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Educatec-Educatice : il faut développer l'apprentissage par la robotique (Jean-Michel Blanquer)

Paru dans Scolaire le vendredi 23 novembre 2018.

"La robotique est un outil pédagogique qui doit servir dès la maternelle. Autant, il ne faut pas introduire d'écrans trop tôt, autant les robots, oui, dès lors qu'ils apprennent à se repérer dans l'espace, à initier à la programmation. Et il ne faut pas s'en inquiéter, d'autant que si on les couple à l'intelligence artificielle, les enjeux sont fabuleux. Ils sont par exemple très utiles pour la socialisation d'enfants autistes." C'est en ces termes que le ministre de l’Éducation nationale s'est exprimé à l'occasion de sa visite, ce vendredi 23 novembre 2018, au salon Educatec-Educatice qui se déroule à Paris du 21 au 23 novembre. Il a fait une intervention à l'occasion d'une conférence organisée sur le thème du "Développement de la robotique dans l'éducation et la formation : qu'en attendre et qu'en craindre ?"

Le nécessaire développement de la robotique par l'apprentissage a été souligné par les autres intervenants. Pour Bertrand Formet, directeur de l'atelier Canopé du Doubs, c'est l'approche "la plus intéressante", au-delà des deux autres usages possibles dans l'éducation, l'apprentissage de la robotique, qui se fait surtout en fin de secondaire et dans le supérieur, et de l'apprentissage avec la robotique, qui permet de créer des interactions avec les robots et sont beaucoup utilisés, en tant qu'outil de médiation, avec des enfants en situation de handicap. Car l'apprentissage par la robotique permet de "développer des compétences disciplinaires et surtout des compétences transversales : la collaboration, la résolution de problèmes, l'initiative, l'interaction entre élèves, la réflexion".

La robotique peut amener "de la créativité chez l'humain"

Pour Margarida Romero, directrice du Laboratoire d'innovation et numérique pour l'éducation (LINE) à l'ESPE de l'Université de Nice Sophia Antipolis, il est également important de tendre vers cet usage, la robotique "comme outil pédagogique". Pour elle, il permet notamment de développer l'esprit critique. Il peut permettre par exemple de prendre conscience qu'un robot "n'est pas une machine très intelligente" mais qu'il peut amener de la créativité chez l'humain. "Quand l'IA peint, la base sur laquelle sont remixées ses informations sont des données humaines", souligne-t-elle. C'est aussi une des raisons pour lesquelles, selon elle, la technologie n'est pas à craindre.

Jean-Michel Blanquer a rappelé à cette occasion l'importance, selon lui, des enjeux du numérique pour l'éducation. "On parle de révolution numérique, mais en réalité, il y a des révolutions numériques : Internet, le big data, la 3D, les réseaux sociaux, la blockchain, l'IA et la robotique. Elles sont liées les unes aux autres et offrent des problèmes et des opportunités différentes." Pour lui, il faut "donner des compétences très fortes aux enfants" dans divers domaines selon lui. La programmation, d'abord, qui "sera très développée dans le système éducatif", "essentielle car compétence de base en numérique", et parce qu'elle se "relie aux autres savoirs, le langage et les maths notamment". Le ministre a rappelé son "ambition" de développer la discipline informatique, ambition dans laquelle s'inscrit l'ouverture, à la rentrée prochaine, de la discipline de spécialité "Numérique et sciences informatiques" pour approfondir les compétences informatiques dès la première.

Les concours de robotique au service, non pas de la compétition, mais de la coopération

Les intervenants ont également souligné l'importance que constituent, selon eux, les concours de robotique. Pour eux, ils ne constituent pas une compétition ou une occasion de s'affronter, mais plutôt un défi de collaboration et de co-action. Ils ont cité l'exemple du défi Robocup, où les équipes sont des SuperTeams qui mélangent des jeunes de trois pays différents. Le défi permet ainsi, souligne Margarida Romero, à la fois "de résoudre un problème en coopération" mais aussi des "problèmes de langage et d'expression". "Essentiel" pour Stéphane Brunel, vice-président de la fédération française de robotique et administrateur national de la Ligue de l'enseignement, parce que c'est aussi comme ça que fonctionne la coopération scientifique. Autre avantage de ce type de concours, selon la directrice du LINE, il "redonne de l'estime de soi à des enfants un peu plus éloignés des activités disciplinaires".

Enfin, pour Stéphane Brunel, la robotique constitue aussi un outil d'éducation aux médias. Étudier l'algorithmique permet par exemple de comprendre pourquoi, lorsque l'on visionne une vidéo sur Youtube, le réseau propose dans la foulée des vidéos similaires. Pour lui, c'est "un outil de compréhension de notre société". Et "il n'y a pas à s'inquiéter, estime-t-il encore, si "on reste dans cette analyse bienveillante de cette technologie". Il souligne néanmoins le besoin d'avoir des enseignants "techniquement performants au lycée", ce qui nécessite des "réappropriations de contenus accompagnées institutionnellement", alors que dans le second degré, "le niveau d'abstraction par rapport à ce qui est requis permet d'aller où on veut" et qu'au premier degré, on est "moins sur des problèmes de technicité et d'outils que d'organisation".

Camille Pons

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