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Continuité pédagogique : les syndicats demandent aux enseignants de ne pas s'épuiser

Paru dans Scolaire le vendredi 20 mars 2020.

"De nombreuses questions se posent sur la continuité pédagogique", estiment les organisations syndicales. Le SNES fait remarquer que "lundi matin, la plupart des outils officiels" n'ont pas supporté "un trop grand nombre de connexions simultanées", ce qui montre "que les professeurs étaient bien prêts et mobilisés dès les premières heures, pour maintenir un lien avec les élèves dans une période de crise". Le syndicat FSU du 2nd degré conseille aux enseignants "de privilégier les solutions mises en place par le ministère" et d'attendre qu'elles fonctionnent, mais aussi de prendre le temps de réfléchir aux "compétences spécifiques" que requiert l'enseignement à distance. Il rappelle qu' "à l’impossible, nul n’est tenu" et que "la priorité absolue est de surmonter collectivement cette crise sanitaire".

Le SGEN-CFDT de même estime que "l’urgence absolue, ce n’est pas la continuité pédagogique, c’est bien le ralentissement de la propagation du virus". Il note également que "les personnels s’activent pour maintenir le lien avec leurs élèves et pour accueillir les enfants de soignants", mais que les élèves aussi "font preuve d’une application souvent louée par leurs enseignant.e.s à distance". L'organisation syndicale met en garde, "chacun.e fatigue. Énormément." Les élèves sont perdus, se demandent si le cours est "sur Pronote, dans l’ENT, sur Whatsapp, dans la boîte mail ou sur Discord" et les parents "sont parfois ahuris devant la quantité de travail demandée". Le SGEN poursuit son analyse et met en cause "l’inconscient de notre système scolaire", animé par "une volonté de trop bien faire. Une peur panique de la paresse." Et la meilleure continuité pédagogique "ne réside pas dans la multiplication des outils, des devoirs, des plannings et des injonctions". D'ailleurs, pour ne pas creuser trop les écarts entre milieux sociaux, le mieux serait "d’en demander un peu moins", de "se poser" et de "bien mesurer ce que représentent 3, 4 ou 5 semaines de cours perdues à l’échelle de la crise exceptionnelle que nous vivons".

Même tonalité au SE pour qui il faut "prendre le temps de construire" et "d’être particulièrement bienveillant envers les élèves et les personnels". Le syndicat UNSA des enseignants estime qu' "en annonçant que l’Éducation nationale était prête à assurer la continuité pédagogique, le ministre a mis sous pression à la fois les personnels et les familles" alors que cette crise nous rappelle à quel point toutes les avancées numériques, aussi subtiles et efficaces soient-elles, ne remplaceront jamais les cours en présentiel gérés par l’enseignant".

"Dans le premier degré, souvent peu équipé sur le plan numérique, la priorité est d’abord d’assurer une organisation viable" alors que les enfants sont "peu autonomes". Le SE invite les enseignants à ne pas céder "à la pression, qu’elle vienne de notre ministre, des médias ou des familles". Dans le second degré, "le recours au cahier de texte numérique pour donner du travail en s’appuyant sur les propositions des manuels des élèves peut suffire à maintenir le lien avec le travail scolaire (...). Ensuite, se posera la question d’établir un échange plus individuel pour s’assurer que les élèves ne décrochent pas (...). Au vu des limites techniques, inutile de prévoir des classes virtuelles avec nombreuses connexions simultanées et pour un temps long. Il faut faire simple !"

Le SE souligne que la voie professionnelle connaît des difficultés particulières, puisque "Ma classe à la maison" propose "peu (voire pas) de séquences pour le LP et pour les apprentis". Il indique que l'académie d'Amiens ainsi que le réseau Canopé ont effectué un recensement des ressources disponibles, et "les enseignants et de nombreux inspecteurs misent beaucoup sur l’entraide et la mutualisation".

La tonalité n'est pas très différente au SNALC qui "rappelle que la priorité, ce n'est pas la 'continuité pédagogique', mais la limitation du développement de cette pandémie, et du nombre de morts" : "Ne tombez pas dans un schéma de culpabilité: vous faites ce que vous pouvez, comme vous le pouvez", ajoute-t-il. Il conseille aux enseignants "d’utiliser les outils mis en place par l’institution", "malgré leurs imperfections", plutôt que leur messagerie personnelle, les réseaux sociaux ou les outils de visioconférence qui "posent de réels problèmes de sécurité et d’utilisation des données personnelles". Il "demande que les personnels d'encadrement cessent de réclamer aux personnels de contacter 15 familles par semaine ou de se conformer à leur emploi du temps habituel."

 

 

 

 

 

 

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