Recommandations de Jean-Michel Blanquer pour l'apprentissage des fondamentaux : le SNUIPP fustige des "recettes simplistes" alors que le SNALC salue des recommandations "inespérées"
Paru dans Scolaire le vendredi 27 avril 2018.
Tentative de mise au pas des enseignants pour le SNUIPP, recommandations inespérées pour le SNALC et le SNE, le guide de 130 pages sur la lecture et les 4 notes de service sur la lecture, la grammaire et le vocabulaire, le calcul et la résolution de problèmes que vient de publier le ministre de l’Éducation nationale à l'attention des enseignants (ici) suscite des réactions très opposées chez ces syndicats qui ont été les premiers à communiquer à ce sujet, ce jeudi 26 avril 2018t.
Pour le SNUIPP, les "conclusions prescriptives" de ce texte portent atteinte à la liberté pédagogique qui "fonde l'enseignant à adapter son enseignement en fonction de sa classe". En outre, elles placent ce dernier face à des injonctions contradictoires, puisque ces prescriptions sont "souvent en contradiction avec celles des programmes", programmes, rappelle le syndicat, qui reposaient pourtant "sur un débat étayé associant chercheurs, praticiens, institutionnels..." À ce titre, le SNUIPP dénonce, en plus d'un acte de "défiance" à l'égard des enseignants de la part du ministre qui se dit être celui de la confiance, "un projet personnel du ministre pour l'école" qui ne se fonde que sur ses convictions et "sur la base de citations [scientifiques, ndlr] isolées de leur contexte".
Un ministre qui "se pose en pédagogue"
"Un excès d'orgueil" du ministre "parce qu'il se pose en grand pédagogue" alors que ce n'est pas "tout à fait sa fonction", résumait à ce titre la co-secrétaire générale du syndicat, Francette Popineau, interviewée par Franceinfo. Elle soulignait surtout que si "le ministre est là évidemment pour donner des directives, des orientations", au départ, celles-ci "doivent être discutées avec le terrain".
À l'opposé, le SNALC et le SNE saluent "un changement de cap majeur" "après des décennies d'errance, de modèles pédagogiques fumeux et contre-productifs et de formations-formatages" et saluent la reconnaissance de "l'importance du code alphabétique, de l'enseignement progressif et structuré de la grammaire, de la 'mémorisation de faits numériques' ou bien encore d'un enseignement explicite de la résolution de problèmes".
Face à ces "recettes simplistes", le syndicat majoritaire du premier degré invite les enseignants à "à continuer d’inscrire leurs pratiques dans le cadre institutionnel prévu par la loi, c’est à dire appliquer les programmes en faisant usage de leur liberté pédagogique et en s’appuyant sur les travaux de toute la recherche", alors que le SNALC et le SNE "souhaitent que la diffusion de ces textes soit la plus large possible, tant en formation initiale qu'en formation continue".
Camille Pons