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Continuité pédagogique : les enseignants ont très rapidement fait la bascule vers l'enseignement à distance (enquête SynLab)

Paru dans Scolaire le mercredi 01 avril 2020.

"Grâce au numérique la bascule vers l'enseignement à distance a pu se faire rapidement." Tel est l'un des enseignements tirés d'une enquête, réalisée auprès de 1330 enseignants du primaire et du secondaire entre le 21 et le 23 mars 2020, par l'association SynLab. Si cette enquête, menée dans un contexte de crise sanitaire "afin de recueillir les premières expériences et retours sur les modalités de déploiement de l'enseignement à distance", fait remonter des inquiétudes majeures de la part des enseignants, notamment le risque de décrochage de leurs élèves les plus fragiles et celui d'un creusement des inégalités, elle montre avant tout qu'une majorité a su se saisir des outils technologiques et numériques, les enseignants ayant "dans un premier temps privilégié la diffusion d'information", avant de faire éclore des pratiques numériques "adaptées aux différents niveaux de classe avec l'utilisation de médias non institutionnels (plateformes de messagerie pour les lycéens) et la pédagogie par le jeu pour les plus jeunes (plateformes éducatives spécialisées de jeux)".

Dès les premiers jours, les enseignants ont en effet privilégié l'information : sur ce temps là, plus de la moitié d'entre eux avaient envoyé une communication aux parents pour expliquer l'organisation du travail (53 %), transmis une liste de travaux à réaliser sur la semaine (52 %), et près d'un tiers (30 %) une activité pour tester le matériel et la nouvelle organisation. En tête des outils majoritairement utilisés, tous niveaux confondus : les mails et le téléphone que 70 % des répondants utilisent pour organiser et proposer le travail aux élèves. Suivent les ENT (Espaces numériques de travail) pour 44 % d'entre eux, même si cet outil est utilisé très majoritairement par les enseignants du secondaire (par 86 % des enseignants en collège, 74 % des enseignants des lycées). 40 % utilisent les réseaux sociaux, 13 % le dispositif "Ma classe à la Maison" du CNED et 12 % ont mis en place une classe virtuelle.

La communauté éducative "mobilisée dans un temps record"

Des résultats qui montrent que "la communauté éducative s'est pleinement mobilisée dans un temps record pour assurer la continuité pédagogique et relever le défi de l'enseignement à distance dans un contexte totalement inédit", commente Florence Rizzo, la co-fondatrice et co-directrice de SynLab, dans le communiqué de l'association en date du 31 mars 2020.

Pour autant, ils sont nombreux (66 %) à exprimer "des besoins d'accompagnement, pour mieux mener des activités pédagogiques à distance et arriver à mobiliser les parents notamment". D'ailleurs l'insuffisance du support parental dans les petites classes figure parmi les motifs de ceux qui pensent que la continuité pédagogique ne peut pas être opérante avec certains élèves. Ils sont relativement nombreux (42 %) à évoquer cette difficulté à assurer la continuité pédagogique pour certains élèves (également au lycée, pour les enseignants qui font face à des situations de décrochage), un peu moins nombreux (un quart) pour ce qui sera de l'assurer dans la durée, au-delà de deux semaines.

7 enseignants sur 10 redoutent le décrochage des plus fragiles

L'enquête permet aussi de faire remonter leurs inquiétudes, et les obstacles auxquels ils sont confrontés. En tête des inquiétudes, celui du risque de décrochage des plus en difficulté puisqu'ils sont 70 % à l'évoquer et à le redouter notamment pour ceux qui ne bénéficient pas d'un équipement adapté et de l'appui familial "nécessaire". D'ailleurs l'absence d'équipements informatiques ou de connexion compte parmi les freins évoqués pour la mise en place de cette continuité pédagogique. À ce titre, si 20 % l'évoquent pour les familles, ce frein concerne aussi les enseignants eux-mêmes, 6 % d'entre eux en moyenne n'étant pas équipés ou suffisamment connectés pour travailler à domicile, et le double d'entre eux si l'on observe seulement les personnels des lycées professionnels.

De cette enquête remonte surtout une préoccupation "principale", celle d'assurer la "continuité du lien social" davantage que la "continuité pédagogique", car "l'enseignement à distance ne pourra jamais remplacer l'enseignement dans la classe, l'expérience de socialisation et d'apprentissage collectif", commente encore la co-directrice de Syn Lab. Elle rejoint ainsi les enseignements de la toute récente enquête menée aussi par le web pédagogique (lire ici).

Les résultats de l'enquête ici

Camille Pons

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