Dyslexie : des livres paramètrables et adaptés pour chacun des troubles (Mobidys)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le mardi 01 octobre 2019.
Mobidys, une "entreprise d'utilité sociale", lance une offre à l'usage des collégiens dyslexiques, qui seraient deux ou trois dans chaque classe, et dont les difficultés de lecture entravent la scolarité. Les enseignants d'un établissement communiquent à la société une liste d'une trentaine de livres en littérature jeunesse qu'ils souhaitent voir leurs élèves lire. Celle-ci négocie avec l'éditeur les droits, récupère le texte sur fichier et le convertit au format qu'elle a créé, FROG (pour "free your cognition"). L'élève, qui dispose d'un compte, télécharge le livre sur une tablette, un téléphone, un portable... et dispose de diverses fonctions, pour écarter les lettres si c'est ce qui le gêne, pour coloriser les syllabes si c'est leur distinction qui crée le trouble...
Le collège indique aussi quels sont les manuels utilisés, et la société en fournit une version lue sur un fichier audio qui accompagne son utilisation papier, pour, là encore, pallier les difficultés. L'établissement paie un abonnement, le tarif varie selon le nombre d'élèves, de 2 500 à 3 000€ pour un collège de taille moyenne. Des discussions sont en cours avec le ministère pour que le service puisse être intégré aux ENT (environnements numériques de travail), et éviter un mot de passe supplémentaire.
C'est une "geek", Marion Berthaut, qui a créé la société avec l'aide d'une orthophoniste, Nathalie Chappey (qui a depuis créé les Editions Prune, spécialisées dans les troubles des apprentissages et l’accessibilité), et d'un éditeur, Jérôme Terrien. Pendant trois ans, ils ont proposé aux éditeurs des solutions pour prendre en compte les problèmes spécifiques à certains handicaps, et depuis un an, ils testent, dans une cinquantaine de collèges, cette possibilité de "customiser" les livres à la demande, grâce à leur outil et à l'intelligence artificielle. Ils ont noué des partenariats avec la quasi totalité des éditeurs scolaires et de très nombreux éditeurs de littérature jeunesse, et avec une entreprise suédoise, moins avancée sur la technologie "FROG", mais disposant d'une solution informatique pour les téléchargements de fichiers à la demande. L'expérience prouve que la plupart des élèves, séduits par la nouveauté, téléchargent des titres, que la plupart n'ont pas besoin de modifier les paramètres de lecture, mais que quelque 5 % d'élèves "non dys" viennent chercher un confort qui leur manque sinon.
L'entreprise, qui a bénéficié du soutien du ministère de la Culture et de divers organismes du type mutuelles, procèdera l'an prochain à une levée de fonds pour aller au-delà du collège, au lycée et, pour les plus jeunes, du côté des albums. Elle compte qu'avec un nombre suffisamment important d'établissements, les listes de livres comportant souvent des titres communs, elle pourra satisfaire la demande sans multiplier à l'infini le nombre des ouvrages, romans ou manuels, ainsi traités, et parvenir à l'équilibre financier. Les associations peuvent également constituer une "FROGothèque" à destination des publics éloignés de la lecture.
Le site de Mobidys ici