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Éducation culturelle et artistique : il faut travailler sur des formations communes pour les enseignants, artistes, structures et sur le patrimoine (Emmanuel Ethis)

Paru dans Scolaire, Culture le mercredi 14 mars 2018.

Il faut éduquer "à l'art et par l'art" et développer des projets, en matière d'éducation culturelle et artistique, qui s'appuient sur "trois piliers : les rencontres avec les artistes, les pratiques culturelles, l'acquisition de connaissances relatives aux arts et à la culture". Telles sont les orientations que souhaite encourager Emmanuel Ethis dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par les ministres Jean-Michel Blanquer et Françoise Nyssen en décembre 2017, à l'occasion du renouvellement de son mandat de vice-président du Haut conseil à l'éducation artistique et culturelle (HCEAC), fonction qu'il occupait depuis 2013. Cette mission vise notamment à généraliser l'éducation culturelle et artistique à 100 % des enfants, de la maternelle à l'enseignement supérieur. Il était auditionné ce mercredi 14 mars 2018 par la commission des affaires culturelles et de l'éducation. En effet, constate le recteur de Nice, souvent dans les établissements scolaires, ce ne sont pas ces trois dimensions qui sont développées autour des projets, mais "tantôt seulement les rencontres, tantôt seulement la pratique ou tantôt seulement l'acquisition des connaissances". Or, les projets "doivent développer les trois piliers" et, à ce titre, "les lieux de rencontres et de collaborations restent à construire".

En effet, observe Emmanuel Ethis, introduire des textes de théâtre en première n'a pas fait aller davantage les lycéens au théâtre. Pour lui, il faut aussi aborder la théâtralité. De la même manière on ne peut faire aimer la musique en présentant seulement des partitions. Il s'agit donc de travailler sur "une continuité intersémiotique" et, pour y parvenir, il faut tendre vers une "dynamique de projets communs qui doivent engager tous les partenaires, enseignants, structures culturelles, associations, collectivités, DRAC..." et le développement de formations communes de tous ces acteurs afin qu'ils "partagent des références mais aussi des pratiques communes dans l'apprentissage".

Développer la recherche autour de l'éducation artistique et culturelle

Autre point "essentiel" à développer également, mettre en place "des dispositifs de recherche" et "des thèmes identifiés" dans l'éducation artistique et culturelle, comme cela se fait déjà dans d'autres pays, et développer les expérimentations.

Cette éducation "à l'art et par l'art" est indispensable, selon Emmanuel Ethis, parce qu'elle permet de "comprendre d'autres langages". À ce titre, il cite une figure qu'il juge "emblématique" de cette "émancipation que permet l'art", le dernier gagnant de The Voice, Lisandro Cuxi, arrivé en France à l'âge de neuf ans sans parler le français, avec un léger bégaiement, et qui, aujourd'hui, grâce au chant, manie l'anglais et le français "avec une dextérité sans égale", et "souhaite passer son bac".

Interrogé sur la façon dont on pourrait pallier les inégalités territoriales et termes de moyens, Emmanuel Ethis a invité par ailleurs à d'abord exploiter "l'existant", à l'instar de la mesure qui donne la gratuité pour les moins de 26 ans dans les grands musées de France, mesure dont "l'usage est quasi-nul" constate-t-il. "Il faut déranger les bibliothèques, toucher les livres, fréquenter les monuments", a-t-il déclaré. "Usez-les !". Par ailleurs, si celui-ci reconnaît que les territoires sont inégaux face aux équipements culturels, "il y a toujours un lieu", estime-t-il, qui peut servir l'éducation culturelle et artistique : "patrimonial, écologique, scientifique, culturel...". Il faut "changer le regard sur [les] territoires, [les] quartiers", de façon "positive", estime encore le vice-président du HCEAC.

Ces orientations sont inscrites dans une charte qui a été élaborée à son initiative en 2016, et votée à l'unanimité des membres du Haut Conseil. Cette charte visait à donner une définition de l'éducation culturelle et artistique "claire et compréhensible, sans acronymes", au constat que celle-ci "n'était pas tout à fait stabilisée". Élaborée autour de 10 points, la charte a néanmoins encore une limite, selon le vice-président du HCEAC, elle n'inscrit pas encore cette éducation comme un droit, mais indique qu'elle doit être "accessible". Inscrire l'éducation artistique et culturelle comme un droit est une autre des priorités que le vice-président dit se fixer.

Camille Pons

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