Enseignement de l'informatique : la SIF plutôt satisfaite et pourtant inquiète
Paru dans Scolaire le dimanche 18 novembre 2018.
Le projet de programme pour l'enseignement commun SNT (sciences numériques et technologie) à tous les élèves de seconde générale et technologique présente le risque "que les enseignants qui s’en emparent, formés dans l’urgence, se cantonnent, de bonne foi, à une approche culturelle et utilitaire de la discipline", sans références claires à "des compétences scientifiques pérennes" estime la SIF qui en propose "une analyse critique" après sa publication par le Conseil supérieur des programmes.
La Société informatique de France note d'abord que la création de cet enseignement "suscite un grand espoir" en même temps que "de nombreuses inquiétudes, liées principalement à l’absence d’un contingent d’enseignants formés" pour le prendre en charge. A ce sujet, avec l'association EPI (enseignement public et informatique), elle en appelle "au plus haut niveau" pour que soient prises des "mesures urgentes", compte tenu de la proximité "des prochaines échéances dont celle de la rentrée 2019" : il faut mettre en place d'urgence un plan de recrutement qui passe par la formation initiale et la formation continue des enseignants, relancer des stages approfondis à l'intention des professeurs qui assurent déjà des enseignements optionnels d'informatique au lycée, recourir "aux professeurs associés et aux doctorants", mobiliser les universités, le CNRS et l'INRIA, créer un DU, "mettre en place des décharges de services, des garanties et des reconnaissances de carrière".
S'agissant du programme, il contient certes "des éléments très intéressants", même s'il met un peu trop l'accent sur la programmation, "peut-être au détriment d’autres pans de la science informatique", mais surtout les capacités attendues "sont de natures très diverses", certaines sont d’ordre technique, d'autres se réfèrent à des connaissances très générales, d'autres à des usages avancés ou "relativement élémentaires", et elles sont "toutes mises au même plan". Au-delà, "certaines de ces compétences sont liées à des technologies (par exemple, un protocole spécifique) ou des usages (par exemple, un site de cartographie particulier) dont nous ne connaissons pas aujourd’hui l’avenir", ce "qui n’est probablement pas entièrement compatible avec une approche pérenne de la discipline (...) Les usages changent, les acquis scientifiques et techniques des lycéens doivent rester et être transposables à des usages qui n’existent pas encore."