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Baccalauréat : la colère syndicale

Paru dans Scolaire le mercredi 10 juillet 2019.

"Il a livré en pâture à l'opinion la profession." Cette formule illustre bien la colère que portent les organisations syndicales du 2nd degré, SNES-FSU, SNALC, SNLC-FO, CGT Educ'action, SUD-Education, CNT, auxquelles s'étaient joints des représentants de l'UNL, du mouvement des "stylos rouges", de l'AG des enseignants de l'académie de Toulouse, de la coordination des établissements en lutte... et qui présentaient à la presse, ce 10 juillet, leurs réactions aux déclarations de Jean-Michel Blanquer. Le ministre de l'Education nationale "a jeté de l'huile sur le feu", il a adopté "une rhétorique guerrière", d'ailleurs reprise par le président de la République... Les mots "mépris", volonté de minimiser le mouvement, mensonge, reviennent systématiquement. Il est "réfractaire à tout dialogue", "il a trouvé le moyen de rompre le dialogue avec à peu près tout le monde", "c'est le ministre qui reçoit le plus, mais il ne bouge pas d'un iota". Il recevra "en bilatérale" la semaine prochaine les organisations représentatives, parfois à 7h le matin, "mais si c'est pour nous faire la morale, ça ne va pas durer très longtemps". Toutes les organisations redoutent de devoir écouter un monologue, et toutes demanderont à être reçues "en intersyndicale".

Elles affichent leur soutien aux personnels qui pourraient être sanctionnés ou subir une retenue sur salaire supérieure au nombre de jours de retenue des notes, ce qui serait illégal, analysent-elles. Une caisse de solidarité a d'ailleurs été constituée, déjà riche de 33 000€ (73 000 selon le Figaro, ndlr). S'agissant des organisations absentes, le SGEN-CFDT n'a pas répondu à l'invitation, mais ne cache pas ses inquiétudes pour la rentrée, quant au SE-UNSA, il dénonce le durcissement de ton du ministre (voir ToutEduc ici). "Ce ministre est clivant, il a fédéré contre lui, même les non-grévistes ont été choqués de son attitude, mais aussi de voir, notamment à Albi et Fonsorbes, qu'ont été fabriquées des notes qui n'existaient pas", rapporte la déléguée toulousaine.

Des notes inventées

C'est en effet un autre motif de colère. Non seulement le ministre a déclaré que seule une vingtaine de jurys étaient en difficulté alors qu'ils étaient, rien que sur Toulouse, plusieurs dizaines, mais en plus, il aurait encouragé, pour tenir le calendrier, de nombreuses irrégularités. Des présidents ou vice-présidents de jurys auraient d'ailleurs signalé aux procureurs des actes illégaux, comme d'inventer des notes lorsqu'elles manquaient sur les bulletins trimestriels, ou de mettre des zéros de façon à faire pression sur les jurys pour qu'ils mettent des notes ...

Au-delà, c'est la possibilité même de la mise en oeuvre de la réforme du lycée qui fait problème. Le ministère lui-même "découvre les difficultés" au fur et à mesure. C'est ainsi que l'administration s'est rendue compte que, pour que les notes des enseignements de spécialité puissent être prises en compte par Parcoursup, il fallait que les épreuves terminales aient lieu au mois de mars, ce qui l'amène à reporter au 3ème trimestre les E3C (épreuves communes de contrôle continu) qui étaient prévues au 2ème trimestre (voir ToutEduc ici). Les banques de sujet sont vides, les sujets "zéro" ont "consterné" les enseignants qui devront pourtant préparer leurs élèves à passer une première épreuve de contrôle continu au mois de janvier.

"Les emplois du temps ne seront pas prêts, ils sont infaisables"

Les programmes de terminale, examinés demain et vendredi par le CSE, ont été réécrits par le Conseil supérieur des programmes "en pire", "sans tenir aucun compte des remarques faites par les syndicats et les associations de spécialistes". En histoire-géographie, "on nous a menti, on nous a dit que le programme serait allégé, il est encore plus lourd". Et pendant que l'établissement sera bloqué pendant 8 jours pour que les élèves de première subissent les épreuves de contrôle continu, que feront les élèves de seconde ? "On nous répond qu'ils pourront travailleur à leur orientation. C'est se moquer du monde !". "On ne peut pas préparer nos élèves quand tout est mouvant. Ce qui se profile est ingérable. De toute façon, la rentrée n'aura pas lieu, les emplois du temps ne seront pas prêts, ils sont infaisables."

S'ils prévoient des difficultés de mise en oeuvre et d'autres qui tiennent intrinsèquement à la réforme, beaucoup estiment qu'elles seront redoublées par des mouvements de grève qu'appellent de leurs voeux plusieurs organisations. Dans certains établissements, elle est déjà votée pour le jour de la rentrée. Partout, les syndicats invitent les personnels à réunir des assemblées générales dès la pré-rentrée. "On n'est pas dans l'idée d'une grève le jour de la rentrée", précise la co-secrétaire générale du SNES, mais "on n'en restera pas là !" Le SNALC ajoute que "les collègues en ont ras-le-bol des journées de grève qui ont peu d'échos médiatiques et qui n'obtiennent rien" mais qu'en s'en prenant au symbole du baccalauréat, les enseignants ont obtenu que la question de leurs salaires, "dont personne ne parlait il y quelques mois, est devenue légitime. Même le président l'a évoquée."

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