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Lecture : un réquisitoire contre les préconisations du ministres signé par les principaux syndicats et mouvements pédagogiques

Paru dans Scolaire le dimanche 30 juin 2019.

En matière de lecture - écriture, les préconisations de Jean-Michel Blanquer "tournent le dos à l’ensemble des acquis de la recherche" et "privent les enseignants de leur réflexion pédagogique, nient leur professionnalité et les transforment en simples exécutants" écrivent dans un "4 pages" les trois principaux syndicats du 1er degré, le SE-UNSA, le SGEN-CFDT, le SNUIPP-FSU appuyés par le SNPI, le syndicat FSU des inspecteurs, les principaux mouvements pédagogiques, CRAP-Cahiers pédagogiques, GFEN et ICEM-Pédagogie Freinet, auxquels se joignent l'AFEF (Association française pour l’enseignement du français), la Ligue de l’enseignement et la FCPE. La démarche est, à notre connaissance, d'une ampleur inédite.

La critique de la politique ministérielle se fonde sur des arguments de plusieurs ordres, mais ne nie pas la gravité de la situation. "Depuis 2001, les performances des élèves français dans la compréhension fine des textes ne cessent de diminuer" et "il faut en urgence réduire les inégalités scolaires".

Il faut donc agir mais la méthode préconisée est-elle la bonne ? Non, d'abord pour des raisons scientifiques, elle serait même contre-productive, estiment les signataires. "Laisser penser, comme dans le 'guide orange', que lire consiste essentiellement à identifier les graphèmes et les mots, à oraliser le texte le plus rapidement possible, conduit à des malentendus sur la nature de l’activité, dont beaucoup d’élèves ont du mal à se débarrasser ensuite (...). Apprendre à lire, c’est tout de suite apprendre à comprendre ce qui est écrit (...). Un consensus se dégage de la communauté scientifique. Mener simultanément des activités sur le code et le sens fait que ces compétences se renforcent mutuellement." Le ministre estime "que l’accès au sens sera travaillé plus tard, une fois que les élèves sauront décoder rapidement", mais, estiment les signataires, "cette conception étapiste et mécanique de l’apprentissage donne de mauvais résultats".

Une conception verticale de l'enseignement

Ces recommandations auxquelles s'ajoutent la révision des programmes, le slogan "100% de réussite au CP" et le "tout syllabique" ne constituent d'ailleurs pas "des outils d’aide aux enseignants", elles sont "au service d’une conception verticale, autoritariste et terriblement réductrice de l’enseignement". Or être enseignant, c'est exercer "un métier de concepteur et non d’exécutant", "c’est adapter les réponses aux situations", c'est avoir pour références "le collectif de travail, la formation initiale et continue, l’accès à l’ensemble des travaux de la recherche" pour "construire des situations d’apprentissage". "C’est l’opposé de ce que prescrit le ministre avec des pratiques de classe identiques partout et à chaque instant."

Car, et c'est le troisième volet de cette critique en règle, "la diversité des élèves et des contextes d’apprentissage oblige les enseignants à réinventer sans cesse leur métier". Or la méthode préconisée par le "Guide orange" vise "à homogénéiser les classes" et exige de la part des élèves "de la docilité". Elle les transforme "en robots répétiteurs de sons, de syllabes, de phrases et de textes vides de sens", au risque que "la représentation initiale de l’écrit qu’ils vont se forger" ne constitue "un empêchement à la construction du sens".

Un choix politique

Et les signataires s'interrogent : "La façon de considérer l’acte de lire et d’écrire constitue un choix politique qui doit répondre à la question centrale : quelle école voulons-nous, pour quelle société et quels citoyens ?" En attendant, ils considèrent que "le travail en cycles doit se poursuivre car il permet la réflexion collective, la cohérence et la continuité des apprentissages". Les enseignants doivent toutefois prendre en compte les réactions des familles puisque "l’entrée dans l’écrit cristallise le rapport des parents à l’institution scolaire". Il faut donc répondre à leur "demande de compréhension et de clefs pour accompagner leurs enfants". Les enseignants peuvent aussi s'appuyer sur les mouvements d’éducation populaire dont les actions "prolongent l’apprentissage de la lecture en classe en inscrivant les enfants dans des parcours d’éducation artistique et culturelle".

Le 4 pages "Apprendre à lire,oui mais comment ?" ici

 

 

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