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Le SNUIPP voit le ministre comme "un homme qui avance tout seul"

Paru dans Scolaire le lundi 27 août 2018.

Les dédoublements de cours préparatoires et de CE1 ont un effet positif sur le climat de classe et sur les apprentissages : c'est le seul satisfecit accordé par le SNUIPP au ministre de l'Education nationale. Le syndicat FSU du 1er degré tenait ce 27 août sa conférence de presse de rentrée, et même sur ce point, il ajoute aussitôt plusieurs bémols : cette mesure ne concerne que 30 % des élèves en difficulté, puisque beaucoup d'autres sont dans des écoles hors éducation prioritaire, faute de moyens elle se fait aux détriments des écoles rurales, des autres classes et du "plus de maître que de classes", faute de locaux, elle s'essouffle, elle ne répond pas aux besoins des élèves en très grande difficulté...

Pour le reste, l'organisation syndicale considère que Jean-Michel Blanquer introduit des "transformations profondes" du système scolaire au moyen de nouveautés certes peu visibles, "subtiles", mais qui tendent à "mettre au pas les enseignants". Elle voit le ministre comme "un homme qui avance tout seul", dont "le paternalisme vire vers le tyrannique", qui pense "savoir mieux que les enseignants" ce qui est bon pour les élèves, qui "organise la défiance", laissant entendre à l'opinion publique que, s'il n'était pas là, les enseignants n'apprendraient pas convenablement à lire aux enfants, ne leur feraient pas faire de dictées, négligeraient le calcul mental...

Sur la lecture, le SNUIPP dénonce une double erreur de diagnostic : "les fragilités ne sont pas dans le décodage, mais dans la compréhension", et "le débat n'est pas pour ou contre la syllabique, tout le monde reconnaît l'importance de l'apprentissage du code, mais si l'apprentissage de la compréhension n'y est pas lié, on perd les élèves". Plus globalement, il critique une logique qui "délaisse une démarche pédagogique intégratrice où les compétences sont mises en cohérence dans un projet porteur de sens, au profit d'enseignements segmentés fondés sur l'entraînement et la répétition de procédures à automatiser".

Des enseignants transformés en exécutants

Autre angle d'attaque, les évaluations "constituées de tests normalisés" qui ont "peu d'intérêt pour les apprentissages" et qui apparaissent "avant tout comme des outils de pilotage du système éducatif, voire de contrôle des pratiques enseignantes", au point que l'un des co-secrétaires généraux du syndicat prédit que "d'ici 5 à 6 ans, le métier aura complètement changé" et que les enseignants seront des exécutants au lieu d'être les concepteurs de leur enseignement. Ils leur indiquent en effet quels sont "les attendus" à chaque stade et comment ils doivent pallier telle ou telle difficulté. Le SNUIPP organise d'ailleurs un colloque sur le thème "enseignants concepteurs ou exécutants". Plus encore, ces tests, qui stressent enseignants et élèves, inscrivent l'école dans la logique du pilotage par les résultats, dont les effets dans les pays anglo-saxons et en Suède ont été très négatifs.

Le syndicat critique également les "ajustements" des programmes, qui "tombent du ciel" et dont "la philosophie" ramène par petites touches à la logique des programmes de 2008, lesquels ont produit, si on en juge les résultats à l'aune de l'enquête PIRLS 2016, "une chute globale" du niveau. Ces retouches mettent d'ailleurs les enseignants en difficulté puisqu'elles contredisent parfois les programmes et la loi de 2013 qui restent en vigueur. Les repères annuels dont on attend la publication, vont d'ailleurs casser la logique de cycle.

Les critiques portent par ailleurs sur le gel du point d'indice et les salaires, le report d'une part de la prime des enseignants en REP avec introduction d'une logique de "salaire au mérite", l'arrêt du recrutement d'enseignants sur listes complémentaires au 1er octobre, ce qui favorise le recrutement de contractuels, et les craintes portent sur la mise à mal de la scolarisation des moins de 3 ans, sur la réforme de la formation initiale, sur un éventuel regroupement des écoles maternelles et élémentaires pour régler la question des directions d'école...

 

 

 

 

Photo : Francette Popineau, co-secrétaire générale du SNUIPP

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