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Prévention des conduites addictives : 11 territoires soutenus par la MILDECA pour mettre en œuvre des plans d'actions globaux

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le mardi 13 novembre 2018.

La MIDELCA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) signe, ce mardi 13 novembre 2018, une convention de partenariat avec la Ville de Montrabé pour l'élaboration et la mise en œuvre du "Plan jeunes et consommation d'alcool, de cannabis et de tabac". La commune, située en Haute-Garonne et dont 35 % des habitants ont moins de 30 ans, est la 9e à signer cette convention, parmi les 11 lauréats qui ont été retenus sur plus de 70 candidatures dans le cadre de l'appel à projets lancé en mars dernier par la Mission. Cet appel à projets, doté d'un million d'euros, vise à soutenir des collectivités qui mettent en place un plan d'actions global pour la prévention des conduites addictives en direction des jeunes en particulier contre les consommations à risque d'alcool, de cannabis et de tabac. Transformation des représentations associées à l’alcool, tabac et cannabis et diminution de l'accessibilité des mineurs à l'alcool et au tabac comptent parmi les grands enjeux de ces plans d'actions globaux, que Nicolas Prisse, le président de la MILDECA, présente à ToutEduc.

ToutEduc : Qu'est-ce qui a motivé cet appel à projets ?

Nicolas Prisse : Même si l'enquête ESCAPAD 2017 montre une petite amélioration du comportement des jeunes de 17 ans dans leur consommation de tabac, cannabis et autres substances illicites, avec notamment une baisse de la consommation du tabac et dans une moindre mesure du cannabis (lire ici), les niveaux de consommation des jeunes Français restent préoccupants. 27 % fument quotidiennement du tabac, un sur dix boit de l'alcool 10 fois par mois. C'est une situation problématique. Il faut donc des mesures en direction des jeunes de 17 ans mais en même temps on sait que les actions sont efficaces si elles commencent au primaire. Par ailleurs, nous avons eu l'occasion de rencontrer beaucoup de maires notamment, qui nous disent être dans une forme de désarroi et sont en demande d'accompagnement, d'outils et de moyens pour lutter contre ces conduites. Cela concerne autant les territoires urbains que ruraux. D'ailleurs, nous avons été frappés de constater que, par exemple, la question du petit trafic et de mise à disposition de ces produits avait gagné ces dernières années les territoires péri-urbains et ruraux. Sur cette question des stupéfiants, nous observons aujourd'hui la même ligne d'irradiation de l'offre de stupéfiant partout sur le territoire. Même si nous n'avons pas de grosses enveloppes - le budget initial de la MILDECA est de 15 millions d'euros, dont une partie part déjà sur des actions locales via les préfectures -, il nous a semblé qu'il fallait faire un effort pour créer une forme de dynamique dans des communes pilotes, d'où l'appel à projets du printemps dernier. Les conventions, pour la plupart triennales, font l'objet de financements entre 2018 et 2020 qui tiennent compte du projet et "des besoins", et sont donc proportionnels pour la plupart à la taille des communes ou communautés de communes concernées [Montrabé bénéficie d'un soutien à hauteur de 35 000 euros, ndlr]. Et il ne s'agit pas simplement de faire un chèque : les lauréats s'engagent à une évaluation en élaborant un système de suivi précis avec des indicateurs et des "livrables".

ToutEduc : Pourquoi accompagner surtout des villes et des communautés d'agglomération ?

Nicolas Prisse : Ce sont surtout elles qui nous ont interpellés sur cette problématique et elles sont très bien placées pour observer, car elles sont confrontées autant à des questions de régulation de la vie festive, pour qu'elle se fasse en sécurité et en respectant l'espace public, qu'à des questions de trafic. Et elles sont elles-mêmes interpellées par les habitants.

ToutEduc : Sur quels critères ont été retenus les 11 lauréats ?

Nicolas Prisse : L'un des principaux critères est que les collectivités s'engagent avec un plan d'actions structuré, donc qu'il y ait une forme de rationalité : un diagnostic précis qui montre une bonne perception par la municipalité de sa situation ; que ce soit programmatique, avec une phase de prise de conscience collective de la problématique, donc avec la volonté d'informer, communiquer, et que la collectivité prévoie, dans un deuxième temps, d'irradier vers un nombre conséquent de partenaires et un plan structuré, intégrant des "passages obligés". Avec cet appel à projets, nous allons toucher 11,5 millions d'habitants, aussi bien des grosses villes comme Nice qui compte près de 400 000 habitants ou la communauté d'agglomération de Béziers qui en rassemble plus de 120 000, que des petites communes comme Montrabé qui compte moins de 4 500 habitants.

ToutEduc : Quelles sont les actions que ces collectivités envisagent de mener ?

Nicolas Prisse : À Calais par exemple [où la convention a été signée le 17 octobre dernier, ndlr], ils ont prévu d'informer très largement sur la réalité de ces conduites addictives autant la population que les professionnels, par exemple à l'occasion d'une fête de quartier, via l'élaboration d'un plan de formation qui s'adressera aux élus, aux agents et aux professionnels et acteurs du territoire pour les sensibiliser sur les conséquences de ces conduites et les informer des moyens d'action qui ont déjà fait la preuve de leur efficacité. Sera mise en place en complément une plateforme de ressources-addictions qui permettra aux professionnels de santé de première ligne, médecins généralistes, pharmaciens, infirmiers..., d'aborder plus facilement ce sujet. La Ville, en concertation avec les services de la préfecture et le Parquet s'engage aussi à mieux garantir le respect de l'interdiction de vente aux mineurs, avec une politique de sensibilisation et de sanction. Elle souhaite notamment élaborer une charte de la vie nocturne avec les acteurs concernés et délivrer des labels pour les environnements qui iront dans le bon sens, comme un label soirée responsable, un label pour des clubs sportifs engagés pour une fête sans alcool... À Montrabé, la communication passera autant par la distribution de documents dans les établissements scolaires, que via la presse, au travers de conférences débats, l'organisation de réunions entre professionnels pour échanger sur les actions et leur efficacité. Sont prévus aussi la rédaction d'une charte de la vie nocturne qui formalisera la coopération sur le terrain entre le service Jeunes de la commune et la police municipale, la définition de "lieux sans", dont un jardin public protégé de toute consommation de produits psychoactifs.

ToutEduc : Et vers les jeunes ?

Nicolas Prisse : Il y aura par exemple à Calais tout un travail sur le renforcement des compétences psychosociales en établissements scolaires, en partenariat avec le rectorat. La littérature scientifique dit en effet que ce qui fonctionne en termes de prévention, ce sont des actions menées dès le primaire et qui consistent à travailler sur l'estime de soi, la capacité à faire confiance à l'adulte, à avoir recours à celui-ci, etc. Ce travail a un impact sur les conduites addictives, les violences envers soi et les autres, la réussite scolaire et contribue à améliorer le climat scolaire.

ToutEduc : Y aura-t-il d'autres appels à projets ?

Nicolas Prisse : Nous envisageons de recommencer l'expérience en 2019 sur un autre thème, toujours dans le champs des conduites addictives, en essayant de resanctuariser le même montant, soit 1/15e de notre enveloppe.

Propos recueillis par Camille Pons

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