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Chronique ordinaire des jours extraordinaires - 1er avril

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 01 avril 2020.

ToutEduc tient chronique des petits gestes et des petits faits des jours du confinement, des bonnes et des mauvaises surprises des acteurs de l'éducation, des situations qu'on n'imaginait pas, des outils auxquels on ne pensait pas... Vous pouvez nous adresser vos textes, de 3 à 25 lignes, du positif ou du négatif, mais ancré dans la singularité de votre expérience (redaction@touteduc.fr)

F., proviseure d'une cité scolaire

Aujourd’hui (31 mars, ndlr), recrudescence de besoins en ordinateurs ou tablettes.

Alors que nous pensions avoir identifié et répondu aux besoins des élèves et des familles sans outil numérique, voilà qu’en croisant les infos des enseignants et des CPE, on identifie encore une quinzaine de familles voire plus qui s’accommodent tant bien que mal d’un téléphone 4G pour faire travailler leur(s) enfant(s) ou d’une tablette pour 3 enfants scolarisés et donc susceptibles d’y faire leurs devoirs sans compter un élève de 2nde qui a perdu son ordinateur portable distribué par la Région et qui, depuis des mois, n’en avait rien dit. Alors on retourne dans l’armoire forte du référent numérique et on compte 1, 2, 3 … 8 tablettes.

Stress, questionnement, il va falloir choisir : envoyer les devoirs papier à certains ? lesquels ? ceux qui habitent le plus loin? Les collégiens plutôt que les lycéens ? Il nous manque aussi des chargeurs pour les huit tablettes restant en stock. Même si ce sont des chargeurs standard cela peut être néanmoins compliqué. Alors … on téléphone au référent numérique, M. notre dieu Providence, qui bien qu’en classe virtuelle avec une des ses classes, prend le temps de me répondre et de m’expliquer qu’il reste au magasin du lycée, peut-être, un carton complet de tablettes avec leur chargeur, ceux que les collègues n’ont pas voulu prendre. Nous voilà, déboulant dans le magasin, trouvant sans difficulté le carton selon ses explications puis revenant, vainqueurs à mon bureau, notre trophée de carton à bout de bras.

Quelques minutes, plus tard, le bonheur éclate au bout du téléphone quand je peux dire à mon timide élève de terminale S que c’en est fini de travailler en s'arrachant les yeux sur le malheureux écran de son smartphone, que nous pouvons lui prêter une tablette, que non, il n’a pas de caution à verser mais une simple convention à signer en double exemplaire, qu’il peut venir dès demain matin la chercher, oui, dès 9h ! Une petite victoire, résultat d’une chaîne de solidarité : son enseignante inquiète du non rendu de travaux qui le questionne, une équipe de direction qui cherche une solution, un référent numérique qui prend le temps de la chercher et de la trouver …

Les autres coups de fil seront passés demain matin.

J-B et Ch, chronique croisée de deux directeurs nationaux d’un réseau associatif

J-B: Une nouveauté depuis le début du confinement, l’ainé de mes garçons s’est levé seul ce matin, nous n’avons pas eu à le réveiller ! Une de ses enseignantes a demandé à sa classe de faire un devoir. Elle leur a envoyé un courriel, avec une consigne à 8h30, la classe devait lui envoyer leur copie avant 9h30. Je trouve cette procédure relativement intéressante. En effet, dans leur future vie professionnelle, ces élèves auront des échéances à tenir. Et en même temps ce que je trouve intéressant c’est, que pour ce contrôle, ils avaient accès à Internet, à leurs fiches, à leurs cahiers. Comme dans la vraie vie, en fait. Lorsque je dois produire un document, une note de synthèse, remplir un cahier des charges, je m’appuie sur des éléments que j’ai autour de moi (Internet, des documents X ou Y…), et pas uniquement ce que j’ai dans la tête. 

Ch : Pour moi ce matin, j’ai fait beaucoup de points téléphoniques avec la plupart des personnes qui travaillent au sein de l’équipe que j’anime... Au sujet du travail en cours mais aussi du moral de nous tous et toutes...et de comment chacun.e vit ce confinement, les situations étant très diverses, entre ceux qui habitent à la campagne et les urbains, ceux ou celles qui ont des enfants ou pas...

J- B :  Ce matin ,  j’ai également animé une réunion, en visioconférence, ou l’ensemble des participant.e.s n’avait pas le même statut au regard des fonctionnalités de la plateforme de visioconférence. Certain.e.s étaient conférencier.e.s, d’autres étaient auditeurs-auditrices. Du coup nous avons fait une réunion à 22. La plate-forme que mon réseau utilise permet aux auditeurs de lever la main, en cliquant sur un visuel, et, en tant qu’animateur de cette réunion, je pouvais les faire glisser comme présentateur.e ; à ce moment-là ils n’étaient plus de simples auditeurs, la webcam pouvait se déclencher et l’ensemble des auditeurs pouvait le ou les voir réagir, poser une question… En fait cette possibilité de réunion existait depuis un petit moment sur la plate-forme de visioconférence que nous utilisons régulièrement. Mais, dans la mesure où nous n’avions jamais eu besoin (au regard du nombre de participants, en général moins élevé), en tout cas nous ne pensions pas en avoir besoin, nous ne l’avions jamais utilisé. Aujourd’hui je me dis que j’aurais pu utiliser ce dispositif depuis bien longtemps…

J-B et Ch : Sinon le travail de création de ressources pédagogiques pour notre médiathèque en ligne et de séquences de formation à distance se poursuit, sa dimension est à distinguer de celles des infrastructures technologiques ou logicielles qui permettent de communiquer à distance. Ces dernières sont essentielles pour proposer des ressources en ligne ou organiser une formation à distance. Mais le travail de création de contenus à usages éducatifs, de conception de séquences pédagogiques scénarisées pour de la formation, le fait d’anticiper comment une personne va apprendre de nouvelles connaissances, va appréhender un concept, va développer de nouvelles compétences, c’est une toute autre affaire.

Lorsqu’une personne anime une séquence de formation en présentiel, les feed-back du groupe sont des éléments-clés de la séquence de formation. À distance, le feed-back n’existe pas. Il faut donc concevoir des scénarios pédagogiques pertinents, où de fait l’autonomie est importante et on la permet, mais où l’on garantit le plus possible le fait qu’on ne laissera aucun stagiaire sur le bord du chemin. Et c’est là la difficulté, car des personnes en difficultés d’apprentissage ne sont souvent pas autonomes dans leurs démarches d’apprentissage... C’est sur cet objet que nous essayons de travailler collectivement, au sein de notre association et de notre mouvement pédagogique, pour le dépasser.

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