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Chronique ordinaire des jours extraordinaires - 13 avril

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 13 avril 2020.

F., proviseure d'une cité scolaire, le 13 avril

Vacances, week-end pascal, jour férié … autant de termes qui, dans ce contexte, perdent ou du moins modifient leur signification.

Ainsi, pour construire notre planning de deuxième semaine de vacances avec des cours de soutien et / ou de renforcement pour les élèves qui le désirent, nous avons positionné sans l’ombre d’une hésitation ce lundi, jour férié, 4 h de cours ...

Ainsi, une élève de première, Maïmouna m’a appelé hier, dimanche, parce que la souris de son ordinateur, fourni par la Région ne s’affiche plus et qu’elle voulait que je la dépanne à distance. Quand je lui fais remarquer que nous sommes dimanche, "ah oui, vous n’êtes pas au lycée alors …"

Non seulement, ces notions ont donc perdu de leur signification ce qui paraît, in fine, logique. Quand on ne travaille plus ou plus de la même façon, que devient son corolaire, la notion de congés ou de vacances ?

De la même façon, dans le temps même où la proximité physique n’existe plus, la hiérarchie scolaire est elle aussi abolie. Les mails ou les coups de fils des élèves se multiplient pour me demander des dépannages (ce dont je suis le plus souvent incapable) ou les coordonnés d’un de leurs enseignants.

De leur côté, les interactions avec les enseignants sont toutes chaleureuses. Et avec le petit nombre d’entre eux qui viennent au lycée pour donner des cours aux enfants de soignants ou pour fabriquer des visières, là encore, une proximité affective s’est établie : on ne s’habille plus tout à fait selon les mêmes codes que précédemment, on discute de tout, pas seulement des élèves ou des problèmes professionnels, on plaisante, on échange les dernières nouvelles des uns des autres dans une tonalité bon enfant. On est simplement content de se voir et de faire, même à distance, des choses ensemble. On s’est "déboutonné".

Tout se passe comme si la distance physique obligatoire avait aboli l’autre distance, celle des rapports sociaux codifiés selon des normes précises et implicites du monde du travail ou de l’Ecole. Ou plutôt, comme si, pour supporter ou compenser cette distance physique imposée, nous avions lâché du lest à la distance sociale symbolique.

Quand le confinement prendra fin, comment réagirons-nous à ce sujet ? Reprendrons-nous nos rôles sociaux, notre quant-à-soi ? Ou bien d’autres liens se seront-ils nouer ?

J-B, directeur national d’un réseau associatif (le 10 avril)

Ça y est, ce soir ce sont les vacances scolaires de notre zone. À part celui de 1ère, pour les deux autres de nos enfants, il a été difficile de les mettre au travail aujourd’hui (normal, dernier jour d’école !). Depuis qu’il a été annoncé que les notes durant le confinement ne compteraient pas pour le contrôle continu du BEPC, notre fils de troisième c’est un peu (sic !) désengagé du travail scolaire. Nous allons essayer de profiter de ces vacances pour faire autre chose, discuter, jouer, … En espérant, qu’après ces vacances, nous arrivions à repartir sur un autre rythme. Nous ne savons toujours pas quand les cours vont reprendre, c’est donc compliqué de s’organiser, de prévoir les semaines à venir, de construire des plans de travail cohérents. J’espère que l’annonce de lundi soir, nous permettra d’y voir un petit peu plus clair, même si c’est pour nous annoncer que le confinement sera plus long que prévu.

Ce matin, comme tous les vendredis à 11h, mon fils de CM2 a fait une classe virtuelle. Pour une fois, les enseignantes ont autorisé les enfants, lorsqu’ils prenaient la parole, à mettre en marche leur caméra. Ils étaient ravis de cette possibilité, malheureusement, nous avons assisté à cette classe virtuelle avec un ordinateur dont la webcam ne fonctionne plus… En effet, les autres ordinateurs étaient tous utilisés pour d’autres visioconférences… Mon fils était relativement déçu. Les enseignantes leur ont dit de passer de bonnes vacances, de prendre du temps …

La maîtresse de mon fils nous avait appelés la veille pour prendre des nouvelles, discuter des difficultés, voire même nous demander comment nous allions. C’est une bonne chose pour les familles, il faut garder du lien, essayer de ne pas laisser un élève décrocher. Dans l’après-midi, il devait travailler sur la question de la proportionnalité. Eh bien finalement, je me rends compte qu’expliquer la proportionnalité à un enfant de 10 ans, n’est pas si simple ! Pour y arriver nous avons pris quatre pamplemousses et quatre morceaux de sucre. Je lui ai dit prendre ¼ de sucre, et ¼ de pamplemousse. J’espère qu’il s’est rendu compte qu’il avait ¼ des deux "tout", mais qu’il n’avait, pour autant pas le même poids de sucre et de pamplemousse. Nous verrons bien…

Le midi nous avons eu une discussion sur la question du climat, et de l’effet positif du confinement sur le réchauffement climatique. Nous discutons souvent de ces sujets-là, d’ailleurs notre fils aîné est devenu végétarien pour diminuer son "impact carbone" sur la planète. Avec ma femme, nous sommes très fiers de cette décision, même si cela m’oblige tout le temps à cuisiner en double…

Nous émettons même l’hypothèse, que 15 jours voire trois semaines de confinement toutes les années, toute la planète en même temps, pourrait avoir un impact positif pour notre avenir commun. En même temps, lors de la crise de 2008, les chercheurs avaient également constaté une diminution de l’empreinte carbone de la planète. C’était sans compter sur la reprise, ces mêmes chercheurs avaient alors constaté une augmentation de l’impact carbone qui a annulé les effets positifs de la diminution précédente.

Est-ce qu’il en sera de même cette fois-ci ? Au regard des annonces de telle ou telle ministère, sur les efforts qu’il faudra fournir après cette période, il y a de fortes chances qu’une augmentation de l’activité industrielle, des déplacements … annuleront les effets positifs…

 

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