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Quelles fonctions pour les inspections générales de l'Education nationale ? (rapport)

Paru dans Scolaire le dimanche 24 juin 2018.

Dans un rapport conjoint, les deux inspections générales de l'Education nationale s'interrogent sur les conditions de "la création d’un seul service d’inspection générale, qui pourrait prendre le nom d’IGENESR (inspection générale de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche) ou d’IGAE (inspection générale de l’action éducative)", mais elles vont plus loin : Pourquoi ne pas envisager la création d'une inspection générale "interministérielle", sur le modèle de l'IGAS, qui regrouperait, outre l'IGEN et l'IGAENR, l’inspection générale des bibliothèques (IGB) et l’inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS), voire l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC)...

En attendant d'aller aussi loin, elles évoquent la nécessité du rapprochement de l'IGEN et de l'IGAENR, du fait de "la remise en question de la traditionnelle opposition entre filière administrative et filière pédagogique qui a longtemps sous-tendu l’organisation de l’éducation". Un recteur, un DASEN, un chef d’établissement scolaire, un président d’université "ont en effet aujourd’hui une double dimension pédagogique et managériale indubitable (...) Il est peu de sujets, concernant l’enseignement scolaire, qui n’aient à la fois une dimension managériale et une dimension pédagogique."

Le fond et la conjoncture

Le rapport évoque une autre tendance de fond : "Plus on déconcentre et plus on accorde d’autonomie aux acteurs locaux, notamment en termes de GRH, plus un système de régulation non fondé sur la norme et faisant une large part aux inspections générales est nécessaire" et cela est d'autant plus vrai que la réforme territoriale et "un rapprochement vers le modèle d’organisation des autres services de l’État" peuvent "offrir des fonctions nouvelles à des inspecteurs généraux dans le cadre des grandes régions académiques".

S'y ajoutent des éléments davantage conjoncturels, "la volonté ministérielle de redonner un rôle à l’IGEN dans la confection des programmes", ainsi que "la limitation du nombre de membres de cabinets à dix" et "l’accélération du rythme des réformes", qui "impliquent une disponibilité et une réactivité accrue pour les inspections générales" tandis que "de nouveaux objets d’investigation sont apparus": les questions de sûreté et de sécurité et le numérique. "Ces nouveaux champs posent des questions complexes en termes de GRH des inspections, de formation des inspecteurs généraux ou de recrutement des profils appropriés."

Les décalages entre les résultats aux examens et les acquis des élèves

Autre sujet d'interrogation, les sujets d'examens. Les inspecteurs généraux y consacrent "une part trop importante de leur temps", mais "aucune évaluation n’est conduite sur la qualité pédagogique" de ces sujets, aucune indication ne remonte "sur la façon dont les candidats ont réussi l’épreuve qu’ils ont passée", "sur les raisons qui peuvent expliquer leur réussite comme leur échec". Il s'agit aussi, ajoutent les rapporteurs d' "évaluer les décalages entre les résultats aux épreuves ou examens certificatifs et les mesures externes des acquis des élèves" et "de renforcer le pouvoir certificatif des examens".

L'IGEN propose la création d’une "agence des examens" qui serait rattachée à l’éducation nationale et à l’enseignement supérieur et qui serait notamment "chargée de l’analyse des sujets donnés et des résultats obtenus par des candidats". Elle évaluerait les attentes des sujets d’examen : sont-elles "appropriées ou non au niveau 'moyen' des élèves" et "en cohérence avec les poursuites d’études".

Quelles inspections ?

Le rapport évoque également "la question de la gestion de carrière des enseignants" qui passe, en France par "l’inspection individuelle" contrairement à "de nombreux autres pays étrangers" où "l’inspection porte un diagnostic global sur la qualité des enseignements comme élément essentiel de la performance des établissements" tandis que "la qualité de chaque enseignant est évaluée par le chef d’établissement". Les rapporteurs décrivent deux autres systèmes, le système anglais où l’Ofsted inspecte l’établissement "selon un cadre formel (...) dans lequel les établissements doivent s’inscrire (...) Il s’agit d’un système top-down, indépendant, transparent, respecté, impactant, fondé sur une approche libérale qui demande à l’établissement de rendre compte au public ou au marché (...). Le deuxième modèle, davantage collaboratif et tourné vers l’amélioration des résultats des établissements et leur accompagnement, a émergé en Écosse (...) Les indicateurs sont moins nombreux, davantage qualitatifs, et peuvent être discutés entre l’évaluateur et l’évalué."

Les auteurs passent également en revue les travaux que l'inspection pourrait mener avec la DEPP [le service statistique de l'Education nationale] sur le climat scolaire, sur les pratiques d’enseignement dans le premier degré, sur la maîtrise de la langue, sur les parcours des élèves, sur l’analyse de situation avec les académies, sur les compétences du XXIème siècle... Ils invitent également à une clarification des rôles avec le conseil scientifique de l’éducation nationale et le Conseil supérieur des programmes.

Le rapport "Quelles évolutions pour les inspections générales des ministères en charge de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et de la recherche ?" est téléchargeable ici

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