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Rentrée : Des enseignants "très préoccupés", un ministre qui "change de ton" (SNUIPP)

Paru dans Scolaire le lundi 26 août 2019.

Le SNUIPP inaugurait, ce 26 août, la série des traditionnelles conférences de presse de rentrée, et le syndicat du 1er degré décrit des enseignants "très préoccupés", sans doute davantage tentés par certaines formes de résistance passive, de "contestation silencieuse" de la politique de Jean-Michel Blanquer que par la contestation bruyante. Les militants estiment pourtant que "les mobilisations peuvent payer", et qu'ils ont obtenu le retrait des dispositions relatives aux "écoles des savoirs fondamentaux" ou aux directeurs d'école prévues dans le texte de loi "Pour une école de la confiance". Participant à la délégation syndicale de la FSU reçue ce matin par le ministre de l'Education nationale, Régis Metzger, co-secrétaire général, estime que "le ton a changé". J-M Blanquer a affirmé qu'il entendait "prendre en compte l'expertise des organisations syndicales". Il serait prêt à ouvrir des discussions sur les salaires, mais sur le budget 2021, et sur des mesures d'action sociale pour l'accès des enseignants au "Pass Culture", pour le logement, sur la protection des enseignants victimes de violences... Le ministre évoque également un "contrat avec les familles" pour le respect de l'assiduité scolaire.

Mais pour le syndicat, la volonté de "mise au pas" des enseignants est évidente. La circulaire de rentrée (voir ToutEduc ici) témoigne d'une vision mécanique des apprentissages qui peut être assimilée à du formatage. Dans quelle mesure certains IEN (inspecteurs 1er degré) tenteront-ils d'imposer les recommandations ministérielles ? Les évaluations de CP et de CE1 ont certes été amendées, mais "la philosophie reste la même", "aller de la lettre au son", et elles ne débouchent toujours pas sur un panel riche d'activités. Les enseignants qui l'an dernier ont refusé de renseigner le site dédié, voire de les faire passer, jugeant qu'elles stressent inutilement les élèves qui, venant de la maternelle, ne sont pas encore installés dans les usages scolaires, et qu'elles leur donnent finalement bien peu d'informations utiles sur leurs difficultés, "ont été menacés de sanctions" et ils pourraient, cette année, se contenter d'une forme de "contestation silencieuse", en en faussant les résultats.

Des rigidités

Autre sujet d'inquiétude, la loi qui prévoit l'abaissement à 3 ans de l'obligation d'instruction met en place une possibilité d'aménagement, pour le temps de la sieste notamment, extrêmement lourde. Il faut que la famille en fasse la demande, ce qu'elle ne fera sans doute pas avant la rentrée, puis que le directeur de l'école réunisse l'équipe pédagogique, y compris le médecin scolaire et les personnels du RASED, l'inspecteur doit encore donner son avis... Les mesures d'aménagement ne seront donc pas mises en place à la rentrée, au moment où elles seraient le plus utiles.

Le syndicat annonce d'ailleurs la mise en place d'un "Observatoire des pratiques" qui doit "permettre à la profession de s'exprimer" sur la maternelle comme sur les évaluations et tous les sujets qui les préoccupent. Une jeune enseignante interrogée par ToutEduc évoque ainsi ses craintes de voir la relation avec le directeur d'école devenir un rapport hiérarchique, ce qui l'appauvrirait beaucoup, ou de voir les écoles administrées par un collège tête de réseau... Elle s'inquiète aussi de voir les CP dédoublés, faute de locaux, être remplacés par la co-intervention de deux enseignants, ce qui ne peut marcher que s'ils s'entendent parfaitement et s'ils travaillent beaucoup en amont... Elle apprécie par ailleurs peu un ministre qui "croit tout savoir".

Mais d'autres sujets préoccupent les enseignants, à commercer par les salaires, 2 170€/mois net pour un.e enseignant.e de 42 ans (âge moyen), "le salaire le plus faible de la fonction publique", une réforme des retraites qui serait, a priori, pénalisante, une réforme mal organisée du "mouvement" (les mutations, ndlr) qui a donné lieu à de nombreux bugs, des PIAL qui seront "chargés de gérer la pénurie" en matière d'accompagnement des élèves en situation de handicap, des questions de formation non résolues, même si J-M Blanquer annonce un comité de suivi des INSPE (nouvelle dénomination des ESPE, ndlr) et un "schéma directeur" pour la formation continue...

Voir le site du SNUIPP ici

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