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Réforme du lycée : comment l'enseignement catholique donne accès aux enseignements de spécialités grâce à l'enseignement à distance (Educatec-Educatice)

Paru dans Scolaire, Orientation le dimanche 24 novembre 2019.

Depuis la rentrée 2019, ce sont 145 élèves de l'enseignement privé catholique de l'académie de Nancy-Metz qui peuvent suivre à distance 14 enseignements de spécialités qui ne sont pas proposés dans leurs établissements, grâce à l'ENT (environnement numérique de travail) Itslearning. Pensé avec l'enseignement catholique et dans le prolongement d'un dispositif d'enseignement à distance déjà adopté depuis les années 2000 dans diverses académies, ce projet a pour objectif de "permettre à des établissements de survivre à la réforme du lycée", notamment des petits établissements, souligne Michel Larrory, chef d'établissement au collège lycée pôle supérieur Jean XXIII de Montigny-Les-Metz. "Dans l'enseignement catholique, la taille moyenne d'un établissement est d'environ 300 élèves, ce qui veut dire que certains n'accueillent que 100 élèves", poursuit le chef d'établissement. Or, dès lors que les petits établissements "ne peuvent plus proposer qu'un nombre restreint d'enseignements de spécialité", ils sont exposés au risque de "la perte de leurs effectifs". Michel Larrory a présenté, avec d'autres intervenants, ce projet lancé à cette rentrée 2019, le fonctionnement de la plateforme Itslearning, outil sur lequel s'appuie cet enseignement à distance, et la façon dont les élèves, enseignants et familles perçoivent l'initiative, ce jeudi 21 novembre 2019, à l'occasion du salon Educatec-Educatice qui s'est déroulé du 20 au 22 novembre 2019 à Paris.

Cet objectif avait été à l'origine, déjà en 1999, de la mise en place d'un dispositif d'enseignement à distance baptisé LOREAD, pour Lorraine enseignement à distance (et qui a utilisé ensuite l'outil Itslearning pour proposer ces enseignements). Ne pouvant offrir une variété d'options suffisante en lycée, des chefs d'établissements, dont Michel Larrory, lui même à la tête d'un petit établissement, avaient imaginé et mis en œuvre ce dispositif, au départ pour 5 établissements. Celui-ci avait permis à une vingtaine d'élèves, pendant les deux premières années, de suivre des enseignement en latin, en italien et en anglais renforcé, alors qu'ils étaient inscrits dans des lycées qui ne proposaient pas ces langues. Un an et demi plus tard, le rectorat attribuait 20 heures pour financer les heures dispensées par les enseignants. Dotation qui permis de proposer des enseignements complémentaires aux lycées catholiques de Lorraine et a augmenté progressivement avec les besoins et l'ouverture de nouvelles matières. L'initiative avait donné naissance à des dispositifs similaires, notamment à Lyon, au Pays Basque et en Haute-Normandie, dont la plupart ont adopté l'ENT Itslearning.

Un enseignant qui dispense les cours à distance et un enseignant référent sur place qui accompagne

Le principe : des enseignants volontaires dispensent leur enseignement en utilisant internet, en déposant consignes et documents sur un espace de cours et en ayant une relation asynchrone avec les élèves via le système de messagerie électronique. Ils peuvent aussi à l'inverse recevoir des documents de leurs élèves et faire des évaluations de manière asynchrone, comme celle d'une expression orale puisque les élèves peuvent s'enregistrer depuis la plateforme. L'élève travaille sur temps scolaire au sein de l'établissement où il est inscrit et qui nomme un référent pour l'accompagner dans sa démarche d'apprentissage.

