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A quel prix et comment certains pays réussissent-ils le test PISA (2nd épisode: Singapour)

Paru dans Scolaire le lundi 05 mars 2018.

Comment Singapour a-t-elle pu se hisser si haut dans le classement PISA ? Les données statistiques que l'OCDE recueille à chaque édition de son test donnent beaucoup d'informations, mais ne nous disent pas dans quelle culture, dans quelle histoire s'inscrit son système éducatif. D'où l'intérêt du livre reportage de Lucy Crehan, une enseignante anglaise qui a fait le tour des pays qui réussissent, les "Clever Lands". Après la Finlande et le Japon, elle nous emmène donc dans la Ville-Etat qui n'a, pour seule ressource, que sa matière grise.

La compétition y commence très tôt. Pour que son enfant soit inscrit dans la bonne école, les stratégies à mette en oeuvre sont complexes. Le mieux est d'être soi-même un ancien élève de l'école visée, mais à défaut, on peut être un bienfaiteur de cette école, avoir consacré des heures et des heures à ranger les livres de la bibliothèque, ou donné un coup de main à la cantine. C'est que les enjeux sont importants. Le PSLE est l'équivalent de notre ancien examen d'entrée en 6ème. Et à 12 ans, en fonction de leurs résultats, les enfants se retrouvent dans un collège-lycée de très bon niveau, ou un collège de bon niveau, ou un collège de niveau correct, ou un collège technique, ou un collège pré-professionnel. Cela va déterminer toute leur vie, y compris affective. Singapour mise sur une forme d'eugénisme, et le Gouvernement organise lui-même des occasions de rencontre entre jeunes de même niveau, qui auront des enfants de même intelligence !

Une société malthusienne

Résultat, un véritable marché pour les cours particuliers. Même les parents qui voudraient voir leurs enfants échapper à la terrible pression qu'ils subissent, ne peuvent en réalité pas compromettre leur avenir tandis que le niveau d'exigence des examens augmente constamment, dans une société malthusienne. De plus, faute d'un système de retraite efficace, les parents comptent sur leurs enfants pour les aider dans leurs vieux jours, et donc souhaitent qu'ils aient de bons salaires...

Chacun est conscient que cette compétition permanente fait des ravages, mais comment revenir en arrière ? D'autant que les résultats sont là, et que, d'autre part, les écoles qui accueillent les élèves qui ont échoué aux examens sont de qualité et ont, au PISA, des résultats qu'envieraient bien des pays. Outre la culture confucéenne et la valeur donnée au travail, outre l'investissement parental, il faut compter avec un corps enseignant de très haut niveau, même s'il n'est pas toujours issu de la filière la plus prestigieuse, et un système de promotion qui donne aux meilleurs un rôle dans l'accompagnement des plus jeunes. Le partage de ressources pédagogiques est également très développé, ainsi que la formation continue, chacun bénéficiant de 100h par an qu'il utilise en fonction de ses besoins...

Prochaine escale : Shanghaï

"Clever Lands", Lucy Crehan, Unbound, non traduit en français.

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