Réouverture des écoles, collèges, lycées : premières réactions syndicales très réservées, voire hostiles
Paru dans Scolaire le mardi 14 avril 2020.
L'annonce d'une réouverture progressive des crèches, écoles, collèges et lycées à partir du 11 mai, provoque des réactions syndicales. Voici les premières : priorité à la sécurité sanitaire, du temps pour préparer l'accueil des élèves, l'impossibilité de retrouver les mêmes formes pédagogiques qu'antérieurement.
SUD Education estime que "faire reprendre les élèves et non les étudiant-e-s, cela montre bien que la priorité est de faire prendre en charge les enfants des salarié-e-s, et non une question pédagogique", alors qu' "aucune autre considération que la santé des élèves et des personnels ne doit entrer en compte et surtout pas l’intérêt des entreprises". L'organisation syndicale "réclame toutes les garanties nécessaires", notamment des dépistages "systématiques et réguliers des personnels et des élèves", "un plan de suivi sanitaire rapproché des personnels et des élèves", la mise à disposition de masques et gels hydro-alcooliques, la "désinfection régulière des locaux", des moyens "pour permettre une baisse des effectifs à même de garantir la distanciation sociale dans les salles de classe". Elle "pourra appeler les personnels à utiliser leur droit de retrait".
Pour le SE, "la reprise ne doit pas se faire dans la précipitation" et "il faudra que toutes les conditions de sécurité soient réunies". Le syndicat UNSA des enseignants "échangera" dès ce mardi 14 avril avec le ministre pour "travailler aux conditions et aux modalités de cette reprise qui doit être sécurisée, apaisée, et réussie pour les élèves et les personnels", les équipes devront en effet "se retrouver préalablement pour préparer ce retour" et l'accueil d'élèves et de familles "qui auront vécu une situation très déstabilisante voire dramatique". Pour l'UNSA éducation de même, "il est essentiel de pas se précipiter", "il faut établir un protocole de reprise qui devra être discuté avec les représentants des personnels", "accorder du temps aux équipes afin de se retrouver", "de préparer l’accueil des élèves", "mais la priorité reste et doit rester la sécurité sanitaire de la population".
Le SNUEP estime qu' "aucun impératif" n'obligeait le président de la République "à prendre une décision aussi rapide pour l'Éducation nationale", sinon "les exigences du MEDEF". Le syndicat FSU de l'enseignement professionnel estime que le travail en groupes réduits "sera indispensable pour rattraper le retard accumulé et pour rassurer les élèves". "Penser un retour même progressif avec des cours semblables à la période pré-confinement est irréel." Dès lors, "certains dispositifs comme la co-intervention et le chef-d'œuvre doivent être immédiatement abrogés pour redonner du temps aux disciplines" tandis que les PFMP (les périodes en entreprises, ndlr) "doivent être repensées". Le syndicat prévient qu'il "prendra ses responsabilités (...) si les conditions sanitaires ne sont pas réunies lors des réouvertures des établissements".
Le SNALC se prépare à "taper du poing sur la table". Pour le syndicat des lycées et collèges, cette réouverture est motinée par le redémarrage économique du pays plutôt que par l'intérêt des élèves. Pourra-t-on les accueillir "à 30 ou 35 par classe". "Si début mai, nous constatons que toutes les conditions sanitaires ne sont pas réunies, nous nous opposerons à la réouverture." Or il est impossible de "gérer les 1500 élèves d'un lycée en laissant 1m de distance entre tout le monde".