La plateforme du manuel numérique des "Éditeurs d'Éducation" doit favoriser la complémentarité des usages (interview)
Paru dans Scolaire le jeudi 20 septembre 2018.
Alors que l'enquête, réalisée de février à mars 2018 par OpinionWay auprès de 5091 enseignants de lycée, 529 lycéens et 531 parents pour l'association "Les Éditeurs d'Éducation", montre qu'une majorité d'enseignants, de parents et d'élèves accordent leur préférence au manuel imprimé - les élèves, par exemple, sont respectivement 58 % et 49 % à dire préférer un manuel ou une pochette papier, contre seulement 15 et 19 % à préférer leurs équivalents en format numérique -, l'association interprofessionnelle vient de lancer une plateforme commune à tous les éditeurs scolaires, www.monmanuelscolairenumerique.com, ce lundi 17 septembre 2018 (lire ici), afin de mieux informer les familles sur l'existence des ressources numériques. Valérie Barthez, la directrice de l'association, présente à ToutEduc les objectifs visés par cette plateforme.
ToutEduc : Qu'attendez-vous de cette plateforme ?
Valérie Barthez : Nous l'avons d'abord lancée pour combler un déficit d'information chez les familles notamment. Comme ce sont les Régions qui financent les manuels, soit directement aux établissements qui fournissent ensuite les livres, soit aux parents via des systèmes de cartes ou chèques, ces derniers ne savent pas que s'ils sont intéressés également par des ressources numériques, ils bénéficient d'offres spécifiques. Ils ne savent pas non plus en quoi cela peut leur être utile : par exemple pour des familles recomposées dans lesquels les enfants se partagent sur deux lieux d'habitation - 20 % des élèves se partagent entre les domiciles des deux parents -, pour alléger le cartable - leur poids représente jusqu'à 20 % de leur poids -, pour partir en week-end... Cette plateforme ne sert pas à acheter directement du contenu mais donne avant tout des informations et renvoie sur les sites des éditeurs pour faire connaître cette offre que proposent déjà depuis des années les éditeurs.
ToutEduc : Votre sondage "L'usage des manuels imprimés et numériques au lycée", rendu public le 7 septembre dernier, montre que la communauté scolaire préfère majoritairement le manuel imprimé. Vous comptez ainsi inverser cette tendance ?
Valérie Barthez : Cette enquête fait ressortir une préférence mais aussi l'intérêt pour la complémentarité des ressources, imprimées et numériques [ils sont 65 % des enseignants à déclarer en effet que, s'ils n'y avaient pas de contraintes économiques, ils aimeraient avoir à disposition dans leur classe des manuels/pochettes numériques ET des manuels/pochettes imprimés ; de même 66 % des lycéens et 67 % des parents souhaitent le maintien des manuels/pochettes et ressources numériques en complément des manuels imprimés, NDLR]. Or, les éditeurs proposent justement trois types de ressources : les manuels imprimés, les manuels numériques, qui ne sont pas des PDF mais sont un peu enrichis par du son, de la vidéo, des animations, etc., et des ressources numériques complémentaires comme des exercices, des vidéos sur de nombreux sujets, etc.
ToutEduc : Début septembre, votre association a évoqué plusieurs pistes pour revoir le mode de financement des livres, pourquoi ?
Valérie Barthez : Nous souhaitons surtout que soit lancée une concertation sur ce financement, avec l'ensemble des parties prenantes, l'État, les collectivités, les associations de parents d'élèves, les enseignants et les libraires, car la réforme du lycée va susciter le renouvellement, pour le rentrée 2019, de l'intégralité des manuels sur deux niveaux à la fois, ce qui va obliger les collectivités à prévoir des budgets très importants. Remettre à plat les dispositifs de financement des manuels et des ressources numériques nous semble d'autant plus important que nous avons constaté qu'à l'issue de la réforme du collège de 2016, plus de 30 % des manuels conformes aux nouveaux programmes manquaient encore à l'appel [de même, au primaire, alors que la réforme de 2016 aurait dû conduire au renouvellement complet des manuels en 2016 et 2017, seuls 40 % des élèves sont équipés de manuels conformes aux programmes, NDLR].
La plateforme ici
L'enquête "L'usage des manuels imprimés et numériques au lycée" ici
Camille Pons