Voie professionnelle : les premières réactions (SNUEP-FSU, SUD Education, SNETAA)
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 22 février 2018.
"Quasiment l'ensemble des mesures [proposées dans le rapport que Céline Calvez et Régis Marcon viennent de remettre au ministre de l'Education nationale, ici] font des lycées professionnels des "sas" pour préparer les jeunes non pas à un métier mais à entrer en apprentissage", estime le SNUEP. Pour le syndicat FSU de l'enseignement professionnel, le rapport préconise "une transformation d'ampleur" puisqu'il envisage "la mise en place d'une seconde organisée en famille de métiers", à l'issue de laquelle certains opteraient pour l'apprentissage, et qui de plus réduirait d'un an le temps de la formation professionnelle proprement dite : "les lycéen·nes perdront encore une année de formation en Bac pro. On passerait donc d'un bac pro en 3 ans à un bac pro en 2 ans !"
Le SNUEP fait également remarquer que "les jeunes ne passeront plus le CAP ou le BEP comme diplôme intermédiaire". Il considère que ce qui est préconisé "aura des incidences sur l'ensemble de la voie professionnelle scolaire" et met à mal l'équilibre actuel entre enseignements généraux et professionnel. Pour lui, "c'est une véritable dévalorisation de la voie professionnelle qui est en marche". Il participera toutefois "aux concertations", mais "pour porter un projet alternatif".
Pour SUD Education, "l’enseignement professionnel doit rester la prérogative de l’éducation nationale" et si le rapport Calvez-Marcon "contient quelques pistes à creuser", il franchit "de nombreuses lignes rouges". "Repousser la spécialisation à la fin de la 2nde est une bonne chose à condition que cela ne s’accompagne pas d’une orientation précoce au collège" et "surtout, la 2nde ne doit pas devenir un sas vers l’apprentissage", notamment pour les élèves mineurs qui ne devraient pas pouvoir y accéder. D'ailleurs, "l’enseignement professionnel scolaire n’a pas vocation à devenir le filet de rattrapage des élèves qui n’arriveront pas à intégrer l’apprentissage". La fédération "revendique le retour au Bac pro en 4 ans et le maintien d’un CAP en 2 ans", "un socle commun renforcé et un lycée polytechnique permettant la formation dans élèves dans le cadre de l’éducation nationale".
Le SNETAA parle pour sa part d'un "coup de massue". Pour le syndicat FO de l'enseignement professionnel, "si les premières intentions étaient louables, on sait maintenant que le but était (...) de développer l’apprentissage à tout-va" et si quelques-unes des préconisations du rapport peuvent sembler "intéressantes, elles sont noyées dans un flot d’attaques contre tous les fondamentaux de l’enseignement professionnel", mais aussi contre les conventions collectives. Quant au développement de l’apprentissage, depuis Chaban-Delmas en 1972, tous les responsables politiques "se sont plantés", parce qu’ils partent d’un postulat : "l’apprentissage serait salvateur pour tous ces jeunes !"