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Chronique ordinaire des jours extraordinaires - 6 avril

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 06 avril 2020.

ToutEduc tient chronique des petits gestes et des petits faits des jours du confinement, des bonnes et des mauvaises surprises des acteurs de l'éducation, des situations qu'on n'imaginait pas, des outils auxquels on ne pensait pas... Vous pouvez nous adresser vos textes, de 3 à 25 lignes (mais le plus court est le mieux), du positif ou du négatif, mais ancré dans la singularité de votre expérience (redaction@touteduc.fr)

F. proviseure d'une cité scolaire

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Plutôt, la perception que l’on en a se modifie, et l’on ne retient que les péripéties auxquelles, sans que l’on sache pourquoi, notre humeur nous a particulièrement sensibilisé ce jour-là, à ce moment-là.

Ainsi aujourd’hui, c’est le dévouement de M. qui m’a sauté aux yeux alors que depuis vendredi, samedi, dimanche inclus, il fait la même chose, à savoir confectionner des visières pour les professionnels qui en ont besoin avec nos imprimantes 3D.

L’idée est partie des Fablab de collège en réseau qui se sont dit qu’avec des imprimantes 3D, on pouvait confectionner des supports de visières sur lesquels se fixeraient des feuilles de plastique transparent semi rigides, celles que l’on met en première page de documents reliés pour les protéger.

Branle-bas de combat donc vendredi où M. aidé à distance par trois de ses collègues, vérifie les imprimantes (4 sur 6 fonctionneront). Sur le coup des 21h, après qu’il les ait lancées, nous partons à l’attaque des rangements de l’intendance pour chercher les clefs du placard qui contient ses fameuses feuilles. Notre quête victorieuse (non sans mal), on compte les feuilles : si la plupart sont totalement transparentes, d’autres sont teintées en rouge, en bleu ou en jaune. Le samedi, M. est revenu, rejoint par le proviseur adjoint pour contrôler les imprimantes et accrocher leurs premiers transparents. Ce sera pour des soignants.

Dimanche, il m’appelle à 11h en s’excusant car, instinctivement, j’ai repris les clefs du placard et il lui faut de nouveaux transparents. Il passera la journée au lycée. Ce matin, à nouveau, il est là, rejoint par un de ses collègues, enseignant en technologie. Il nous explique que les visières bleues, rouges et jaunes seront pour les autres professionnels (caissières, livreurs, facteurs … ).

Quelqu’un en début d’après-midi vient chercher la production pour l’emmener là où c’est nécessaire. C’est via une page FB où chacun note ce dont il a besoin, un autre ce qu’il peut produire, un troisième les matières premières, que le réseau, avec une efficacité remarquable fonctionne depuis quelques jours déjà.

A 18h30, M. passe me voir avant de repartir, avale à toute vitesse, dans mon bureau, une salade en boite que je lui propose, reste des repas des élèves, parce qu’il n’avait pas pris le temps de déjeuner. Quand je lui dis qu’un autre collègue a mis son action, avec son nom, sur le compte tweeter du collège, qu’il y a plus de 7000 vues, déjà, il rougit, gêné, bredouille qu’il n’a pas de compte tweeter.

Il sera là à nouveau demain pour une nouvelle production.

Arch S. : Directeur d’une association d’éducation populaire à Mayotte

J’ai rêvé : de ma frustration à la réjouissance. Je dors très peu, mais depuis coronavirus, je quitte mon lit plus tôt que de coutume, pour me mettre au taquet, sentir ma température, ou attendre un appel venant de mes connaissances. Je suis frustré, je n’entends plus tous les appels à la prière du matin, des quartiers avoisinants, signe du lever du jour pour moi. J’ai peur également pour ma famille, pour mes parents, pour mes frères et sœurs, pour mes amis, pour mon village. Allons-nous perdre la foi ? Mon île, va-t-elle rester si les choses ne se passent pas bien ? Est-ce la fin du monde qui s’annonce ?

Aujourd’hui, ma révélation me redonne des énergies incontrôlables. Toutes nos religions du monde doivent exister pour nous aider à résoudre ensemble nos problèmes. Dans aucune des Nations, la prière individuelle ne peut être pratiquée, tout le Monde reconnait l’importance du collectif. Quelle congruence pour réussir notre projet de société mondiale !

Cette pandémie prend son origine en Chine, si je suivais bien les choses, puis touche tous les individus, de toutes les cultures, de tous les sangs humains, de toutes les religions, et ce, dans tous les pays de la Terre. Je suis touché par l’enthousiasme de Macron, de Paris en Chine, en Allemagne et chez les meilleurs voisins ; il pourrait jaillir une excellente découverte !

