La PEEP favorable aux réformes, mais inquiète de leur mise en oeuvre
Paru dans Scolaire le mardi 17 septembre 2019.
La PEEP va lancer "un cercle indépendant de réflexion sur la place du numérique dans l'école de demain", annonce Gérard Pommier, à l'occasion de la traditionnelle conférence de presse de rentrée de la fédération de parents d'élèves. Son président évoque également un appel aux adhérents pour avoir dans chaque département des correspondants du groupe "Santé et prévention", afin de faire un état des lieux de ce qui est mis en place dans les établissements en termes de lutte contre le harcèlement et de prise en compte du handicap. Sur l'orientation, "un travail est en cours avec une structure" (dont il ne donne pas le nom) pour une meilleure distinction de l'information sur les formations et les débouchés et les processus d'orientation eux-mêmes. La PEEP jouera également son rôle dans la réflexion sur l'éducation prioritaire puisque Ariane Azéma et Pierre Mathiot ont prévenu ses dirigeants qu'ils proposeraient dans leur rapport de ne pas toucher aux réseaux REP+, mais que les REP devraient être construits sur le terrain.
La fédération est plutôt favorable aux réformes en cours, mais s'inquiète de leur mise en oeuvre. S'agissant des évaluations en CP et CE1, elle demande que les parents aient systématiquement un retour des informations concernant leur enfant, ce qui n'est réalisé que dans moins de la moitié des cas. Pour "devoirs faits", autre dispositif auquel la PEEP est "plutôt favorable", il ne faudrait pas qu'il soit confondu avec "devoirs finis", le but est en effet d'apporter une aide de type méthodologique aux élèves, et non pas uniquement de les accueillir en fin de journée.
Les sujets d'inquiétude de la fédération touchent, pour beaucoup, au lycée, qu'il s'agisse des absences non remplacées d'enseignants alors que se met en place le contrôle continu pour le bac, ou des établissements qui restreignent à 15 ou 20 le nombre des "triplettes" offertes au choix des élèves, ou encore de l'insuffisance des locaux qui ne permet pas que "les trous" dans l'emploi du temps des élèves soient mis à profit pour le travail individuel. La PEEP aimerait également avoir davantage d'informations sur le rôle que vont jouer les Régions en matière d'orientation.
Alors que la Région Grand-Est lance le programme "lycées 4.0", la PEEP liste les risques, notamment en termes d'accroissement des inégalités mais aussi de surexposition aux écrans, que génère le "toujours plus de numérique", d'où sa volonté de constituer une instance de réflexion indépendante. La fédération annonce qu'elle participera aux comités de suivi des réformes du lycée et du bac, qui doivent se réunir en plénière trois fois par an, mais dont les commissions doivent être l'occasion de soulever des points qui peuvent paraître de détail : si un élève est pris à tricher lors d'une épreuve de contrôle continu, doit-il être sanctionné comme un jour d'examen ? Peut-on organiser autrement les conseils de classe, alors que la notion même de classe perd de son sens, et faut-il imaginer deux conseils de classe, un par groupe de spécialité, un par groupe de tronc commun, sur un rythme semestriel ?
L'un des enseignements de l'Observatoire de rentrée scolaire cette année est que, s'ils sont plutôt satisfaits, les parents se plaignent de leur mauvais niveau d'information : 57 % des parents concernés n'ont pas reçu d'informations sur les tests de CP et CE1. Sur le harcèlement et le handicap, le groupe "Santé et Prévention" mis en place au niveau national prépare, parmi d'autres outils de prévention et d'information, deux guides à destination des parents. Au lycée, un parent sur quatre, parmi les adhérents de la fédération qui ont renseigné le questionnaire "n'a pas compris la réforme et son fonctionnement". Même si cela peut se comprendre pour une première année de mise en place "à marche forcée", c'est là pour la fédération un important point de vigilance.
La PEEP a reçu 8 234 réponses à son questionnaire entre le 4 et le 9 septembre.
Le site de la PEEP ici