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Enseignement professionnel : le SNETAA sonne l'alarme

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 22 mai 2018.
Mots clés : SNETAA, Vivier

"Nous n'en pouvons plus d'être abandonnés par notre administration" s'exclame Pascal Vivier. Le secrétaire général du SNETAA ouvrait, ce 22 mai, le 37ème congrès du syndicat FO de l'enseignement professionnel, à Ronce-les-Bains (Charente). Et si celui-ci est riche de son histoire, il a été créé en 1948, il n'en est pas moins menacé, comme l'est cette voie d'enseignement, comme le sont les systèmes politiques qui refusent le repli sur soi, car tout est lié, s'est-il efforcé de démontrer devant quelque 350 délégués qui l'ont chaleureusement applaudi. 

Il liste les maux et les dangers qui menacent l'enseignement professionnel. Il dénonce les efforts actuels pour redéfinir l'entreprise, "une manœuvre de brouillage pour faire accepter l'inacceptable", et rappelle que les entreprises évoluent dans un marché mondial, alors que "les natlonalismes triomphent partout", aux USA, en Russie, en Turquie, en Pologne, en Grande-Bretagne qui a voté le "Brexit", en Hongrie, Autriche, Italie, en France même où Mme Le Pen menace. Il évoque encore les migrants, et ajoute : "On ne nous donne aucun moyen alors que certaines de nos classes sont composées exclusivement de migrants et qu'il est de notre devoir de nous occuper de ces jeunes."

Des idées toutes faites et souvent fausses sur l'apprentissage 

Pascal Vivier continue avec les évaluations internationales qui nous disent que "notre système scolaire est très malade", mais dénonce "une myriade de réformes" imaginées par "des experts" et promulguées "aux forceps" après "des discussions sans fin", mais inutiles. Sur les poursuites d'études il suggère d'imaginer une licence professionnelle en trois ans, directement accessibles aux bacheliers pro, avec en L2 un diplôme intermédiaire, un BTS. Il demande aussi la création de STS supplémentaires, mais dans les lycées professionnels, et avec des PLP pour enseignants.

Le secrétaire général dénonce "des idées toutes faites et souvent fausses" sur l'apprentissage, et prédit que le gouvernement et le MEDEF "vont se planter", car les entreprises "ne veulent pas des jeunes [du type de ceux] du lycée Gallieni" tandis que "chez nous, on ne trie pas", et parce que le système de financement va provoquer la disparition de "200 CFA". Il s'inquiète de l'offensive menée, notamment par le MEDEF, sur les diplômes, dont l'organisation patronale, fait-il valoir, a inventé "un ersatz" avec "les blocs de compétences". Quant à l'instance créée par le projet de loi porté par Muriel Pénicaud, France Compétence, elle n'existe pas encore mais elle a déjà décidé de sortir le BEP du RNCP (répertoire national des certifications professionnelles). Or le SNETAA s'est battu, y compris contre la CGT, pour "sauver ce diplôme intermédiaire", un acquis aujourd'hui compromis. De même il se bat, et pense avoir été entendu, sur le maintien des PFMP (périodes de formation en milieu professionnel) et il espère l'être pour celui du CAP en 1 an, ou 2 ans, ou 3 ans selon le parcours antérieur des élèves. Il constate à tout le moins que le ministre a retardé l'annonce de sa réforme de l'enseignement professionnel, "parce que nos arguments commencent à faire leur chemin" et que Jean-Michel Blanquer est "plus que gêné aux entournures". "Nous venons de gagner la bataille du temps", ajoute-t-il pour évoquer les reports de cette réforme.

Des élections professionnelles cruciales

Mais une autre bataille attend l'organisation syndicale, les élections professionnelles de décembre. Or le SNETAA, qui comptait quelque 20 000 adhérents en 1992, n'en compte plus que 7 000 "maximum" à présent. Dans certains établissements, le syndicat n'a pas de S1 (de structure locale). Le secrétaire général invite donc chacun à se rendre dans les lycées, et surtout, il les met en garde, ne pas s'aligner sur les minoritaires, se méfier des effets de tribune, des combats menés pour combattre, "sans espoir de victoire". Il plaide pour "le parler vrai", pour les "questions de terrain", et il demande au congrès de voter des mandats qui répondent aux préoccupations des PLP, car il faut "leur parler tel qu'ils veulent qu'on parle d'eux". 

Il semble avoir été entendu. Les 10 membres du bureau national qui sont élus parmi les secrétaires académiques et départementaux [ils sont élus chaque année et siègent avec les 10 membres et le SG, élus pour 4 ans au niveau national] ont, dit-il à ToutEduc, un profil compatible avec la ligne qu'il a défendu à l'occasion de son premier discours de secrétaire général nouvellement élu. A noter que Thierry Henique, trésorier, quitte le bureau national. 

 

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