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L'école à la maison : une vraie "carrière" (Revue française de pédagogie)

Paru dans Scolaire le mardi 17 mars 2020.

Les parents qui font le choix de l'instruction à la maison doivent en trouver les modalités. "Quelle organisation pratique adopter, où s'installer, faut-il et peut-on réserver un espace dédié au sein de l'habitat familial ?" La Revue française de pédagogie ignorait, lorsqu'elle l'a programmé, que la publication de son dernier numéro coïnciderait avec la nécessité, pour de nombreuses familles qui n'ont pourtant pas fait ce choix, de se poser ces mêmes questions.

Comme l'écrivent Philippe Bongrand et Dominique Glasman dont l'article ouvre le dossier, "Instruction(s) en famille. Explorations sociologiques d'un phénomène émergent", il est très difficile d'évaluer le nombre des enfants qui ne sont pas scolarisés par choix, ce qui n'est pas le cas de mineurs isolés étrangers ou d'enfants vivant dans des conditions d'extrême pauvreté, Roms, migrants... Ce n'est pas non plus le cas des quelque 16 000 enfants inscrits au CNED parce qu'ils sont empêchés de suivre une scolarité normale. Les auteurs estiment que 0,17% des six - 16 ans (14 000, peut-être) sont donc instruits en famille sans inscription réglementée au CNED ni dans un établissement hors-contrat, mais les données sont "rudimentaires". Assiste-t-on à une augmentation de leur nombre ? On peut le penser, puisque la part des parents diplômés, qui se sentent donc en mesure d'instruire leurs enfants eux-mêmes a augmenté et qu'avec l'Internet, "il est aujourd'hui relativement facile de trouver sur la toile des ressources éducatives"

Si les médias ont insisté sur des cas de refus de scolariser les enfants pour des raisons religieuses ou par des familles "qui revendiquent une alternative à la forme scolaire", "les connaissances actuelles ne permettent en rien d'affirmer qu'elles seraient prépondérantes". Il faudrait plutôt être attentif "au cas, beaucoup plus fréquent et banal, des parents qui déscolarisent leur enfant faute de pouvoir le scolariser dans un établissement qui réponde à leurs attentes", celles-ci étant très différentes d'une famille à une autre. Pour certaines, "il s'agit d'interrompre une situation scolaire insupportable", pour d'autres d'éviter de "mauvaises fréquentations". Ces familles sont "rurales ou urbaines", "athées ou croyantes, voilées ou non voilées", "locataires ou propriétaires", "en activité, au chômage, à la retraite ou en création d'entreprise", "au-dessus ou en-dessous du seuil de pauvreté", "françaises ou étrangères", de tous âges, de toutes situations sociales et pécuniaires....

Faut-il imposer aux enfants un emploi du temps ?

Mais toutes sont confrontées à des questions pédagogiques. Faut-il ou non s'imposer - ou imposer aux enfants -, un emploi du temps ? Quelle part accorder aux apprentissages informels ? Comment trouver l'équilibre "entre la sous-stimulation (ne rien proposer) et la sur-stimulation (trop proposer)" ? Faut-il "répondre à la demande" et se rendre disponible, "au risque de ne plus avoir de temps pour soi" ? "Tout cela, les parents doivent l'apprendre, et apprendre aussi à ne pas s'y trouver à l'aise (...). Le tâtonnement initial est la règle." Et, "en dépit de toutes les différences sociales ou culturelles" et de la diversité des pratiques, les parents "non-sco", pour reprendre l'expression d'une mère de famille, "se ressemblent tous" parce qu'ils ont parcouru "une carrière" qui les a amenés à "se vivre et se penser en alternatifs", "face à une institution aussi présente dans le quotidien comme dans l'imaginaire de la société française".

A noter également dans ce numéro un article de Géraldine Farges et d'Elise Tenret sur les inspecteurs en charge des contrôles de l'instruction dans la famille et qui "mobilisent un savoir spécialisé, 'expert', faisant autorité mais qui reste néanmoins (...) peu stabilisé puisqu'il varie selon les représentations professionnelles des inspecteurs" et qu'ils ont des conceptions différentes "des fondamentaux de l'éducation".

Revue française de pédagogie numéro 205, ENS Lyon, 18€

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