Les enseignants qui prennent en charge ces enseignements sont rémunérés par les rectorats dont ils dépendent. La première enveloppe avait été attribuée en 2002 à LOREAD, élaboré au début "d'une manière un peu clandestine et hors cadre". Le rectorat de l'académie de Nancy-Metz avait alors accepté de donner pour son fonctionnement une dotation de 20 heures par semaine. Dotation qui était aussi, commente encore le chef d'établissement, "la reconnaissance de la possibilité d'enseigner non plus seulement en face-à-face, mais de manière asynchrone". Depuis, le soutien, devenu pérenne, a permis au dispositif de passer de 20 heures par semaine à répartir sur trois enseignants, à 114 heures de dotation aujourd'hui, à répartir dans les emplois du temps d'une trentaine d'enseignants. Enveloppe, explique Michel Larrory, qui a encore augmenté cette année de l'équivalent d'1,5 ETP (équivalent temps plein), et devrait certainement encore augmenter à la rentrée prochaine avec la mise en œuvre des enseignements de spécialité de terminale.

La répartition des heures aux enseignants est décidée par le groupe qui pilote le dispositif et fait l'objet d'une pondération en fonction du nombre d'heures, mais aussi des différents niveaux pour lesquels les enseignants doivent produire des cours et en assurer le suivi. Ce quota n'excède jamais 6 heures hebdomadaires par enseignant, enseignant qui a "raisonnablement au maximum 30 élèves à sa charge, dans l'idéal 25", précise encore Michel Larrory, "car, si dans le cadre de ce dispositif, les élèves s'impliquent plus, le travail de suivi des enseignants est également plus important".

Cours d'initiation dès l'année prochaine pour permettre une appriopriation plus rapide des outils de la plateforme

Un premier bilan après l'ouverture de ces spécialités a permis de faire remonter quelques difficultés du côté des élèves, qui "ont eu un peu de mal à s'approprier la plateforme", et qui exprimaient le "besoin", comme les enseignants référents, "de connaître un peu plus les outils de base de celle-ci". Pour l'année prochaine, est dès lors envisagée la mise en œuvre de cours d'initiation à son fonctionnement, en plus du dépliant qui a été distribué cette année. Les chefs d'établissements se sont de leur côté montrés "satisfaits du fonctionnement, de l'implication de leurs élèves et de leurs enseignants".

L'ensemble des intervenants présents au salon ont mis en avant d'autres bénéfices du dispositif. Et notamment, celui de permettre une mise en relation régulière entre l'établissement et des enseignants extérieurs, et entre ces derniers et les élèves de l'établissement. Ce qui avait d'ailleurs été un préalable à la mise en place du dispositif LOREAD voulu, dès 2000, pour offrir "davantage de proximité" que le dispositif du CNED, explique encore Michel Larrory. Car avec ce dernier "l'établissement n'a pas de maîtrise sur ce que fait l'élève", souilgne-t-il, et parce que l'élève peut être exposé au risque d'une "démotivation" puisqu'il ne fait que renvoyer des documents.

Une communication parfois plus "directe" qu'en cours

Un intervenant a d'ailleurs également souligné que, "paradoxalement, la modalité rapproche", que la communication peut s'avérer "plus directe notamment par le biais de la messagerie intégrée", que l'enseignant connaît parfois "mieux son élève à distance qu'en présentiel", parce que l'élève "ose exprimer ses difficultés sans le regard de ses camarades". Le dispositif permet aussi, parce qu'il a "des tâches à réaliser", à l'élève de "travailler mieux et plus", alors que dans un cours "traditionnel" "les élèves peuvent s'échapper mentalement d'un cours". En outre, la plateforme est aussi outillée d'outils d'eye-tracking qui permettent "de voir par exemple si un élève ne fait rien" et "de suivre de manière plus fine l'élève au sein de son cours".

D'autres atouts ont également été mis en avant, comme celui de "préparer les élèves à l'enseignement supérieur en les amenant à travailler de manière plus autonome", ou encore celui de permettre aux enseignants de créer un réseau de compétences et de travailler ensemble.

À Nancy-Metz, ce sont au total 596 élèves qui sont inscrits dans une trentaine de matières différentes dans le cadre de LOREAD, pour l'année 2019-2020.

Camille Pons

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