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Le SGEN-CFDT voudrait "un plan Marshall" pour l'éducation

Paru dans Scolaire le mardi 10 septembre 2019.

La rentrée "se passe plutôt bien", estime le SGEN-CFDT, mais Catherine Nave-Bekhti ajoute que les personnels "démarrent l'année déjà fatigués". Ils ne sont pas démoralisés dans la mesure où ils s'engagent pour la réussite de leurs élèves, mais ils n'ont pas eu de réponses aux questions qui ont provoqué les tensions de l'an dernier, et ils doivent faire, au lycée, avec "des programmes bâclés". Lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée, après avoir listé les difficultés et problèmes, la secrétaire générale estime que l'Education nationale "a besoin d'un plan Marshall".

La question des salaires est particulièrement prégnante. L'organisation syndicale devrait publier cet automne une étude sur leur évolution. Elle peut déjà indiquer qu'un enseignant certifié qui a 10 ans d'ancienneté a un salaire inférieur de 20 % à celui de son homologue de 1982 (21 % pour un agrégé, 8% pour un professeur des écoles, 7 % pour un PLP). Son salaire net (primes comprises) a diminué de 16 % quand celui des magistrats augmentait de 24 %. Sur les retraites, un sujet particulièrement "anxiogène", le SGEN entend que la négociation soit l'occasion d'une amélioration de toutes les rémunérations et que personne n'y perde dans le calcul des pensions.

En ce qui concerne le 1er degré, le SGEN place en tête des difficultés le nombre de postes de directeurs non pourvus, un problème récurrent mais particulièrement sensible cette année d'autant qu'il s'agit souvent de postes auxquels sont attachées des décharges importantes. Les enseignants ont sans doute été particulièrement déçus de constater que l'annonce d'une négociation dans l'agenda social n'avait pas eu de suite. Quant aux CP et CE1 dédoublés, ils apportent aux élèves et aux enseignants un réel confort de travail, "sauf en cas d'absence de dynamique de classe". Et la mesure s'accompagne d'une "pression permanente" de la hiérarchie, d'un "pilotage intrusif" qui met à mal l'animation du réseau d'éducation prioritaire et qui amène à renoncer à l'EPS ou à l'ouverture culturelle, aux disciplines artistiques pour atteindre les "100 % de réussite" en lecture.

Les collèges apparaissent comme "l'angle mort de la politique ministérielle" et leur situation est très hétérogène. Ainsi certains établissements ont totalement renoncé aux EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) quand d'autres les ont développés, souvent en réponse à des situations difficiles. Une circulaire sur la prise en compte, pour le calcul des effectifs, des élèves scolarisés dans les ULIS ou UP2A, a bien été envoyée aux rectorats, mais elle date du 2 septembre, et si certaines académies ont, malgré la date tardive, débloqué la situation, c'est loin d'être le cas partout.

De même dans les lycées professionnels, la situation est très variable selon les régions. Les heures prévues pour les dédoublements sont loin d'être arrivées dans tous les établissements, "certaines académies font d'autres choix", sans tenir compte des consignes ministérielles. De même, les heures prévues pour la co-animation devaient être consacrées, durant les deux premières semaines, à la concertation entre enseignants, il a fallu un rappel du ministre aux recteurs pour que la mesure soit effective. Pour les chefs d'oeuvre, l'intervention de deux enseignants est prévue, mais dans nombre d'établissements, un seul est désigné. Dans d'autres, on ne sait sur quelles marges de manoeuvre prendre les heures pour les CAP en 3 ans... "Autant de dispositifs intéressants pour lesquels les moyens manquent", quand ils ne sont pas pris pour d'autres priorités. Comment, dans ces conditions, "parler de revalorisation de la voie professionnelle". S'y ajoutent les inquiétudes générées par des fermetures brutales de classe de la série GA ou par la définition tardive des familles de métiers.

La situation est également anxiogène dans les lycées d'enseignement général et technologique. La réforme, notamment du bac, n'est pas finalisée, notamment en termes d'organisation des E3C (épreuves communes du contrôle continu), dont les premières sont pourtant prévues dans quelques mois. Pour les emplois du temps, la mise en oeuvre des enseignements de spécialité n'a pas constitué "un saut de complexité", mais les outils informatiques de conception sont arrivés très tard. Et surtout, de plus en plus d'enseignants refusent d'être professeur principal. La circulaire qui définit leur tâche, compilation des textes existants, reste fondée sur le principe : un professeur principal, une équipe, une classe... sans tenir compte du fait que les groupes classes n'existent plus !"La mission est impossible à exercer."

Le SGEN-CFDT voit d'un oeil plutôt favorable le report en M2 du concours de recrutement des enseignants stagiaires, à la condition d'une refonde des concours, qui devraient compter moins d'épreuves et faire davantage de place aux compétences professionnelles, d'une meilleure répartition des charges entre M1 et M2 et d'une rémunération des étudiants avec une montée progressive de leurs responsabilités.

Interrogée sur les textes qui viennent d'être publiés sur la formation des enseignants prise sur les vacances, Catherine Nave-Bekhti indique qu'ils étaient rendus nécessaires par la mise en oeuvre de la formation interuniversitaire de quelque 2000 enseignants en informatique. Mais ni le décret, ni la circulaire ne mentionnent le volontariat des enseignants, ni ne donnent un cadrage suffisamment précis de la mesure.

Plus globalement, le SGEN "prend acte" de la nouvelle posture du ministre, qui a rencontré les organisations syndicales avant la rentrée, et il se garde bien de dénoncer tous les dispositifs pédagogiques annoncés, mais il pointe les choix des académies qui contredisent les annonces politiques, les lacunes voire les incohérences, l'absence de finalisation des réformes, et partout la faiblesse des moyens.

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