Un appel à témoignages de parents d'enfants handicapés qui n'ont pas de place à l'école pour que société et pouvoirs publics prennent la mesure des inégalités vécues par ces élèves (UNAPEI)
Paru dans Scolaire le vendredi 09 août 2019.
"Pouvons-nous continuer à passer sous silence le scandale de milliers d'élèves en situation de handicap qui sont sans solution adaptée à leurs besoins. Nos associations, les parents, les enfants, les professionnels restent confrontés tous les ans à la même problématique : nos enfants en situation de handicap vont-ils pouvoir cette année suivre un parcours scolaire ?" À travers les mots de son président, l'UNAPEI (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) affiche l'objectif premier de la campagne qu'elle lance ce vendredi 9 août 2019 : "révéler les situations des enfants en situation de handicap non pris en charge par l'école ordinaire ou par un établissement spécialisé" et "rendre visibles les invisibles". Cette "mobilisation citoyenne", baptisée #jaipasecole, passe par une plateforme internet dédiée, www.marentree.org, sur laquelle l'UNAPEI invite les parents d'enfants en situation de handicap qui n'ont pas de place à l'école, qu'elle soit ordinaire ou spécialisée, ou qui sont accueillis par défaut dans des structures qui ne leur conviennent pas, ou qui ne bénéficient que d'un accueil partiel, insuffisant, inadapté à leur besoins, à témoigner. En donnant la parole aux familles, l'UNAPEI, avec 14 autres partenaires associatifs œuvrant dans le champ du handicap, de la solidarité ou du droit de l'enfant qui se sont associés à elle, espère "faire connaître au plus grand nombre la réalité de leurs parcours souvent chaotiques, source d'exclusion", et amener "la société et les pouvoirs publics à prendre la mesure des inégalités vécues par les élèves en situation de handicap partout sur le territoire français".
Il s'agit aussi par ce biais de disposer d'un outil qui "permette d'évaluer les besoins partout sur les territoires" alors que la réalité "reste floue". Les chiffres "manquent", "pourquoi ?", "depuis combien de temps" des enfants, pourtant "nombreux", "n'auront pas solution de scolarisation à la rentrée ou des solutions que très partielles", interroge l'Union dans son communiqué. Celle-ci livre néanmoins sur son site les dernières estimations faites par le Commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe à ce sujet : aujourd'hui, ils seraient 20 000 enfants et adolescents handicapés sans solution éducative, alors que "des dizaines de milliers d'autres se contentent des réponses éducatives partielles".
Même si l'UNAPEI considère comme "des avancées" les mesures annoncées en juin dernier par le ministre de l'Éducation nationale et la secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, les témoignages auront deux autres intérêts : permettre d'identifier "les manquements de notre pays" et de collecter les témoignages "régulièrement demandés par le gouvernement quand on les sensibilise aux réalités vécues par les familles".
Camille Pons