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Les enseignants se forment-ils entre eux via les réseaux sociaux ? (Cahiers pédagogiques)

Paru dans Scolaire le mardi 30 octobre 2018.

L'existence de "collectifs enseignants connectés", ces communautés qui se forment via les réseaux sociaux, doit-elle être mentionnée pendant leur formation aux stagiaires des ESPE ? L'un d'eux répond : "Oui et non, l'ESPE, c'est plus institutionnel (ce que les inspecteurs et le ministère attendent de nous), alors que les collectifs semblent un peu plus libres." Ces quelques mots donnent la tonalité du dossier des Cahiers pédagogiques.

Le nombre de ces collectifs augmente sans cesse. Isabelle Quentin (ENS Cachan) en propose une typologie. Les collectifs de type "bac à sable" rassemblent des enseignants "au gré de leurs envies" et ceux-ci échangent sur "une grande variété de sujets et à tout moment". Les collectifs du type "ruche", comme Sésamaths, les Clionautes ou l'APSES, s'organisent "autour de règles de fonctionnement strictes" et d'une discipline, et se donnent pour finalité de réaliser des tâches complexes, par exemple un manuel. Les collectifs "d'un nouveau genre", comme "Inversons la classe" ou "les Savanturiers" sont structurés mais ne s'adressent pas aux enseignants d'une même discipline. Il faut compter aussi avec des "groupes informels", par exemple autour d'un compte Twitter.

Au risque des "bonnes pratiques"

Avec la visibilité se pose la question de la légitimité : "Quelle validation officielle et institutionnelle" pour ces travaux ?, demande le collectif C2CEdu, qui suit les principes de la pédagogie institutionnelle de Fernand Oury. André Tricot (ESPE de Toulouse) met en garde. Ces collectifs servent davantage à partager des problèmes que des pratiques, dont la description serait trop longue et trop contraignante pour des échanges écrits. Et celui qui voudrait les utiliser pour diffuser des "bonnes pratiques" s''exposerait à des désillusions : "proposer des solutions à une personne qui expose un problème revient à lui donner les informations dont elle a besoin, seulement celles-ci et de la manière la plus brève, ordonnée et claire possible" tandis que "proposer des solutions à une personne qui ne vous a rien demandé" revient à "mettre en oeuvre des processus de socialisation, voire de domination culturelle et d'affiliation".

A noter par ailleurs dans ce numéro un entretien avec Olivier Houdé (Paris-Descartes) à l'occasion des publications de "L'Ecole du cerveau" et de "Mon cerveau". Lui aussi met en garde : "Tous les enfants ont un cerveau, mais il est unique. Les discours ambiants, notamment issus du CSEN (le Conseil scientifique placé auprès de J-M Blanquer, ndlr) disent : "mais non, le cerveau est universel, les enfants ont le même cerveau, donc il faut les mêmes pédagogies pour tout le monde" (et peut-être le même manuel !) (...) Nos recherches nous ont conduits à voir que la structure du cerveau est finement différente, et elle évolue au cours de la vie, comme les visages. C'est (...) ce qu'on appelle les styles cognitifs."

L'Estonie, nouvelle Finlande

A noter encore un court "papier" de Stéphane Kesler (inspecteur général) sur les trois causes du succès de l'Estonie, "une nouvelle Finlande" : "la lutte contre les inégalités s'efface derrière la recherche de l'excellence pour tous", les établissements y ont un important degré d'autonomie "pour proposer et porter (leur) propre projet pédagogique", mais le pays a développé "un système d'information exhaustif qui permet de concilier autonomie locale et cohérence nationale".

Cahiers pédagogiques n° 548, novembre 2018, 10€

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