ministre de l’Education nationale donne des pistes avant même que le Premier ministre n’annonce le déconfinement en tant que tel. Cela prouve notre volonté d’échanger, de dialoguer, de débattre… Ce sont des hypothèses de travail qui sont sur la table.

ToutEduc : Vous êtes député de la 3e circonscription du Bas-Rhin, une région particulièrement touchée par la pandémie, comment vivez-vous cette période, vous avez des contacts avec des chefs d’établissement, des enseignants…

Bruno Studer : Ici, il y a à la fois une grande inquiétude et un grand intérêt. J’ai organisé trois visioconférences sur la date du 11 mai pour le début du déconfinement des écoles. On sent qu’il y a une volonté partagée d’aller de l’avant mais une forte exigence sur les conditions sanitaires, la question des masques, des tests, des gestes barrières, de la distanciation sociale… Il faudra s’adapter. Par exemple, dans ma circonscription un établissement dispose de classes petites et de couloirs étroits : l’équipe enseignante ne parviendra peut-être pas à faire des groupes de 15. On s’adaptera.

ToutEduc : Le ministre a dit qu’on allait tenir compte de ce que l’on avait appris pendant le confinement, notamment la complémentarité de l’enseignement en présence et à distance, grâce aux outils numériques. Qu’en pensez-vous ?

Bruno Studer : J’espère bien ! J’ai commis en 2018 un rapport sur l’école dans la société numérique dans lequel j’ai insisté sur l’opportunité qu’il y avait à développer la société numérique, parce que cela permet de gagner du temps pour l’enseignant, et d’aller vers plus de personnalisation… J’avais déjà pointé les problèmes d’outils pour les élèves et aussi pour les enseignants. D’ailleurs le ministre a insisté pendant l’audition sur l’équipement des personnels. L’éducation doit rester nationale même si elle est numérique… Quand vous voyez les ENT qui fonctionnent tellement mal que les enseignants se connectent à des plateformes américaines… Il faut une réflexion stratégique globale.

ToutEduc : Lors de l’audition, n’avez-vous pas trouvé le ministre plutôt optimiste sur les conditions de réouverture des établissements ?

Bruno Studer : Il est lucide, il connaît bien l’état du pays. Quand vous voyez comment les personnels de l’Education nationale se sont immédiatement mobilisés, dès l’annonce du confinement et dans des conditions pas toujours évidentes, comment voulez-vous ne pas être optimiste pour la réouverture et surtout reconnaissant envers la communauté éducative ?

Propos recueillis par Colette Pâris, relus par Bruno Studer

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →