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L'enseignement des mathématiques au lycée, de l'universel au confidentiel ? (les inquiétudes des enseignants)

Paru dans Scolaire le vendredi 29 novembre 2019.

"Le nouveau lycée est entaché d'une erreur de conception dont on ressent déjà les effets délétères : l’appauvrissement très inquiétant de l'offre de formation mathématique", estime l’APMEP. L'Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public a mené une consultation auprès de 500 établissements et elle en conclut qu'il faudrait remettre trois heures de mathématiques dans le tronc commun pour "éviter que des élèves choisissent la spécialité par défaut", une solution également envisagée par la SMF (Société mathématique de France), la SMAI (Société de mathématiques appliquées et industrielles) et la SFdS (Société française de statistique). Dès le printemps 2019, toutes ces organisations avaient publié un manifeste nommé "pour des mathématiques dans le socle commun au lycée" (voir ici) qu'avait également signé la SFBD (Société française de biologie du développement), l’UdPPC (Union des professeurs de physique et de chimie) ou la Fondation Blaise Pascal. Cette proposition a été soumise au comité de suivi de la réforme du lycée. La consultation continue jusqu’au 20 janvier 2020 pour les enseignants en mathématiques (ici).

Pour Sébastien Planchenault, président de l'APMEP, "nous sommes en plein paradoxe". Le ministre Jean-Michel Blanquer a lancé l’année des mathématiques en manifestant son soutien à la discipline en tant que savoir fondamental, le 2 octobre dernier, alors que "la matière est en souffrance". Lors de cet événement, le ministre annonçait : "nous sommes une grande nation des mathématiques. Il y a bien 69% des élèves qui ont opté pour les mathématiques comme enseignement de spécialité, constate Sébastien Planchenault, "mais avant la réforme, nous avions 80% des élèves qui faisaient de mathématiques au lycée". En plus, "le programme est plus difficile que l’ancienne S, la matière est devenue complètement abstraite et élitiste, elle risque de mettre les jeunes en souffrance."

"Les élèves sont surpris et déstabilisés par le programme, puis ceux qui n’y arrivent pas sont déçus et tristes parce qu’ils n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs." Les questions qui se posent alors sont : "que doit-on proposer aux élèves ? Comment stimuler ceux qui pensent arrêter les mathématiques ? Comment leur prouver que les mathématiques ont un intérêt culturel et que les mathématiques ne s’arrêtent pas aux mathématiques ? Comment mettre en place un enseignement interdisciplinaire ? Comment faire pour que les professeurs ne soient pas dégoûtés eux-mêmes ?"

Sébastien Planchenault estime que le choix ministériel est surtout "une question de ressources humaines à résoudre avant la mise en avant des mathématiques". Il espère une annonce de Jean-Michel Blanquer en janvier 2020 et un aménagement de la réforme.

 

Hélène Cénat

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