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Educatec - Educatice : Face à l'obsolescence rapide de certaines compétences, ne faut-il pas penser des formations pour les jeunes davantage hybrides ?

Paru dans Scolaire, Orientation le dimanche 25 novembre 2018.

Certaines compétences, dont celles de métiers liés à la transition numérique, auraient une durée de vie de 5 ans. Face à cette obsolescence rapide, et dès lors que l'on demande une orientation dès la seconde et qu'une formation d'un jeune peut aller, après le bac, jusqu'à +5 ou +8, ne doit-on pas poser "la question de l'hybridation de la formation, mêlant formation initiale et continue, qui permettrait d'introduire des cycles courts au plus tôt, de quelques jours, quelques semaines, pour accentuer la formation sur des compétences particulières" ? Cette question a été soulevée par François-Xavier Beillon, le co-fondateur d'Human Roads, une plateforme d'orientation en ligne qui analyse des données de véritables trajectoires professionnelles pour définir des tendances et proposer des solutions aux jeunes qui peuvent ainsi "tracer", au vu de ces parcours, leurs projets scolaires et professionnels de façon personnalisée. "Nous sommes en train de former des jeunes aujourd'hui sur des métiers qui n'existent pas encore, il est donc nécessaire de les former autrement que par la seule formation initiale", avance encore François-Xavier Beillon qui intervenait, jeudi 22 novembre 2018, sur une conférence intitulée "Parcoursup, loi ORE : l'orientation a-t-elle changé de logiciel ?", au salon Educatec-Educatice qui s'est déroulé à Paris du 21 au 23 novembre. Cette conférence a été l'occasion, pour les intervenants, d'évoquer les nouvelles spécialités qui vont être introduites par la réforme du lycée et le travail à mener pour améliorer l'orientation des jeunes.

Parmi les questions soulevées, figurait assez logiquement celle du plus large choix de spécialités qui sera laissé, dès la seconde, aux élèves en lieu et place des trois séries générales qui offraient un choix "plus simple". Pour la députée de Seine-Saint-Denis et ancienne cheffe d'établissement, Sylvie Charrière (LREM), ce plus large choix semble nécessaire car jusque là "beaucoup choisissaient la série S pour se laisser le temps, mais parallèlement ne construisaient pas de projet et reculaient ainsi l'échéance". En outre, affirme-t-elle, "beaucoup arrivaient en première année dans l'enseignement supérieur et constataient que le choix qu'ils avaient fait n'était pas le bon" et qu'ils "n'avaient pas d'appétence" pour les sciences. Il s'agit aujourd'hui, par le biais de cette réforme, argue-t-elle encore, de les amener à choisir "les humanités et à ne pas reculer l'échéance du choix d'orientation". Pour elle également, les 54 heures d'accompagnement prévues en seconde pour travailler sur cette orientation devraient suffire à lever les éventuelles difficultés des jeunes à faire des choix plus nombreux, plus spécifiques et progressifs puisque les séries sont amenées à disparaître.

Faire travailler l'élève sur la connaissance des formations et de lui-même

Pour autant, concernant cet accompagnement, la députée a insisté sur la nécessité, non seulement de "travailler sur la connaissance des formations mais aussi sur la connaissance de soi". "Il faut que l'enseignant, petit à petit, éclaire l'élève sur lui-même. Car il faut se connaître soi-même pour pouvoir se projeter, dire 'je suis bon en maths' ne suffit pas", estime-t-elle. "Or, pour l'instant, les enseignants sont très focalisés sur le transfert des savoirs et disposent de peu d'outils, à part quelques questionnaires." Pour elle, ce cheminement passe notamment par des travaux en groupe.

Boris Walbaum, co-fondateur de l'association Article 1 qui lutte contre les inégalités sociales en travaillant sur trois grands axes, l'orientation, le mentorat et le développement des soft skills, remarque, dans la même lignée, que l'acquisition des compétences humaines se fait actuellement "à l'insu" des élèves et de l'institution. Cette dernière, regrette-t-il, reste "très peu "impliquée" sur ce travail, comme sur le travail "d'introspection" et celui qui permet de "cultiver les appétences". Or, si l'on s'en réfère aux travaux de recherche menés sur ce sujet, "le vouloir" ou le "désirable" reste l'un des trois leviers sur lesquels il faut agir auprès des jeunes des quartiers populaires, pour qu'ils se projettent davantage dans l'enseignement supérieur. Actuellement, indique-t-il, "à niveaux équivalents, la proportion des jeunes issus des quartiers à se projeter dans l'enseignement supérieur est de 35 % inférieure à la proportion des jeunes issus de milieux plus favorisés".

Camille Pons

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