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Numérique éducatif : les nouvelles orientations de la DNE (Mathieu Jeandron)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 15 février 2018.

Ce sont quatre nouveaux axes qui ont été identifiés par le ministère dans la nouvelle "feuille de route" de la DNE (direction du numérique pour l'éducation), dont celui de "mettre le numérique au service de l'ensemble des réformes en cours", a annoncé Mathieu Jeandron, le directeur du numérique pour l'éducation au ministère de l'Éducation nationale. Celui-ci était auditionné, hier mercredi 14 février 2018, par la mission d'information sur l'école dans la société du numérique (Assemblée nationale). Outre travailler sur la diffusion d'outils qui peuvent accompagner la pédagogie dans les nouveaux CP à 12, outils que pourra mettre en lumière le nouveau Conseil scientifique de l'Éducation, la DNE travaillera également sur les ressources pour accompagner la mise en place de Devoirs faits ou encore à l'élaboration d'un dispositif qui pourra accompagner la mise en place du futur système de notation du baccalauréat. Une première réflexion portera sur la façon dont le numérique peut "garantir une forme d'équité" dans le futur dispositif de contrôle continu qui sera instauré en première et terminale, l'objectif étant de proposer une banque de sujets d'examens et d'éléments "standardisés" dans laquelle les enseignants pourront "piocher". Il s'agira, par ailleurs pour le contrôle final, d'encadrer davantage les corrections : "aider à anonymiser", à répartir de manière électronique les copies "pour qu'il n'y ait pas de biais" et "éviter que ce soit le professeur de l'élève qui corrige".

Cette audition, qui succédait à celle des représentants du réseau Canopé, a également porté sur les nouvelles orientations concernant le numérique en tant qu' "objet d'enseignement" et le travail à mener pour instaurer la "confiance" face à ces nouveaux usages, notamment autour de la protection des données.

Encourager le BYOP pour limiter le coût de renouvellement des équipements

En matière d'équipements, le ministère souhaite privilégier le BYOD (bring your own device, apportez vos appareils personnels), sachant que le taux d'équipements des élèves en smartphones et en tablettes, d'un point de vue personnel, "s'avère très élevé au collège", constate le DNE. Cette orientation doit permettre de répondre à l'obsolescence rapide des équipements nomades et de résoudre le problème économique que pose leur renouvellement. Ainsi, indique Mathieu Jeandron, "une tablette a une durée de vie de 3 à 4 ans. Si nous décidons d'équiper tous les collégiens, cela nous conduirait à renouveler 800 000 tablettes par an, soit, au prix d'une tablette à 300 euros, 240 millions d'euros chaque année". Il s'agit, explique-t-il, de travailler à l'équipement individuel des élèves, mais de façon à ce que ce soit "soutenable".

Le BYOD permettrait également, selon lui, de résoudre la question de l'inégalité des équipements dans les territoires, même si la loi de refondation de 2013 avait "essayé d'éclaircir le sujet en confirmant le rôle des collectivités concernant la maintenance et les équipements".

Il s'agira néanmoins de trouver des dispositifs d'aides pour les familles qui n'ont pas les moyens d'équiper les enfants en smartphones et/ou tablettes, donc de considérer cet équipement comme "une fourniture scolaire, au même titre que la calculatrice ou l'équipement de sport".

Pas d'ENT national

Concernant le très haut débit, le DNE annonce d'autres investissements à venir pour les collèges, alors que seulement un quart en bénéficiait au début du Plan numérique contre 90 % des lycées. Par ailleurs, ces derniers n'ont pas toujours, même avec le très haut débit, les infrastructures adaptées.

Concernant les difficultés d'interopérabilité entre les ENT, Mathieu Jeandron a indiqué que le ministère ne s'orientait pas a priori vers le développement d'un ENT national. Néanmoins, la fusion des Régions devrait permettre, selon lui, d'homogénéiser 13 ENT. Les 90 Départements pourraient de leur côté être encouragés à tendre vers cette homogénéisation via des groupements d'achat.

Le gouvernement ne souhaite pas par ailleurs "assécher" le marché des entreprises qui se sont positionnées sur ces produits. Le développement des ENT "a créé un écosystème d'entreprises françaises qui aujourd'hui exportent à l'international" et il serait "bizarre", estime Mathieu Jeandron, de "tuer cette dynamique".

Un travail avec la CNIL pour proposer une contractualisation "contraignante"

Le rapprochement avec les start-up fait d'ailleurs partie des priorités du ministère qui travaille à les rapprocher d'établissements afin qu'elles puissent tester leurs "idées" et de "développer des prototypes", notamment dans le domaine de l'intelligence artificielle, sous condition "d'avoir des retours d'expériences et d'être en capacité de regarder ce qui se passe". Mathieu Jeandron indique d'ailleurs que, dans le champ de l'IA, va se mettre en place un parcours numérique dédié aux élèves qui arrivent en seconde avec des difficultés en français et en maths, sans avoir validé les compétences dans ces disciplines, afin de leur proposer des parcours permettant "une différenciation pédagogique".

Concernant la protection des données des élèves, qui reste un sujet "compliqué", Mathieu Jeandron signale que la DNE travaille actuellement avec la CNIL sur "un dispositif contraignant de contractualisation" qui imposera "des clauses incontournables" pour accompagner les enseignants dans "leurs initiatives propres", lorsqu'ils s'abonnent à un service. Ces services pourront être identifiés par un "label" ou via un "recensement". Outre "s'assurer de l'innocuité des services", ce modèle permettra de "simplifier les procédures de contractualisation".

Enfin, le DNE indique que la DEPP travaille actuellement, dans le cadre d'un protocole de recherche, sur l'analyse des résultats du Plan numérique sur "la façon de faire le cours" et sur les résultats scolaires, disciplinaires mais aussi transversaux. Une double approche indispensable, selon lui, au vu des études internationales qui "montrent que les résultats ne sont pas liés au nombre de technologies utilisées mais à la transformation de la pédagogie" induite par l'usage de ces technologies.

Camille Pons

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