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Le Conseil d’Etat juge trop modeste le nombre d’heures de cours d’enseignement moral et civique

Paru dans Scolaire le jeudi 27 septembre 2018.

En matière d’éducation à la citoyenneté, l’école fait déjà beaucoup mais elle pourrait faire mieux encore : c’est en substance le constat dressé par l’étude annuelle du Conseil d’Etat consacrée à la citoyenneté "Etre (un) citoyen aujourd’hui", rendue publique le 27 septembre. "Ce qui ne marche plus, c’est le couple ‘droits et devoirs républicains’ présenté dans des manuels. C’est une perception qui devient de plus en plus brouillée et difficile à appréhender par les Français", expose Bruno Lasserre, vice-président du Conseil d’Etat. Des "ferments d’espoir" existent toutefois, "à condition de passer d’une citoyenneté traditionnelle à une citoyenneté de l’engagement choisi autour de projets concrets", estime-t-il. Le Conseil d’Etat appelle donc l’enseignement moral et civique (EMC) à "privilégier une pédagogie attractive et séduisante".

La haute juridiction s’étonne que les programmes d’EMC officialisés en juin 2015 n’aient pas fait l’objet d’une évaluation en bonne et due forme. Pour rappel, ces programmes ont connu quelques "ajustements" en juin 2017, tendant à modifier leur philosophie que la nouvelle présidente du Conseil supérieur des programmes, Souâd Ayada, avait jugée "confuse". Dès le CE2, les élèves devront ainsi connaître le premier couplet de La Marseillaise et les principaux symboles républicains avant d’aborder plus tard les droits de l’Homme et le fonctionnement des institutions une fois au collège. Une nouvelle orientation qui, a priori, n’emprunte pas forcément aux "méthodes éducatives adaptées à l’époque et aux différents publics" que promeut le Conseil d’Etat dans son étude. Se référant au programme de 2015, celle-ci rappelle qu’il faut "éviter tout académisme et chercher de façon primordiale, dans les activités scolaires et périscolaires, à inciter les enfants au civisme, à la responsabilisation et à la participation". Le rapport juge en outre "bien modeste" le nombre d’heures de cours prévu, et souligne au passage "le décalage" avec l’importance de l’enjeu.

Une plus forte mobilisation de la réserve citoyenne

L’apprentissage de la citoyenneté à l’école passera nécessairement par une plus forte mobilisation de la réserve citoyenne de l’Education nationale, mise en place en 2015, estime également le Conseil d’Etat. "Divers témoignages semblent indiquer qu’elle n’est mobilisée que de façon marginale. Si tel est le cas, il sera indispensable d’apporter les correctifs nécessaires au dispositif, tant il est important que les citoyens qui sont disposés à s’investir dans ces missions puissent effectivement apporter leur contribution à l’action éducative en matière civique", prévient l’étude.

Fidèle à ses fondamentaux, la haute juridiction suggère de généraliser, en lien avec les associations œuvrant déjà dans cette direction et les barreaux, "une formation minimale au droit et sur les droits". "Il est en effet patent qu’alors que les questions juridiques occupent une place de plus en plus importante dans la vie de la société, un grand nombre de citoyens ignore leurs mécanismes et leurs fondamentaux", justifie-t-elle.

Dernier axe pour moderniser l’EMC : "Tous les fonctionnaires d’encadrement pourraient venir présenter une ou deux fois par an, dans des écoles de leur ressort, non seulement les institutions publiques, les règles et valeurs de la République et de la vie publique, mais également la façon dont l’exercice concret de leurs fonctions leur permet de les servir", propose le Conseil d’Etat. De la même façon, "les établissements auraient avantage à mobiliser de manière plus systématique qu’ils ne le font les élus locaux pour qu’ils présentent aux élèves, sous des formes diverses correspondant au programme d’éducation morale et civique, la vie des collectivités publiques de proximité et les formes que prennent les engagements électifs".

"La tonalité de notre rapport est d’affirmer que l’apprentissage de la citoyenneté est quelque chose qui se vit concrètement, analyse Timothée Paris, rapporteur de l’étude. Il est désormais nécessaire d’introduire, sous la responsabilité des enseignants, une connaissance plus concrète des acteurs qui s’engagent."

Lever le drapeau de la France et entonner La Marseillaise chaque matin, comme le promeuvent certaines écoles privées hors contrat, sont-ils les ferments d’une citoyenneté concrète ? Interrogé sur ce point par ToutEduc, Timothée Paris reste prudent mais dresse un parallèle avec "le réel succès que rencontre l’engagement militaire ou paramilitaire aujourd’hui, à l’instar du service militaire volontaire". A tout le moins, ces dispositifs ont pour objectif de "resocialiser et de réintégrer dans la communauté nationale" de jeunes décrocheurs qui s’en sont trouvés exclus lors de leur scolarité.

 

 

Soazig Le Nevé

 

Soazig Le Nevé

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