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L’école fait l’impasse sur "l’alphabétisation émotionnelle" (Revue de l’OCCE)

Paru dans Scolaire le mardi 26 juin 2018.

"Oui, l’empathie s’apprend !", affirme Omar Zanna, docteur en sociologie et en psychologie et professeur à l’Université du Maine, en introduction au nouveau dossier de la revue de l’Office central de la coopération à l’école "Animation & éducation" intitulé "Eduquer à l’empathie par le corps". Ce dossier présente les expériences et l’analyse des "mousquetaires de l’empathie" qui ont participé à une formation organisée par l’OCCE en 2016 et 2017 sur le sujet, éclairés par des spécialistes comme Daniel Fabre, professeur en sciences de l’éducation, Catherine Fabre, psychologue clinicienne ou Yves Rossetti, chercheur en neurosciences.

Omar Zanna distingue l’empathie "fermée" et l’empathie "ouverte". Il prévient : "Notre faculté à être en empathie s’oriente d’abord vers ceux qui nous ressemblent, quitte parfois à mettre à distance notre sens moral. Nous serions tous sujets à une forme d’éthnopathie". D’où la nécessité d’une éducation à l’empathie "ouverte" qui est "en mesure de nous enseigner à transcender le quant à soi du groupe d’appartenance sans distinction de couleur, de sexe, de taille, d’apparence, de culture, de langue…".

Repli identitaire

Pour l’auteur, l’empathie fermée "peut être tout aussi délétère qu’une absence d’empathie dans la mesure où elle réserve la part d’humanité aux seuls membres de sa communauté. Ce tropisme est en œuvre en cas de repli identitaire et pis encore en cas de repli religieux dont nous connaissons les effets délétères. Dans ce cas, autrui ne se présente plus alors comme une réalité psycho-physique mais comme un objet parmi d’autres."

Dans le cadre de ses recherches sur la délinquance juvénile, Omar Zanna a pu constater "l’existence de deux comportements constants et réguliers chez ces mineurs : des jeunes qui reconnaissent leurs actes et sont d’accord pour payer leur dette, d’une part ; et, d’autre part, des jeunes qui ne manifestent aucun sentiment de regret suite aux préjudices moraux qu’ils ont causés aux autres". Il s’agit donc de passer de l’empathie fermée à l’empathie ouverte et, pour l’auteur, l’école "fait partie de ces hauts lieux où il est possible de cultiver ce sens de l’autre".

Empathie émotionnelle et cognitive

Omar Zanna insiste sur "la distinction entre empathie émotionnelle et empathie cognitive". Il constate que "le corps et les émotions ont longtemps été considérés comme des éléments perturbateurs du jugement" et que "L’Ecole de la République reste encore peu incline à conjuguer les deux. […] En mettant l’accent quasi exclusivement sur les seules connaissances disciplinaires, l’école fait l’impasse sur ‘l’alphabétisation émotionnelle’ nécessaire au développement de ‘l’intelligence relationnelle ‘, boussole et viatique de la relation aux autres".

"Comment développer l’empathie émotionnelle et cognitive ?", s’interroge Nathalie Canal, animatrice départementale OCCE. "Pourquoi ne pas passer par le corps, ce corps si souvent évoqué au sein du corps enseignant mais pourtant si peu dans les disciplines autre que l’EPS,". Climat de la classe, lien entre la discipline enseignée, la posture des élèves…

"Que serait un cours sans empathie ? Que serait un enseignant qui ne travaillerait pas cette capacité d’empathie chez les élèves ? Un ordinateur !". 

"Eduquer à l’empathie par le corps", Revue Animation & Education, N°264 Mai-Juin 2018, 2,50€.

Colette Pâris

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