La FCPE, peu convaincue par les réformes en cours, entreprend de se transformer
Paru dans Scolaire le vendredi 31 août 2018.
"La FCPE est en train de se transformer", annoncent Raymond Artis et Dorothée Avet, ses nouveaux président et secrétaire générale. La fédération des conseils de parents d'élèves tenait sa conférence de presse de rentrée ce 31 août et lance sa plateforme, "Jaimemonecolepublique.fr", son nouvel espace de formation et d'échanges. Elle a perdu des adhérents l'an dernier et veut "aller vers un public qui ne voit pas l'intérêt d'adhérer", mais aussi recueillir leurs points de vue avant de lancer la refonte de son projet éducatif.
Ce site donne "en quelques minutes", accès "à quantité d’informations claires et pratiques" aux "parents perdus dans les méandres du système éducatif", notamment via des modules de formation. Les trois premiers, sur "les relations familles-école", "les élections scolaires", "le conseil de classe" sont en ligne. Les suivant viendront à raison d'un tous les deux mois.
Les "fake news" sur l'éducation à la sexualité
Le besoin d'informations est important, à en juger par les questions reçues à propos de l'éducation affective et sexuelle qui a enflammé les réseaux sociaux où circulent les "fake news" au point qu'une directrice de maternelle demande à la fédération "comment préserver les enfants". "Ca suffit ! Les enfants n’ont pas de cours de masturbation à l’école maternelle. Les enfants n’ont pas à se déshabiller pour prendre des cours d’éducation à la sexualité (...) Les insultes et les violences à caractère LGBTphobes font des victimes de plus en plus jeunes (...), l’accès à la pornographie se banalise (....), 15% des 14-17 ans regarderaient du contenu pornographique au moins une fois par semaine", s'exclamait hier dans un communiqué la FCPE qui souligne à cette occasion l'importance de l’éducation aux médias.
En ce qui concerne les réformes en cours, la FCPE dénonce "un ministre qui a beaucoup communiqué" sur leur mise en oeuvre, bien peu sur les finalités et que ceux qui n'adhèrent pas à sa philosophie "ennuient" alors qu'il a avec lui "les meilleurs scientifiques, qui savent tout". Il fait davantage confiance à l'extérieur de l'Education nationale qu'à ses personnels. La fédération est en désaccord avec les moyens déployés, avec la faible écoute des corps intermédiaires, et surtout avec une vision qui tend la standardisation du système, au lieu qu'il soit tourné vers l'émancipation et la formation des futurs citoyens.
Le lycée, parcoursup, le plan mercredi, les évaluations, les dédoublements...
Sur la réforme du lycée, la FCPE qui s'était prononcée pour la modularisation est plutôt d'accord, mais elle estime que la réforme a été faite "à l'envers", en commençant par le bac. A propos de Parcoursup, elle demande avec l'UNEF et le syndicat des avocats de France la publication des algorithmes mis en place dans les établissements d'enseignement supérieur, mais elle estime que la finalité est, faute de moyens, de "resserrer" l'accès à l'université. "On a trouvé ça très violent" pour les élèves, ajoute la secrétaire générale qui annonce des actions communes avec les syndicats pour le maintien des CIO (centres d'information et d'orientation).
Elle n'est "pas convaincue" par le "plan mercredi" et continue de penser que le retour aux 4 jours est une erreur. Elle demande l'ouverture d'un chantier sur le temps scolaire annuel. La multiplication des évaluations fait entrer "très tôt" les élèves dans la compétition, sans qu'on en comprenne les objectifs, sinon de confier le pilotage pédagogique aux inspecteurs. En seconde, le test de positionnement aura pour effet de "fermer des portes" aux élèves. Quant à l'évaluation des établissements, elle fait dire aux deux responsables qu' "il vaudrait mieux que tous les établissements soient bons".
Le dédoublement des CP et des CE1 est une "très bonne chose pour lutter contre les déterminismes", mais pourquoi ne concerne-t-il qu'un quart des élèves en difficulté, dont beaucoup ne sont pas en éducation prioritaire ? De plus, que se passera-t-il quand ils se retrouveront dans un CE2 à 28. Le ministre dit que c'est "la meilleure réforme sociale qu'il connaisse", la FCPE lui oppose les maternelles à 32 et l'absence de gratuité, notamment des transports et de la cantine.