Scolaire » Actualité

Corrections du bac : une mobilisation qui s'amplifie (SNES), un phénomène marginal (JM Blanquer)

Paru dans Scolaire le jeudi 04 juillet 2019.

50 000, 80 000 copies retenues par les correcteurs du bac partout dans le pays ? Difficile à dire. Pourtant les responsables du Snes gardent le contact avec le terrain. Le syndicat FSU du 2nd degré organisait ce 4 juillet une conférence de presse et évoque une mobilisation qui dépasse en plusieurs endroits le cadre initialement fixé, la remise des copies le vendredi après quelques jours de rétention. L'organisation en attribue la responsabilité à "la communication du ministre qui a durci la mobilisation des enseignants" et aux pressions exercées "pour que les résultats tombent vendredi".

Pour le Snes, on pourrait voir se multiplier les recours car certaines dispositions prises par le ministère seraient illégales, notamment la substitution à la note de l'épreuve d’une moyenne des notes des trois trimestres, donc le contrôle continu. Le syndicat demandera à ses adhérents d’accompagner l’élève dans sa demande de consultation de sa copie, d’où il pourrait vérifier si sa note correspond à celle retenue par le jury ; mais en tout état de cause, "tout jury doit pouvoir évaluer une copie  dans sa délibération, ce qui dans nombre de situations ne sera  donc pas possible". Autres irrégularités constatées : les jurys doivent être présidés par des universitaires désignés par le recteur, ce qui n'a pas toujours été le cas.

"Il est anormal qu’on arrive à ce point de tension."

Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du Snes dénonce l'idée que le mouvement serait celui d’une "minorité" et elle évoque plusieurs cas où des correcteurs non grévistes ont refusé "par solidarité" de corriger à la place de grévistes. "Il est difficile de faire des statistiques, ajoute t-elle, mais au-delà de Toulouse, Créteil, Montpellier, Lille, on voit maintenant Dijon, Caen, Rouen…le mouvement touche de très nombreux jurys. Tout cela est le résultat des choix de Blanquer. Il est anormal qu’on arrive à ce point de tension."

Pour sa part, le ministre a tenu une conférence de presse un peu plus tard dans l'après-midi, et Jean-Michel Blanquer a remercié les 175 000 correcteurs ainsi que les chefs d’établissement qui ont permis son organisation. Pour lui, seuls 700 correcteurs n’auraient pas rendu quelque 30 000 copies sur un total de 4 millions. Toujours selon lui, ils étaient 1500 la veille. Il qualifie cet acte de "phénomène marginal, mais néanmoins gênant". Ces 700 correcteurs seront sanctionnés financièrement, car "ils ont perdu leurs points de repère et se sont mis en situation illégale". Par ailleurs, le ministre salue "les syndicats qui ne sont pas rentrés dans cette logique".

Les académies les plus touchées seraient Créteil, Versailles et Toulouse, "les fiefs habituels de la revendication".

Une perte de la notion de service public

Le ministre a également confirmé que les notes de contrôle continu ont été utilisées pour pouvoir publier à la date voulue les résultats du baccalauréat. "Pour la petite minorité, c’est-à-dire 4% des élèves, qui n’aurait pas leurs résultats définitifs demain, elle les aura en début de semaine prochaine. Aucun élève ne doit être lésé. Selon le principe d’égalité, la note la meilleure sera retenue. Je ne veux pas nier que cela va créer des problèmes. Je le regrette mais l’acte de ne pas rendre les copies correspond à une perte complète de la notion de service public."

Le ministre profite de cette conférence de presse pour insister sur l’importance que le service public a à ses yeux, "tout comme le bac". Il souhaite "concentrer l’attention sur les 99% des personnes qui font réellement leur travail". Il ajoute : "Je défends les professeurs. Ils ne sont pas toujours d’accord avec moi mais nous prenons les décisions après consultation et concertation. Je ne travaille pas dans le chantage et je reste serein, car le dialogue existe avec les organisations représentatives à propos de la rémunération et du bien-être des professeurs. Ma porte reste toujours ouverte pour garantir la qualité du service public. Je ne peux accepter la logique de sabotage de la part de minoritaires. Je ferai plus attention aux constructifs."

Quant à la réforme du baccalauréat, pour le ministre, "son annonce est déjà ancienne, Ce n’est pas une réforme précipitée : elle a commencé en juin 2017 pour s’achever en juin 2021. C’est une réforme qui est façonnée par le dialogue social."

Dernière minute : le ministère indique que chaque centre d'examen "sera en mesure d'afficher, en même temps que les résultats, la liste des élèves qui auraient une note provisoire".

Michel Delachair et Helène Cénat

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →