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Le fondement de la coopération intermétiers dans l'éducation, c’est la négociation et la construction d’accords (revue de l'OCCE)

Paru dans Scolaire le mardi 02 avril 2019.

"L’école pour tous résulte d’une responsabilité collective qui oblige à mettre en place des espaces de travail intermétiers et donc à repenser les modes de fonctionnement entre les professionnels agissant auprès de l’enfant." Ce propos commun à deux chercheurs de l’université Clermont-Auvergne, Corinne Mérini et Serge Thomazet, est repris par Marie-France Rachédi dans l’introduction du dossier La coopération intermétiers à l’école, dossier qu’elle a coordonné pour la revue de l’OCCE (Office central de la coopération à l’école, ici), Animation et Education.

Pour la rédactrice en chef de cette revue pédagogique, l’enseignant n’est pas seul à transmettre des savoirs, à opérer des choix importants dans et pour le parcours d’un élève dont le développement harmonieux nécessite une cohérence éducative entre tous les acteurs qui interviennent auprès de lui. La complexité des problématiques économiques, sociales et culturelles renforce le poids des enjeux éducatifs dans la réussite d’un parcours de vie. Cette réalité accroît l’urgence d’une coopération entre les professeurs et tous ceux, et en particulier les autres professionnel de l’éducation, qui à des degrés et à des moments divers, ont en responsabilité l’enfant et le jeune.

Cependant, sur le terrain, les réticences à la mise en place effective de cette coopération restent fortes. Les arguments pour se refermer sur sa discipline ou son niveau d’enseignement ne manquent pas : emplois du temps incompatibles entre les différentes parties prenantes ; absence de lieux d’échanges ; pas de rémunération de temps de concertation non inclus dans le temps de service…

Or, la coopération intermétiers demande des flexibilités structurelles, organisationnelles mais aussi personnelles. Cette coopération impose de trouver un équilibre entre l’individuel et le collectif et ce, pour le bien-être des élèves.

Interviewée dans le cadre du dossier par Marie-France Rachédi, Corinne Mérini met en avant le fait que la situation d’intermétiers est traversée par de nombreux dilemmes, dont celui de la temporalité. Selon elle, chaque métier a un rapport spécifique au temps qui structure son identité et ses gestes professionnels. Mais des solutions sont possibles, même si cela exige beaucoup d’efforts au début. Pour la chercheuse, on va finir par s’accorder sur un rythme de rencontres sans se contenter des moments institutionnalisés et on va le formaliser. On va créer de nouvelles formes de travail et d’organisation permettant de construire ces temps en commun. Elle en est convaincue : le fondement de la coopération intermétiers, des espaces intermétiers, c’est la négociation et la construction d’accords. Travailler en situation d’intermétiers appelle alors une formation pour acquérir des compétences spécifiques à cet exercice.

Et lorsqu’on lui demande si la création d’espaces intermétiers ne relève pas de l’utopie, la réaction de Corinne Mérini est immédiate : non, affirme-t-elle, il ne s’agit pas d’utopie car il y a déjà beaucoup d’espaces de ce type qui sont une réalité. Il s’agit, le plus souvent, de micro-situations d’intermétiers. Ce sont des cas extrêmement locaux où les professionnels ont construit des "routines de travail" par affinités, par opportunité, voire par nécessité. Ces équipes perdurent. Ceci peut exister au niveau d’un bassin de formation mais aussi au niveau d’un territoire qui ne correspond pas aux découpages administratifs comme ceux, parmi d’autres, de l’Education nationale. Elle poursuit : "si des micros-situations d’intermétiers se sont mises en place et fonctionnent, c’est parce que les acteurs ont su dépasser les découpages administrativo-financiers qui ne sont pas forcément en adéquation avec les besoins éducatifs locaux et embarrassent le travail collectif." Et Corinne Mérini d’insister : "Le travail en situation d’intermétiers nécessite en effet de la flexibilité structurelle, organisationnelle, financière, administrative et professionnelle afin de lever les barrières qui bloquent la coopération entre les différents acteurs de l’école inclusive."

Le dossier propose donc des réponses, des pistes de réflexion et de travail illustrées par des exemples concrets à l’échelle d’un territoire ou d’un établissement. Des organisations collégiales, des co-constructions de projets, des travaux en interdisciplinarité, des concertations régulières… qui persuadent Marie-France Rachedi "que, oui, la coopération intermétiers est possible et bénéfique à tous."

Animation et Education, n° 269 de mars-avril 2019

Arnold Bac

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