Scolaire » Actualité

L'immersion virtuelle mais avec des échanges réels peut-elle favoriser le développement de compétences sociolinguistiques ? (recherche action)

Paru dans Scolaire le vendredi 18 mai 2018.

S'immerger, avec des lunettes 3D, dans un monde virtuel paradisiaque (une île déserte, une visite de New-York, l'espace...) mais échanger réellement avec d'autres élèves qui peuvent naviguer dans ces mêmes mondes, au même moment et quelle que soit la distance, telle est la nouvelle méthode que trois enseignantes d'anglais de lycées professionnels de l'académie de Toulouse vont expérimenter durant 3 ans. Ce projet APLIM (Apprentissage d'une langue vivante étrangère par immersion), porté par le rectorat, a été présenté à l'occasion de la journée académique annuelle de l'innovation, organisée ce mercredi 16 mai 2018 par les CARDIE (conseillers académiques en recherche-développement, innovation et expérimentation) au lycée Stéphane Hessel à Toulouse. Si l'expérimentation s'appuie sur un postulat de départ - la réalité virtuelle augmentée par la technologie immersive favoriserait le développement de la compétence sociolinguistique de l'élève -, celle-ci fera l'objet d'un travail de recherche en parallèle. Ce travail sera mené par un doctorant, sous la direction d'André Tricot du laboratoire CLLE (Cognition, langues, langage, ergonomie) de l'université de Toulouse Jean Jaurès. Il s'agira notamment de mesurer les effets de l'immersion virtuelle sur "la focalisation attentionnelle". Les résultats donneront lieu à des publications scientifiques, mais aussi "à des préconisations pédagogiques utiles aux enseignants de langues désireux d'intégrer la réalité virtuelle dans leurs classes, ainsi qu'à la production de ressources pédagogiques".

Deux classes de seconde, du Bac pro Accompagnement, soins et services à la personne (ASSP) du lycée François Camel à Saint-Girons (Ariège), des Bac pro TP (Travaux publics) et TISEC (Technicien en installation de systèmes énergétiques et climatiques) du lycée du Bâtiment de topographie à Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne), et une classe de première Bac pro Accueil - relation clients et usagers (ARCU) du lycée polyvalent Jean-Pierre Vernant à Pins Justaret (Haute-Garonne), ainsi qu'une classe d'un lycée de Stuttgart, en Allemagne, sont concernées par l'expérimentation.

Une approche orientée sur l'action proche et la vie réelle

Objectifs du projet, en finir avec les dialogues inspirés des méthodes des années 80 - "Where is Brian ? - Brian is in the kitchen" -, les "classes autobus", les "méthodes perroquet". Il s'agit aussi, même si d'autres méthodes se sont développées depuis pour améliorer la pratique de l'oral, d'essayer de "faire mieux encore" pour des élèves de lycée professionnel, en s'appuyant notamment sur des outils qui "leur parlent", explique en introduction de la présentation l'une des trois enseignantes engagées dans le projet, Catherine Ercoli.

De l'outil, les enseignantes attendent qu'il suscite une implication plus grande de l'élève dans son apprentissage, de la motivation, de l'engagement cognitif et émotionnel, effets qui pourraient servir de leviers "à l'entraînement des compétences en anglais des élèves, y compris les compétences (inter)culturelle et sociale". En proposant cette immersion, celles-ci disent aussi s'inscrire dans le cadre du CECRL (Cadre européen commun de référence pour les langues) qui préconise une approche orientée sur l'action et la vie réelle et que l'élève soit considéré comme un acteur social, qui effectue des tâches proches de la vie réelle dans des situations de communication concrètes.

15 000 euros de matériel pour chacun des établissements

Le projet, dont CANOPE Occitanie est aussi partenaire, bénéficie d'un soutien financier de la Direction du numérique éducatif (DNE) du ministère de l'Éducation nationale. Il a été retenu comme projet incubateur fin 2017 dans le cadre du programme Numéri'lab. Les trois établissements ont reçu à ce titre, à l'occasion de son lancement officiel le 19 décembre 2017, du matériel pour un montant d'environ 15 000 euros chacun : 4 caméras Samsung Gear 360°, 12 casques Samsung Gear VR 360°, 12 smartphones Samsung S8. Les enseignantes ont bénéficié en début d'année 2018 d'une formation à ces outils et ont commencé des tests et des usages ponctuels en classe, notamment pour cibler les problèmes techniques.

Ce matériel doit permettre aux élèves de communiquer avec leurs correspondants, de travailler sur des projets collaboratifs, de créer des modèles en 3D ainsi que des visites guidées en 360° en joignant la réalité augmentée à la réalité virtuelle et de partager leurs réalisations dans ce même monde. Au lycée de Saint-Girons est par exemple prévu de faire réaliser par les élèves avec les caméras 360°, la visite virtuelle du lycée afin de la partager avec les autres classes, réalisation qui pourra aussi servir de présentation pour les journées portes ouvertes, ainsi que des films sur la ville de Saint-Girons et celle de Saint-Lizier.

Camille Pons

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →