Homophobie : le ministre lance la campagne dans un lycée professionnel
Paru dans Scolaire le lundi 28 janvier 2019.
Le 17 mai "doit devenir dans les établissements scolaires un moment  fort de solidarité avec les jeunes LGBT, de réflexion autour des  questions relatives à l’orientation et à l’identité sexuelles et, plus  généralement, inviter au respect de chacun par chacun", indique le  ministère de l'Education nationale qui rappelle que cette date  correspond à la journée internationale de lutte contre l’homophobie et  la transphobie. Ce 28 janvier, Jean-Michel Blanquer a lancé une nouvelle  campagne de sensibilisation et de prévention, "Collèges et lycées  engagés contre l’homophobie et la transphobie : tous égaux, tous  alliés".
Il était au lycée Hector Guimard, un lycée professionnel  des métiers du bâtiment situé dans le nord de la capitale, lequel a  depuis une dizaine d'années un partenariat avec SOS homophobie dont les  bénévoles interviennent régulièrement, ce qui a eu "un gros impact" dans  l'établissement, estime l'un des élus au CVL (Conseil de la vie  lycéenne). A noter parmi la douzaine d'élèves appelés à dialoguer avec  le ministre un garçon aux ongles vernis rouge. Interrogé en marge de la  réunion par ToutEduc, l'adjoint du proviseur nous indique qu'il est très  bien intégré dans le lycée. Le responsable de l'association confirme  que les lignes ont bougé, mais nous fait remarquer que nous sommes à  Paris, et qu'on ne peut généraliser. Le proviseur, lorsqu'il présente au  ministre l'action menée souligne qu'elle s'est poursuivie après le  départ du CPE et de l'infirmier avec leurs successeurs. Jean-Michel  Blanquer se félicite de cet exemple de continuité dans l'action de  l'Etat, sa démarche s'inscrit d'ailleurs dans le prolongement de celle  de ses prédécesseurs.
Il insiste sur les trois temps du slogan de  la campagne, "Ça suffit !", "Tous égaux" et "Tous alliés", et notamment  sur le troisième, qui renvoie à l'idée de fraternité et de respect  réciproque. L'école, souligne-t-il, a un rôle d'instruction, mais aussi  d'éducation, et cette action contre l'homophobie doit être reliée "à  tout le reste", car "ça fait sens" par rapport à sa volonté de favoriser  "une école de la confiance" où chacun est "à l'aise" pour bien  apprendre. Il évoque "une stratégie d'ensemble" qui va au-delà de cette  campagne d'affichage dans les collèges et lycées. Sont également prévus  "un guide d’accompagnement pour les équipes pédagogiques accessible en  ligne dès le début de la semaine prochaine, un service d’écoute et  d’aide à distance –   ici et 0 810 20 30 40 ou 01 41 83 42 81", la formation des enseignants et  les partenariats avec les associations agréées. Interrogé sur une  éventuelle reprise des ABCD, le ministre souligne la nécessité de  délivrer des messages adaptés à l'âge des enfants, mais que, dès l'école  primaire, ceux-ci soient "imprégnés" du discours sur le respect dû à  autrui et à soi-même.
Le ministre teste aussi avec les lycéens  l'idée de voir certains d'entre eux intervenir dans les collèges, idée  qui les surprend un peu d'abord, mais qui leur semble finalement  judicieuse. Le ministère, dans son communiqué de presse rappelle les  résultats d'une étude de l’IFOP : "18 % des lycéens ou étudiants LGBT  déclarent avoir été insultés au cours des 12 derniers mois" tandis  qu'une autre enquête révèle, "en particulier chez les jeunes se  définissant comme trans, un fort niveau d’appréhension face à l’École",  72 % d'entre eux qualifiant de "mauvaise" ou "très mauvaise" leur  expérience scolaire. "L’institution scolaire doit donc porter un regard  lucide sur cette situation et lutter contre l’isolement des élèves, qui  est parfois renforcé par la difficulté à trouver du soutien dans le  cercle proche. L’enjeu est grave, les conséquences de l’homophobie et de  la transphobie sont connues : le repli sur soi, l’échec scolaire, le  décrochage, pouvant aller parfois jusqu’à des comportements  suicidaires."
Le SE (le syndicat UNSA des enseignants) estime que "le ministère vise juste", "salue cette initiative qui s’inscrit dans un contexte de nette augmentation des actes homophobes en France" et la soutient, mais "regrette que rien ne soit explicitement impulsé pour l’école primaire".

