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Parcoursup : pourquoi les voeux ne sont pas hiérarchisés (J. Teillard, interview exclusive)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 16 janvier 2019.

La non-hiérarchisation des voeux dans le cadre de la procédure Parcoursup a été présentée, sur le salon "Postbac" (voir ToutEduc ici) comme un fait acquis. ToutEduc interroge à ce sujet Jérôme Teillard, chef du projet  au ministère de l'enseignement supérieur.

ToutEduc : Vous avez fait, dès l'origine, a priori donc, le choix de la non-hiérarchisation des voeux sur la plateforme. Avec quelle philosophie ?

Jérôme Teillard : Ce n'est absolument pas un choix idéologique, il est guidé par les réalités, le comportement des candidats et les enseignements tirés d'APB. Chacun connaît les taux d'échec en licence, dont on peut penser qu'il est, pour partie, dû à la méconnaissance des formations. Dépourvus d'accompagnement, les jeunes candidataient pour des filières sans savoir de quoi il s'agissait réellement et hiérarchisaient leurs voeux en amont de la procédure, avant que ne se construise tout un processus de maturation des choix.

Outre la méconnaissance des formations, la non-hiérarchisation provoquait un phénomène d'auto-censure. Si j'ai très envie de faire une classe préparatoire dans un grand lycée mais que je ne suis pas sûr d'être pris, je mets en premier voeu un autre établissement, là où j'ai toutes mes chances, mais qui, s'il n'est qu'en second rang, sera relégué en queue de peloton. D'où des stratégies très élaborées de la part des plus "initiés". Nous avions d'ailleurs en 2017, 36 % des candidats ayant au moins un vœu confirmé en début de campagne qui n’avaient pas accepté une proposition en fin de campagne.

ToutEduc : Mais en quoi cette non-hiérarchisation participe-t-elle à la maturation des voeux ? Ceux-ci doivent être accompagnés d'une "lettre de motivation". Un jeune peut-il écrire, tout en étant parfaitement sincère, deux lettres, l'une dans laquelle il explique qu'il rêve d'être médecin, l'autre pour dire son désir d'être ingénieur ?

Jérôme Teillard : Ce n'est pas une "lettre de motivation", comme on le dit trop souvent, mais un "projet de formation motivé", limité à 1 500 signes pour éviter de favoriser les "littéraires" ou ceux qui bénéficient d'une aide à la rédaction. Mais ce travail d'écriture, de réflexion, avec l'appui d'un professeur principal, d'un Psy-EN, du CIO. C’est une réflexion, une prise de recul qui peut se faire très en amont de la procédure, et peut constituer l'un des éléments de maturation du projet. Il arrive qu'un jeune ne sache pas s'il veut faire des études de santé ou une CPGE scientifique. Les réponses des établissements, qui ignorent tout de ses autres vœux, peuvent alors l'aider à déterminer son choix et à décider.

ToutEduc : La non-hiérarchisation des voeux et le projet motivé sont donc deux outils pour une même fin...

Jérôme Teillard : Oui, avec la nomination d'un second professeur principal en terminale, avec les 54h d'accompagnement..., il s'agit à la fois d'éviter l'auto-censure et d'amener les lycéens à mieux travailler et réfléchir à leur orientation. Pour mieux y réfléchir, Parcoursup met justement à leur disposition de nombreuses informations sur les formations notamment les "attendus" pour chacune d’elles.

ToutEduc : Par ailleurs, nous avons été interpellés sur le salon Postbac par les formations du type BTS en apprentissage qui nous disent qu'elles doivent à présent accepter tous les candidats dès lors qu'ils ont un contrat avec une entreprise.

Jérôme Teillard : Effectivement, les règles du jeu ont changé pour l'accès à l'apprentissage, mais c'est le fait de la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel. Celle-ci prévoit la possibilité d'entrer en formation à tout moment de l'année et Parcoursup doit prendre en compte les évolutions législatives. Nous travaillons sur cette question avec les CFA à qui cette même loi donne aussi pour missions d'accompagner les candidats et de les aider à trouver une entreprise.

Propos recueillis par P. Bouchard, relus par Jérôme Teillard

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