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Langues vivantes : bilan négatif de la réforme du collège, très négatif pour le lycée (association des professeurs de langues)

Paru dans Scolaire le lundi 10 février 2020.

Avec la réforme du lycée, les langues vivantes étrangères autres que l’anglais connaîtraient une perte d’attractivité : "la part de l’allemand diminue de moitié, celle de l’espagnol d’un tiers, le néerlandais et le portugais disparaissent (...). Seul l’italien reste à peu près au niveau d’avant la réforme", constate l'APVL. L'association des professeurs de langues vivantes publie les résultats d'une enquête menée auprès des enseignants de langues. Elle a reçu, entre le 13 novembre et le 31 décembre, près de 900 réponses "exploitables" à son questionnaire.

En ce qui concerne le collège, "259 professeurs sur 428 (60,5%) considèrent que le niveau des élèves en fin de 3ème a régressé par rapport à avant la réforme, contre 124 (29%) qui considèrent qu’il est resté inchangé et 34 (8%) qui pensent qu’il a augmenté. Parmi les causes de cette régression, les enseignants placent en premier lieu la diminution des horaires en 4ème et 3ème, que ne compenserait pas l'introduction d'une 2ème langue en 5ème, mais ils citent au deuxième rang les effectifs : 27 % des enseignants "ont au moins une classe de 30 élèves", un professeur d’allemand ayant même une classe de 38 élèves.

Ils n'ont pas "l’impression que les élèves qui arrivent en 6ème en ayant étudiée (une première langue) sont mieux préparés pour son apprentissage qu’avant. L'APLV cite ce commentaire : "Dans les faits il n’y a presque pas de formation en école primaire. Donc les élèves de 6e arrivent avec aucun bagage ou presque. Il faut tout recommencer à zéro."

Au lycée, un peu plus de 60 % des enseignants "déclarent que leur établissement se conforme aux horaires prévus par les textes". Si cette proportion "est nettement moindre qu’au collège (87,5%), c’est surtout du fait de la plus grande complexité du système, qui comprend enseignements de tronc commun, enseignements de spécialité, enseignements optionnels, et différencie entre parcours général et séries technologiques. Cette complexité est d’ailleurs telle que certains des répondants de l’enquête de l’APLV indiquent découvrir les horaires officiels grâce à la question qui leur est posée."

De plus, "un nombre important de professeurs" indiquent que leur établissement "ne respecte pas la parité entre les langues (...) avec en général davantage de temps donné à l’anglais". L'association explique ce phénomène par la nouvelle logique induite par la réforme. "Avant la réforme de 2019, le chef d’établissement savait qu’il avait, dans chaque discipline, un nombre d’heures à répartir (...). Avec la réforme de 2019, ce sont les choix exprimés par les élèves qui prévalent : les chefs d’établissement cherchent en priorité à faire entrer tous les choix des élèves de 2nde dans l’emploi du temps, sacrifiant de ce fait les options les moins populaires, dont les langues perçues par les élèves de 2nde comme moins centrales que l’anglais." Selon les statistiques ministérielles, "90,7% des élèves ayant demandé une spécialité 'langue et littérature étrangère' l’ont fait en anglais"

S'y ajoutent la question des effectifs, "46,5% des professeurs ont des classes de plus de 30", et celle des programmes. L'APLV demandait des contenus "qui soient motivants pour tous les profils d’élèves, c’est-à-dire qui intègrent clairement des références à différents champs de savoir comme l’histoire des sciences, l’économie, l’histoire", tandis que pour le ministère, "il s’agissait d’organiser les spécialités comme une sensibilisation aux études à l’université", et donc d'axer les programmes de l'enseignement de spécialité sur les dimensions littéraire et artistique. "Les objets d’étude qu’on propose (aux élèves) et les épreuves d’examen auxquelles on les prépare ont une coloration universitaire qui les surprend et les désarçonne." Pour l'association, "l’institution semble avoir transporté à la charnière entre 2nde et 1ère l'hiatus entre la terminale et l’année de L (la 1ère année de licence)". Or tous les enseignants chargés d'aider les élèves de seconde à choisir un enseignement de spécialité n'en ont pas compris de la même façon les objectifs. Pour certains, il s'agissait d'aller plus loin que l'enseignement de langues prévu dans le cadre du tronc commun, pour d'autres, d'une forme de soutien.

Un problème différent se pose dans les séries technologiques avec l’obligation d’enseigner une discipline technologique en langue vivante sur les heures de langue, donc confiée en co-enseignement au professeur de langue et à un de ses collègues non linguiste : "C’est-à-dire que, au lieu de proposer cet enseignement en plus de l’horaire déjà très réduit de langue", on diminue celui-ci de moitié. Enfin, la 3ème langue ne faisant pas l'objet d'une épreuve d'examen, elle compte pour moins de 1 % de la note du bac, ce qui n'encourage pas les élèves à la choisir en enseignement facultatif, même si certains enseignants les surnotent...

Au total, "la réforme du collège de 2016 semble (...) n’avoir amélioré en rien la situation dans les classes" et "la réforme du lycée de 2019 est désastreuse". La colère et la grogne dominent dans les réponses des professeurs" d'autant que "les DHG (les dotations horaires) ont été réduites, le nombre de postes aux concours de recrutement de professeurs de LVER (langues vivantes et régionales) a continué à diminuer et les effectifs à augmenter".

L'enquête ici

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