SQOOL : 200 000 terminaux livrés aux lycéens d'Ile-de-France
Paru dans Scolaire le vendredi 22 novembre 2019.
La société Unowhy, qui a développé l'outil Sqool, a son stand sur le salon Educatec-Educatice. Elle est "fière d'avoir livré 200 000 terminaux aux lycéens d'Ile-de-France" à cette rentrée. "On a livré les derniers la semaine dernière", précise Jean-Yves Hepp, président fondateur.
ToutEduc : Avec cette commande de la Région Ile-de-France, vous êtes bien loin de votre point de départ. Pourquoi vous êtes-vous intéressé au marché de l'éducation ?
Jean-Yves Hepp : Nous avons d'abord conçu des tablettes utilisables dans les cuisines, qui résistent aux projections de graisse... Et quand, en 2012, a été publiée l'initiative "inventer le collège du futur", nous nous sommes dit qu'elles résisteraient aussi à des manipulations dans les cours de récréation. Nous avons donc participé à cette réflexion avec le département de Saône-et-Loire, l'université de Poitiers, le rectorat de Dijon et Editis. En 2015, quand François Hollande a lancé le Plan numérique pour l'éducation, nous avions un seul client, la Saône-et-Loire. Puis d'autres départements ont suivi, des villes nous ont dit qu'elles pouvaient être intéressées, et nous avons développé des solutions pour l'enseignement primaire. Nous comptons aujourd'hui 32 départements et 200 villes, une cinquantaine d'établissements privés parmi nos clients, et maintenant s'ouvre le marché des régions pour lesquelles nous avons créé la solution Hi-Sqool...
ToutEduc : Vous ne vous contentez pas de leur distribuer des tablettes résistantes aux chocs...
Jean-Yves Hepp : Non, bien sûr, nous leur fournissons des tablettes ou des PC sur lesquels peuvent être implantées toutes nos solutions de gestion de classe, de gestion de parc et d'interface élèves, les ENT (environnements numériques de travail), les logiciels de gestion comme Pronote, les interfaces avec les éditeurs qui y installent leurs manuels, et un "cloud", hébergé en France, pour toutes les productions des élèves...
ToutEduc : Et vous distribuez vous-mêmes le matériel ?
Jean-Yves Hepp : Nous avons un accord avec La Poste qui assure le déploiement de notre matériel, grâce au maillage territorial. Et en plus, elle assure la maintenance. Elle a en effet développé cette compétence. Nous travaillons également avec une quarantaine d'autres distributeurs.
ToutEduc : D'autres régions pourraient s'adresser à vous ?
Jean-Yves Hepp : Il n'y a que quatre régions qui ont choisi d'équiper à 100 % les lycéens, PACA avec Lenovo, l'Occitanie et Grand-Est avec HP, cinq ou six autres s'interrogent très fortement actuellement, et les trois autres régions métropolitaines nous ont fait savoir que ce n'était pas leur priorité. C'est très dommage. Une politique numérique de haut-niveau représente 1% du bdget de la collectivité. Et on voit se creuser les inégalités entre les élèves selon qu'ils sont dans une région qui les équipe ou pas... Or il y a urgence, d'ici une dizaine d'années, la plupart des métiers supposeront une familiarité avec le numérique.
ToutEduc : Dans les autres régions, les élèves ont leur propre matériel..
Jean-Yves Hepp : En effet, les autorités ont parfois assuré la promotion du BYOD (Bring your own device, apportez votre matériel, ndlr), sans voir qu'elles favorisaient les GAFAM. Apple et Google ont développé leurs "classrooms" virtuelles, l'éducation représente un marché important à l'international.
ToutEduc : Vous même revenez de Chine.
Jean-Yves Hepp : En effet. Une partie de nos matériels sont assemblés en France, mais certains composants sont produits en Chine, pays qui n'est pas seulement pour nous un fournisseur, la "ed-tech" (technologie pour l'éducation, ndlr) y est très développée, tout comme à Singapour ou en Finlande, tous les pays en tête des classements internationaux, et ils regardent avec intérêt ce que nous faisons. C'est aussi le cas des pays de la francophonie, où le nombre des enfants croît plus vite qu'ils ne peuvent construire des écoles, et pour lesquels des matériels comme les nôtres constituent une belle opportunité.
ToutEduc : En quoi vos solutions sont-elles différentes de celles de vos concurrents ?
Jean-Yves Hepp : Elles sont plus complètes, en français, et surtout, nous partons des besoins des enseignants et des élèves, nous cherchons à répondre à leurs attentes, nous les écoutons, nous corrigeons et aménageons nos logiciels en fonction de ce qu'ils nous disent.
Propos recueillis par Pascal Bouchard, relus par Jean-Yves Hepp