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Des lycéens désireux de s'engager, mais pour des causes et des actions ponctuelles (Cnesco)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 07 septembre 2018.

Les jeunes, à en juger par les élèves de terminale, sont loin d'être insensibles aux questions politiques, ils souhaitent s'engager, mais les propositions qui leur sont faites par l'Ecole ne répondent pas à leurs aspirations. Le CNESCO publie, ce 7 septembre, le premier volet de son enquête sur "les connaissances, attitudes et engagements civiques" des collégiens et lycéens. Le Conseil national d'évaluation du système scolaire a recueilli au printemps dernier les réponses de quelque 16 000 jeunes sur le racisme, l'égalité hommes-femmes, la démocratie, la laïcité, la violence... et l'ensemble des résultats sera dévoilé l'hiver prochain. Le dossier mis en ligne porte sur l'engagement des élèves de terminale.

La plupart (56 %) ont le sentiment de bien comprendre les questions politiques, mais ils ne sont que 37 % à se sentir capables de participer à la vie politique, et ce sont parmi les élèves ayant de mauvais ou d'excellents résultats scolaires que se trouvent les jeunes ayant le plus faible "sentiment d'efficacité politique", ceux qui considèrent notamment que leur vote n'influera pas sur les décisions politiques, alors qu'au total, 72 % des lycéens de terminale pensent que participer à l'élection présidentielle ou aux législatives (63 %) est important. Ils sont près de 90 % à déclarer qu'ils voteront aux élections nationales, un peu moins aux élections locales. Cette part des "excellents élèves" dans cette catégorie fait partie des résultats inattendus de cette enquête, commente Nathalie Mons, présidente du CNESCO  qui ajoute que leur confiance dans les institutions est "limitée", mais moins faible que celles des jeunes adultes.

Des jeunes qui s'engagent ...

Leur engagement associatif est important. Ils ont déclaré être engagés durant leur année de terminale dans une association sportive (16 %), culturelle ou artistique (8 %), "humanitaire et/ou bénévole" (8 %), de défense de l'environnement (6 %), dans un mouvement ou une association politique (5 %), un mouvement religieux (4 %), ou de scoutisme (3 %). Au total, 46 % des élèves de terminale déclarent avoir déjà participé à des activités "d'engagement de type sociétal", dont 12 % politiquement (en additionnant cette année et "au cours des années précédentes"). Ce sont plus souvent des élèves des lycées privés, des lycées professionnels et des milieux défavorisés, des immigrés de première génération, moins souvent des jeunes qui envisagent des études longues. 7 à 9 % des élèves de terminale déclarent qu'ils adhèreront "très certainement" à un parti politique (plus souvent des jeunes de milieux favorisés) ou à un syndicat et qu'ils se présenteront à des élections (plus souvent des garçons que des filles).

Ils sont de plus 30 % qui pensent "très certainement" faire du bénévolat quand ils seront adultes (44 % "probablement"), plus souvent des filles, plus souvent des élèves de milieux favorisés, envisageant des études longues, mais moins souvent des élèves qui jugent leurs résultats scolaires "mauvais" ou "excellents". Ils sont nombreux à souhaiter participer à des formes d'engagement protestataires, boycotter un produit, manifester, signer une pétition... toutes formes d'engagements qui ont pour caractéristiques d'être ponctuelles, liées à un sujet particulier et de ne pas nécessiter l'adhésion à un parti ou un syndicat., fait remarquer Nathalie Mons.

... mais peu au lycée

En revanche, "près des deux tiers des élèves de terminale déclarent n'avoir jamais participé à un projet citoyen avec les enseignants de leur lycée" (une proportion plus faible dans les lycées privées), ils sont 25 % à avoir déjà été délégués de classe, et la compétition électorale est faible, puisque 87 % de ceux qui ont été candidats ont été élus. On peut donc penser que le débat pré-électoral a été limité. Les élus sont plus souvent des filles de milieu favorisé, très bon.ne.s élèves, immigré.e.s de la premiière génération. Les élèves sont attachés à la fonction (ils ne sont que 11 % à penser que les délégués pourraient être désignés par le chef d'établissement), mais ils sont un peu plus de la moitié à penser que "l'avis des élèves n'est pas pris en compte dans les conseils de classe". "Ils font l'expérience de ne pas être éoutés", commente N. Mons. Ils sont 13 % à avoir participé à "un projet citoyen" au sein du lycée, 4 % à des actions de tutorat, 4 % au journal de l'établissement, 7 % à jouer un rôle actif dans la maison des lycéens. "Les élèves des lycées les plus défavorisés ont davantage tendance à s'engager dans des activités du lycée."

L'enquête du CNESCO révèle encore que 4 % des élèves sortent du système scolaire sans aucune forme d'engagement, un pourcentage relativement élevé si on y ajoute les décrocheurs et les élèves qui préparent un CAP, non concernés par cette enquête. Or la France est "un pays phare" en matière d'éducation à la citoyenneté si on songe au nombre d'heures qui y sont consacrées ou au continuum élémentaire - collège - lycée. Aux cours s'ajoutent les "projets citoyens" pris en compte dans un "parcours" et les engagements au sein de l'établissement pour participer à sa gouvernance. Mais l'offre répond-elle à la demande, au désir d'engagement de très nombreux jeunes ?

Le dossier ici

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