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L'enseignement agricole privé en quête d'un rebond

Paru dans Scolaire le mercredi 16 octobre 2019.

Le ministère de l'Agriculture perd, au vu du projet de loi de finances 2020 quelque 190 emplois, dont 60 d'enseignants, 35 pour le public et 25 pour le privé. Nous avons demandé à Philippe Poussin, secrétaire général du CNEAP, comment il analysait ce chiffre et la situation de l'enseignement agricole privé.

ToutEduc : Comment expliquer que le privé perde moins de postes que le public ?

Philippe Poussin : La diminution est à peu près proportionnelle aux nombres d'élèves scolarisés et au nombre d’enseignants. Le public compte environ 10 500 enseignants et le privé temps plein, établissements du CNEAP ou de l'UNREP, 4 800. Il faut remarquer que les MFR, les maisons familiales rurales, ne sont pas directement concernées dans la mesure où elles n'emploient pas d'enseignants, mais des moniteurs, recrutés sur contrats de droit privé, et la subvention que leur verse le ministère est hors dépenses de personnels, "hors titre 2" pour reprendre la terminologie budgétaire.

ToutEduc : De quels arguments dispose le ministère pour justifier ces réductions ?

Philippe Poussin  : On répond à la demande générale d’économie imposée par Bercy et à la demande du ministre de l’agriculture de ne pas fermer de classes donc, la solution trouvée a été le relèvement des seuils de dédoublements. Ils étaient de 16 ou 18 selon les disciplines, ils sont passés à 20 et 24, à charge pour les établissements de faire des choix. Nous notons aussi que la réduction est bien moindre que prévue au début du quinquennat, puisqu’était annoncé le chiffre de moins 150 par an (public + privé) pour limiter le nombre des fonctionnaires. En parallèle, nous perdons malgré tout 450 élèves, cette année, - 1,2%.

ToutEduc : Comment l'expliquez-vous ?

Philippe Poussin : Depuis 5 ans, notre filière "services à la personne et aux territoires", qui représente un tiers de nos effectifs, a perdu 18 % de ses élèves. Cette érosion correspond à la mise en oeuvre par l'Education nationale du bac professionnel ASSP (accompagnement, soins et services et à la personne) et on peut penser que les collèges orientent plus facilement leurs élèves vers les formations Education nationale. De plus, la mention des territoires dans la dénomination de cette formation n'est pas très parlante et peut-être ne savons-nous pas bien la vendre. Cette perte est partiellement compensée par l'augmentation des effectifs en production (+ 9,5 %).

ToutEduc : L'enseignement agricole, public et privé, a longtemps été à la pointe de la pédagogie. Est-ce encore le cas ?

Philippe Poussin : C'est vrai, nous avons lancé la pédagogie de projet, l'expérimentation, la définition par référentiels des diplômes... Sur tous ces points, l'Education nationale nous a rattrapés… pour partie ! et notre ministère n'a plus inventé de diplômes depuis vingt ans. Il me semble pourtant que de nouveaux besoins émergent. L'agriculture urbaine ou la végétalisation des toitures des grandes surfaces qui sont en périphérie des villes nécessitent des compétences au croisement de plusieurs disciplines, ce sont deux domaines auxquels je pense, ainsi qu'à la rudologie...

ToutEduc : La rudologie ?

Philippe Poussin : La science du traitement des déchets, un secteur qui prend de plus en plus d'importance.

 

 

Propos recueillis par P. Bouchard, relus par P. Poussin

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