Europe : quel avenir pour la formation professionnelle ?
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 07 avril 2020.
Le CEDEFOP imagine trois scénarios pour la formation professionnelle, initiale et continue pour les 15 ans à venir. Selon le Centre européen pour le développement de la formation professionnelle, celle-ci pourrait être organisée tout au long de la vie, la distinction entre voie générale et voie professionnelle serait obsolète, et l’enseignement professionnel ne serait pas uniquement donné dans des institutions clairement dédiées. Cela impliquerait de combiner aptitudes professionnelles et connaissances générales et donc ce l’on entend au niveau européen par VET (Vocational Education and Training, un acronyme qui lie formation initiale, Education, et formation continue, Training).
Second scénario, la VET, pour reprendre ce même concept, serait complètement distincte de la voie générale. La voie professionnelle serait organisée en fonction des besoins, son rôle dans le système éducatif serait prépondérant. Ce scénario impliquerait un lien très étroit avec le marché du travail et des accords équilibrés entre l’Etat, les employeurs et les syndicats. Enfin, troisième scénario, c'est la voie générale qui serait prépondérante, la formation professionnelle initiale ne serait plus du tout confiée à l'institution scolaire. Elle se focaliserait sur l’emploi, sur la réorientation et sur la réactualisation des compétences pour répondre aux besoins à court et à moyen termes du marché du travail.
A noter que la VET est définie par le CEDEFOP comme "’l'éducation et la formation qui ont l’objectif de préparer les personnes au marché du travail à l’aide de connaissances, de savoir-faire, d’aptitudes ou/et de compétences". Son rapport passe en revue tous les pays-membres de l’Union Européenne ainsi que l’Islande et la Norvège. Ils sont classés en trois catégories : ceux qui ont de la voie professionnelle une vision pédagogique, ceux qui s'inscrivent dans une perspective systémique et ceux qui sont dans une perspective socio-économique très orientée "marché du travail".
Selon le CEDEFOP, ces différences de perspective n’ont pas vraiment été modifiées pendant les vingt dernières années. Par exemple, même si le système dual allemand ou suisse où le rôle des entreprises est à hauteur de 50% a été vanté durant toute cette période, aucun pays dont la voie professionnelle était sous statut scolaire n’a opté pour ce système. Toutefois, le nombre d’apprentis a augmenté dans ces pays. Le CEDEFOP classe, dans ce groupe plutôt "académique", les pays Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie), les pays Baltes, la plupart des pays du Sud de l’Europe et la France. En revanche, certains systèmes, dont le fondement a toujours été l’apprentissage, ont choisi de renforcer peu à peu la part "académique" (Allemagne, Danemark, Autriche, Pays-Bas…). Les scénarios ont été réalisés à partir de ce classement et de la prise en compte de l’échange de bonnes pratiques qui a toujours été de mise entre les parties prenantes européennes de la VET (ministères, organisations patronales, organisations consulaires, entreprises, établissements…).
Le rapport (en anglais, 264 p.) ici
Hélène Cénat