"Ecole des savoirs fondamentaux" : premières réactions, négatives, du SNALC, du SGEN-CFDT, du SNCL, de P. Devin
Paru dans Scolaire le vendredi 01 février 2019.
Le SNALC demande à la représentation nationale "de faire disparaître du texte final" l'amendement qui crée une "école des savoirs fondamentaux", adopté par la Commission des affaires culturelles et de l'éducation (voir ToutEduc ici) qui examinait le projet de loi "pour une école de la confiance". Pour le syndicat des lycées et collèges, il s'agit, "ingénieusement dissimulé" sous "un vocable rassurant" du retour de "l'école du socle" et de "la fusion entre école primaire et collège" : "Les collectivités locales pourraient tranquillement se mettre d'accord pour créer des écoles du socle sur leur territoire" et imposer des structures "soumettant les maîtres à l'autorité du chef d'établissement et les professeurs de collège à celle du directeur-adjoint", le directeur d'école. L'organisation syndicale y voit "la dernière étape avant la destruction définitive de nos statuts respectifs".
Pour le SGEN-CFDT, cet amendement "se contente de créer un pilotage vertical et hiérarchique des écoles du premier degré par le collège", sans tenir "aucun compte de la diversité des situations des écoles et des collèges du territoire" : "Si la création d’un établissement prenant en compte la logique du socle commun et celle des cycles peut être une réponse à certains endroits, elle doit être avant tout conçue avec et par les acteurs, et en aucun cas être imposée depuis Paris." De plus, pour l'organisation syndicale, cet amendement remplace "la logique du socle commun" par celle des "fondamentaux" et "laisse envisager le pire pour cette école de proximité" qu'elle appelle pourtant de ses voeux.
Interrogé par ToutEduc, le secrétaire général du SNCL qualifie d'extrêmement grave" cette mesure. Jean-Denis Merle rappelle que le syndicat FAEN des collèges et lycée s'était déjà opposé à la "loi Peillon" et au rapprochement des écoles et des collèges dont il craint "la primarisation", "la dilution". Il fait de plus remarquer que la formation, les statuts, les missions et les obligations de service des enseignants des 1er et 2nd degrés sont différents et que la mutualisation suppose leur redéfinition, voire la création d'un corps unique, ce à quoi il s'oppose très vigoureusement. Il "s'étonne" de plus de la méthode, par amendement.
Paul Devin voit également dans cet amendement "un cheval de Troie" insérant dans la loi "le principe des écoles du socle". Le secrétaire général de du syndicat FSU des inspecteurs, qui s'exprime sur son blog, fait valoir qu'une telle disposition "aurait demandé l’anticipation de l’ensemble de ses effets administratifs et des évolutions statutaires et réglementaires qu’(elle) initiera" et il prévoit "des difficultés majeures de fonctionnement". Il ajoute que "le postulat qu’une structure unique produirait, par nature, une amélioration qualitative et une plus grande cohérence des parcours scolaires est loin d’être aussi évident qu’il pourrait paraitre", il repose sur "un ensemble de présupposés idéologiques", à savoir que l’autonomie et l’innovation amélioreraient par elles-mêmes la réussite scolaire. Il prévoit également qu'en milieu rural, cette structure induira des regroupements d'écoles. Elle suppose de plus "un nouveau statut" pour les directeurs d’école. Pour Paul Devin, cet amendement est révélateur d'une stratégie plus globale d'introduction "à bas bruit, sous les radars" de réformes aux conséquences "absolument majeures"