Langues vivantes : les recommandations du rapport Manes - Taylor
Paru dans Scolaire le mercredi 12 septembre 2018.
"La France ne manque ni d’enthousiasme ni de talent", estiment Chantal Manes-Bonnisseau et Alex Taylor dans la conclusion de leur rapport "pour une meilleure maîtrise des langues étrangères", qu'ils ont remis ce 12 septembre au ministre de l'Education nationale. Mais, ajoutent aussitôt l'inspectrice générale et le journaliste, "il reste encore quelques pas à faire pour que l’apprentissage des langues d’autrui se fasse davantage dans le cadre d’une ambiance de confiance et de plaisir", ce qui amène une série de recommandations pour "changer de paradigme", allier "plaisir et efficacité", inciter "tous les personnels à entrer dans le jeu des langues".
Il faut d'ailleurs "commencer tôt, très tôt, le plus tôt possible", travailler 15 à 20 minutes par jour dans le premier degré, la musicalité, la phonologie et l’accentuation de la langue. En 6ème, on passerait à cinq séances de 45 minutes, puis en 5ème, 4 séances de trois quarts d'heure en LV1 et, si possible en LV2. Et au lycée, prolonger les heures de cours "par des activités d’exposition à la langue : théâtre, échanges linguistiques, chorale et stages intensifs."
L'une des deux langues vivantes dont l'enseignement est obligatoire serait l'anglais. Il faudrait d'ailleurs augmenter le niveau attendu des élèves et la référence serait le CECRL, le Cadre européen commun de référence pour les langues, auquel sont déjà adossés les programmes. Les deux auteurs proposent d'ailleurs "de mettre à profit la réforme du baccalauréat" et de modifier le format des épreuves "afin de donner à chaque élève, en plus de la note indispensable au calcul de sa moyenne au baccalauréat, une indication sur son niveau de langue sur l’échelle du CECRL à la sortie de sa scolarité. Idéalement, une attestation de niveau de langue pourrait lui être délivrée avec le baccalauréat."
Ce "changement de paradigme" passe par des mesures pédagogiques, notamment "créer de nouveaux réseaux de travail et d’échanges" pour les élèves et les enseignants, "avec des autochtones dans d’autres pays", "prendre en considération la demande des enseignants de plafonner les effectifs à 20 élèves en terminale", "impulser les innovations" comme "écrire des livres et des poèmes, créer des clubs de théâtre, préparer des débats, organiser des concours de chants (...)".
Le changement suppose aussi que "mettre en place un plan de montée en charge des compétences des professeurs des écoles sur cinq années, en développant notamment le recours aux locuteurs natifs formés à la pédagogie", que soient évaluées leurs compétences lors du concours de recrutement, "en anglais, allemand, espagnol et italien", que ces compétences soient valorisées dans les disciplines dites non linguistiques par une épreuve optionnelle au Capes" et que soit construite "la continuité école-collège dans le cadre de l’école du socle", pour "faire travailler ensemble les enseignants du premier degré et du collège".
Les deux auteurs préconisent également de lever les obstacles au travail en équipe avec un "aménagement des heures de concertation" et la valorisation de la participation de l’enseignant "à la vie de l’établissement et de l’équipe disciplinaire".
jean-Michel Blanquer n'a pas dit ce qu'il retiendrait de ces propositions mais estime effectivement qu'il faut commencer le plus tôt possible cet enseignement, il trouve intéressantes l'idée d'une épreuve supplémentaire de langue au concours des professeurs des écoles et l'accroissement du nombre des enseignants susceptibles d'intervenir en langue étrangère pour une discipline non linguistique au collège et au lycée.
Le rapport (quelque 70 pages) est disponible ici