Cette pandémie n'est-elle pas la meilleure façon de faire prendre conscience à certains dirigeants des pays et aux responsables religieux de certaines cultures, ceux qui n'ont toujours pas adopté l'idée, que nous sommes tous des navigateurs d’un même bateau et que les problèmes des uns concernent inévitablement les autres résidants de la terre ! Si, on ignorait la détresse des uns, … est-ce qu’on ne se fait pas mal, pour trop de souffrance plus tard ? Pensons une minute aux droits fondamentaux d'une partie de la population de la Terre, qui pourrait aider, qui pourrait faire quelque chose ?

Ma réjouissance aujourd’hui, c’est mon rêve, que nous puissions nous unir pour toujours, pour réussir la vie sur terre. Kremlin, avez-vous des médicaments pour mater coronavirus ? Washington, avez-vous des vaccins pour mater coronavirus ? Paris, pouvez-vous offrir les anti-inflammatoires pour soulager coronavirus ? Pékin, avez-vous des médicaments pour éradiquer coronavirus ? Et les Dalaï-lamas, qu’est-ce que vous proposez d’efficace pour continuer à briller aux yeux des Américains ?

Voilà tout, vous avez cessé l’Athéisme, vous avez fermé l’Eglise, vous avez fermé la Mosquée, vous avez fermé les Temples pour atteindre un but commun, une cause noble.

J-B, directeur national d’un réseau associatif

Ça fait un petit moment déjà que le ministre de l’Education nationale précise qu’il donnera les indications de passation des diplômes nationaux (brevet et BAC) en fin de semaine. Avec ma femme, nous attendions donc avec impatience ses déclarations. Mais en milieu de matinée, c’est notre fils de 15 ans (celui qui est dyslexique) qui débarque en courant et nous dit "ça y est j’ai mon brevet, ça y est j’ai mon brevet !". Il nous précise qu’il sait que s’il a au moins huit de moyenne générale, il aura son brevet. Nous essayons de le calmer, et lui disons que nous allons essayer d’aller chercher la bonne information, que cela nous semble peu probable qu’il puisse avoir son brevet avec une moyenne générale de huit. Même si nous pensons qu’effectivement, le brevet se tiendra cette année selon la méthode du contrôle continu. Nous trouvons l’information, et au moment des informations de 13 heures, nous demandons à nos deux grands enfants de venir les regarder avec nous pour avoir les informations précises concernant le bac. Effectivement, il s’agit du contrôle continu avec présence obligatoire au collège et au lycée entre la reprise des cours et le 4 juillet. Il devrait tout de même y avoir un oral pour le bac français. Sur ce dernier point, mon fils de 17 ans est plutôt rassuré, l’oral : c’est son point fort. Je suis à la fois satisfait qu’enfin nous ayons une information, elle est plutôt cohérente. Mais en même temps, certains élèves, dans leur propre organisation de leur année scolaire, ont pu compter plutôt sur un examen terminal que sur un contrôle continu. Même si cette solution de ne pas prendre en compte les notes obtenues pendant le confinement, permet de réduire certaines inégalités, la solution de changer les règles du jeu en cours de route n’est également pas complètement satisfaisante. En même temps, à situation exceptionnelle, proposition exceptionnelle.

Mon fils de 15 ans nous dit "ça y est j’arrête de travailler", les notes pendant le confinement ne comptent pas. Avec ma femme nous nous regardons… Comment allons-nous faire ! C’était déjà difficile de le mettre au travail, mais alors là…

Depuis la mi-mars, les associations membres de mon réseau associatif (celui où je milite et j’exerce une responsabilité professionnelle) sont en train de construire des plans de chômage partiel. En effet il n’y a plus d’activité. À part celle de l’animation professionnelle, que l’on peut continuer en formation à distance. Le reste de l’activité est au point mort. Il est donc important, pour redémarrer au retour du confinement, de sauvegarder l’emploi. Notre réseau est animé par des salarié.es permanent.e.s, des volontaires et des bénévoles. Les salarié.e.s permanent.e.s ont une place importante dans la mesure où ils structurent l’activité. Donc, depuis la mi-mars, les directeurs et directrices des associations membres du réseau, en lien avec leur conseil d’administration, construisent ces plans. La plupart démarre au 1er avril. La tête de réseau, là où je travaille, doit également adapter son activité. Si une partie de l’activité n’est pas dépendante directement des associations membres, une part non négligeable de l’activité ne peut pas se réaliser si lui-même n’est pas en activité. Nous sommes donc également en chômage partiel. Je vais sûrement avoir du temps pour accompagner mes enfants scolaires et peut-être également avoir du temps pour faire autre chose.

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