Internat : une solution intéressante, mais qui a ses limites (FCPE - Conseil scientifique)
Paru dans Scolaire le vendredi 04 octobre 2019.
Alors que la Caisse des dépôts doit mobiliser 1 Md€ pour soutenir, à la demande du ministre de l'Education nationale, le développement d'internats, mais que de nombreuses places restent vides dans les internats existants, la FCPE publie un article de Dominique Glasman (Université de Savoie). "La part des internes parmi les élèves du second degré (il n’y a pratiquement pas d’écoliers internes), relativement stable depuis 2000, est de 3,7 % en 2017 (soit 207 100 élèves)", un peu plus dans le secteur privé (4,2 % des élèves) que dans le secteur public (3,6 %) note le chercheur qui évoque pourtant "une augmentation sensible et à peu près régulière" depuis les années 90.
Pourquoi "reprend-il des couleurs" après sa désaffection dans les années 50 et au-delà ? Il permet à l'élève, notamment au collégien "de faire son travail, ne serait-ce que... parce qu’on n’a pas le choix ou que l’on n’a rien d’autre à faire (...). Il est aussi, de divers points de vue, perçu et apprécié comme cadre" : "Ils expriment une demande d’institution" que l’on pourrait exprimer ainsi : "Vous voulez que je travaille ? Donnez-moi les conditions pour le faire !".
Les jeunes pourtant jouent avec les règles, certaines sont "dignes à leurs yeux d’être appliquées", d'autres "leur semblent plus arbitraires" et ils s’autorisent à ignorer les largement, "par exemple l’interdiction d’utiliser son téléphone portable au-delà d’une certaine heure". Même ceux qui apprécient l'internat "peuvent adopter parfois des pratiques de contournement des règles, consomment alcool et tabac, font le mur... "Se confronter à la règle, expérimenter ses limites et explorer les voies de la transgression, est, à l’adolescence, à la fois une manière d’intégrer la loi, de se construire comme individu et de cimenter la solidarité du groupe."
Mais certains jeunes "n’y trouvent pas leur compte", d'autant que "tous les internats ne se ressemblent pas", certains "développent une véritable réflexion et action pédagogique", d’autres "se révèlent plus minimalistes". Et si "l’internat scolaire paraît souvent en mesure de répondre aux attentes qui lui sont aujourd’hui adressées, il serait hasardeux d’en tirer la conclusion qu’il s’agit d’une solution miracle".
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