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Education & Devenir : rester un lieu de réflexion et se coltiner le réel... (interview)

Paru dans Scolaire le jeudi 10 octobre 2019.

 "Ce dont notre époque a le plus besoin, c’est de s’arrêter, de prendre le temps, de ne plus être donc dans l’immédiateté qu’induisent les réseaux sociaux", estime Françoise Sturbaut, présidente d’Education & Devenir qui organisait, début octobre, ses traditionnelles et automnales "Journées d’Avignon" dont la thématique portait, cette année, sur la réforme de la voie professionnelle.

ToutEduc : Quel est "l’état de santé" de votre association ?

Françoise Sturbaut : Education & Devenir connaît une érosion en ce qui concerne le nombre  d’adhésions. Notre assemblée générale a mandaté le conseil d’administration pour mettre en place un certain nombre de mesures afin de faire face à ce phénomène. Phénomène qui se produit alors que, sur le plan du rayonnement, du partage d’idées, notre association est toujours bien présente  et reconnue dans le monde éducatif. 

ToutEduc : La thématique de vos "Journées d’Avignon" de cette année portait sur la réforme de la voie professionnelle : pourquoi ce choix ?

Françoise Sturbaut : Ce choix correspond à ce que nous allons travailler ultérieurement lors de nos deux journées nationales : l’une  le 11 mars à Lille et l’autre le 16 mai à Lyon. Ces deux journées  nationales sont, en effet, consacrées tout particulièrement au questionnement autour de la notion de tri social que porte encore trop souvent l’école. Cette notion de "tri social" est particulièrement prégnante dans l’orientation en voie professionnelle qui est beaucoup plus souvent subie que choisie.

C’est pourquoi nous souhaitions travailler, en préalable de ces journées nationales, sur la voie professionnelle et sur les transformations proposées actuellement par le ministère. À cela s’ajoutaient tout naturellement un bilan et une première tentative de mise en perspective de la réforme du lycée sur la voie générale, objet de l’un de nos ateliers (voir ToutEduc ici).

D’autre part, nous sommes associés à une recherche internationale avec l’université de Montréal et l’université d’Aix-Marseille sur la question du stress des personnels de direction. C’est pourquoi nous souhaitions aussi collectivement  débuter cette réflexion en amont dans le cadre d’un autre atelier des Journées d’Avignon. Enfin, nous avons organisé un dernier atelier autour de la problématique des ressources humaines de proximité, problématique d’actualité s’il en est, que l’on doit traiter au niveau de l’académie mais aussi au niveau de l’établissement. Ce sont tous autant de sujets qui touchent à la fois les élèves et les personnels.

ToutEduc : N’est-ce pas très ambitieux en un week-end ?

Françoise Sturbaut : Certes, mais ce qui fait la richesse et l’originalité de notre association, c’est de se coltiner aux réalités présentes pour tout d’abord les mettre à distance, les mettre en interrogation, les analyser et  faire des propositions. Cela permet aux praticiens que nous sommes de retrouver un sens à nos missions. 

ToutEduc : Pensez-vous que les  grands rendez-vous annuels de réflexion que vous organisez sont toujours pertinents dans une époque où on échange et on co-construit en permanence via les réseaux sociaux ?

Françoise Sturbaut : Ce dont notre époque a le plus besoin, me semble-t-il,  c’est de s’arrêter, de prendre le temps, de ne plus être donc dans l’immédiateté qu’induisent les réseaux sociaux. Face à son écran, sa tablette, son smartphone,... bien peu de réflexion approfondie qui demande du temps pour se construire.

C’est cela la particularité de la valeur ajoutée de notre association : au sein d’un collectif, prendre le temps de réfléchir à des situations, à des actions pour être force de propositions. 

ToutEduc : En matière éducative, les grands medias, les réseaux sociaux,  dans leur majorité, popularisent plutôt les dénonciations catastrophistes ou encore  les positions et propositions  les plus "simples".  Dans un tel contexte, comment faire entendre votre voix ?

Françoise Sturbaut : Je crois que la meilleure façon de faire entendre notre voix est justement de ne pas dévier ... de notre voie. En effet, nous n’avons pas l’intention de faire du buzz mais de réfléchir en toute honnêteté et expérience sur des grandes questions qui traversent l’éducation.  

En France, les réflexions autour de l’éducation sont très souvent passionnelles et, donc, peuvent vite se contenter du sensationnalisme.  Nous, Education & Devenir, nous devons garder le cap car notre expertise est notre meilleure ambassadrice. 

Propos recueillis par Arnold Bac

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